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DE PHARMACIE

ET

DE CHIMIE.

Chimie.

Comment peut-on reconnaître une potasse falsifiée par de la soude, et déterminer d'une manière simple la proportion de cette dernière? par E.-F. ANTHON, directeur à Weisgrün. (Repertorium für die Pharmacie, 2o série, vol. xxxi, ch. 1, p. 1.)

La question de prix suivante, proposée entre autres sujets par la Société de pharmacie de Paris: « Donner un procėdė facile et commercial pour reconnaitre la présence et la proportion de la soude dans la potasse du commerce,» m'a engagé à entreprendre ce travail.

Pour trouver un procédé de cette nature, propre à faire reconnaître la proportion de soude dans une potasse falsifiée par cet alcali, et qui donnât un résultat satisfaisant sous le rapport de la célérité et de l'exactitude, même entre les mains de personnes étrangères à la chimie, il était, avant tout, nécessaire de soumettre à un examen plus attentif les procédés employés jusqu'à ce jour pour séparer les sels de soude de ceux de potasse.

Un procédé employé ordinairement pour l'analyse, et qui présente aussi l'exactitude nécessaire, est celui de M. Berzélius. Il consiste à transformer les deux alcalis en chlorures métalliques, à faire évaporer jusqu'à siccité, à chauffer dans un

Journ. de Pharm. et de Chim. 3o SERIE. T. V. (Mars 1844.)

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creuset de platine jusqu'au rouge naissant et puis à peser. La masse saline ainsi obtenue doit être mélangée avec 3 3/4 fois son poids de chloride de platine et de sodium cristallisé, que l'on peut remplacer aussi par une dissolution de chloride de platine à laquelle on a ajouté une petite quantité de chlorure de sodium. Il faut ensuite la faire dissoudre dans très-peu d'eau, la faire évaporer presque jusqu'à siccité à une très-douce chaleur, et traiter alors par de l'alcool de 60 pour 100. Le chlorure de sodium s'y dissout ainsi que le chloride de platine et de sodium ajouté en excès, et le chloride de platine et de potassium forme un résidu insoluble, qu'il faut laver sur un filtre avec de l'alcool. Le chloride de platine et de potassium est, après avoir été lavé, entretenu à une très-douce chaleur, jusqu'à ce que plusieurs pesées démontrent qu'il ne diminue plus de poids. La quantité obtenue de chloride de platine et de potassium sert à calculer celle de la potasse ou du chlorure de potassium. Une partie de chloride de platine et de potassium répond à 0,19334 de potasse ou à 0,30565 de chlorure de potassium. On trouve enfin la quantité du chlorure de sodium en retranchant le poids du chlorure de potassium trouvé du poids total des deux chlorures métalliques, et on en déduit alors par le calcul la quantité de soude. Une partie de chlorure de sodium répond à 0,53289 de soude.

Ce procédé n'est pas du tout applicable au but en question, d'abord à cause des frais qu'il nécessite, ensuite parce qu'il exige déjà la main d'un chimiste exercé; mais en outre aussi parce que presque toutes les sortes de potasse contiennent du chlorure de potassium, ou du chlorure de sodium, ou bien les deux chlorures à la fois, et on devrait alors obtenir un résultat plus ou moins inexact suivant la proportion des deux chlorures métalliques contenue dans la potasse, si l'on n'avait pas pris préalablement le soin d'en déterminer la quantité, pour pouvoir la défalquer en dernier lieu.

Ce que j'ai dit suffit bien pour montrer que ce procédé de séparation, quelque valeur qu'il ait du reste, n'est pas applicable au but en question.

Un autre procédé de séparation de la potasse d'avec la soude a été indiqué par Serullas. Il est basé sur la propriété de l'acide

perchlorique de donner avec la potasse une combinaison trèspeu soluble dans l'eau et insoluble dans l'alcool, et avec la soude au contraire une combinaison très-soluble dans l'eau ainsi que dans l'alcool le plus fort. Ordinairement on opère en ajoutant un excès d'acide perchlorique à la dissolution, qui contient les sels de potasse et de soude, et évaporant avec précaution le mélange presque jusqu'à siccité. La masse obtenue est alors traitée par de l'alcool, qui dissout le perchlorate de soude avec l'acide qui était précédemment combiné avec les deux alcalis, dans le cas où l'acide perchlorique ne l'a pas chassé sous forme de gaz, et laisse au contraire le perchlorate de potasse. On calcine alors avec précaution les deux perchlorates, le perchlorate de potasse ainsi que celui de soude, et ils se transforment alors avec dégagement d'oxygène en chlorure de potassium et en chlorure de sodium, qui servent à calculer les quantités de potasse et de soude.

Bien que ce second procédé ne soit pas aussi coûteux que le précédent, les autres objections l'atteignent aussi bien que celui-ci; car non-seulement il exige aussi déja trop d'habileté chimique, mais il donne également un résultat inexact, en ce sens que la potasse du chlorure de potassium et du sulfate de potasse contenus dans la potasse essayée se retrouve dans le résultat, et que par conséquent il faudrait faire une détermination préalable et rigoureuse des impuretés mélangées accidentellement et à dessein avec la potasse.

Tous les réactifs qui sont encore employés pour reconnaître la potasse et la séparer de la soude, tels que les acides tartrique, fluorhydrique silicé, carbo-azotique et le sulfate d'alumine, encourent tous plus ou moins le reproche d'indiquer non-seulement l'alcali combiné avec l'acide carbonique, mais encore celui qui l'est avec les acides sulfurique, chlorhydrique, etc., et de ne pas pouvoir par conséquent donner de résultat exact sans une détermination préalable et minutieuse des mélanges accidentels de la potasse.

Il devait donc plutôt être possible de trouver dans la capacité de saturation de la potasse et de la soude un moyen de résoudre la question posée; car en comparant la capacité de saturation de la potasse avec celle de la soude, nous trouvons une

différence assez considérable. Ainsi, par exemple, 100 grains de carbonate simple de potasse sec exigent pour leur neutralisation 1000 grains d'acide sulfurique pur étendu (pour l'alcalimétrie), qui contient près de 8 1/2 pour 100 d'acide anhydre, tandis que 100 grains de carbonate de soude anhydre exigent près de 15 pour 100 du même acide pour leur neutralisation.

Il suffirait donc d'établir par le calcul un tableau dans la forme suivante pour chaque centième, pour pouvoir, seulement après l'emploi d'un acide d'essai alcalimétrique, obtenir aussitôt l'indication en centièmes de la proportion de soude contenue dans une potasse.

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Bien qu'un pareil tableau puisse servir à faire déterminer avec une exactitude suffisante pour le but en question et trèspromptement la proportion de soude qui pourrait se trouver dans un carbonate de potasse pur, il n'est cependant pas applicable à l'essai des diverses sortes de potasse du commerce, surtout parce que toutes, même sans être falsifiées, contiennent cependant différents mélanges accidentels, tels que du chlorure de sodium, du chlorure de potassium, du sulfate de potasse, de la silice, etc., et qu'ainsi, tant qu'on ne connaît pas la quantité de toutes ces substances réunies et qu'on ne les a pas retranchées du poids de la potasse sèche, on ne peut pas se servir avec clarté du tableau précédent; car, en admettant qu'une potasse contienne, par exemple, 80 pour 100 de carbonate de potasse, 6 7/10 pour 100 d'impuretés accidentelles et 13 3/10 pour 100 de carbonate de soude anhydre, cette potasse devrait,

d'après ce tableau, ètre reconnue pour du carbonate de potasse pur et sec, car les 13 3/10 de soude anhydre qui s'y trouve contenue exigeraient pour leur neutralisation à peu près autant de l'acide d'essai alcalimétrique que 20 de carbonate de potasse

pur et sec.

Mais lors même qu'on voudrait déterminer sommairement au préalable la quantité des impuretés accidentelles de la potasse, les retrancher des 100 grains de potasse et réduire à 100 le nombre obtenu après la neutralisation, on ne pourrait cependant pas s'attendre à un résultat exact, parce qu'on trouve bien rarement dans le commerce une potasse qui ne contienne que du carbonate simple de potasse, sans aucun mélange de potasse caustique libre, ou, ce qui est le plus ordinaire, de sesquicarbonate de potasse, et dans ces deux cas les nombres indiqués dans le tableau ne seraient plus exacts; car si une potasse pure, soumise à l'examen, contenait de la potasse caustique libre, on devrait, après l'emploi de l'acide d'essai, soutenir suivant le tableau précédent, que cette potasse contient de la soude, tandis qu'une autre fois on devrait absoudre de tout reproche de falsification une potasse qui contiendrait beaucoup de sesquicarbonate de potasse et qui ne serait pas mélangée d'une trop grande quantité de soude.

On voit donc que ce tableau ne serait applicable qu'autant qu'on aurait d'abord non-seulement enlevé à la potasse soumise à l'examen tous les mélanges étrangers, à l'exception de la soude, mais encore transformé en carbonate simple l'alcali obtenu fût-ce alors de la potasse seule ou mélangée de soude; mais comme cette opération serait déjà trop difficile et exigerait trop d'habileté chimique, ce mode d'essai pour reconnaître la proportion de soude contenue dans la potasse ne peut pas être admis, au moins comme procédé ordinaire.

La même observation est applicable au cas où on voudrait calculer la proportion de soude contenue dans une potasse par l'augmentation de poids, qui a lieu lorsqu'on expose la potasse humectée à une atmosphère d'acide carbonique jusqu'à ce qu'il n'y ait plus augmentation de poids, ou par la perte de poids que produit l'expulsion de l'acide carbonique de la potasse par un acide plus énergique; en effet ces deux procédés ne pour

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