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nombre ayant regagné la Pologne pour fe fouftraire à ces calamités. Chmelniski faifit cette circonftance; & dans l'efpérance d'obtenir pour les Cofaques des conditions plus avantageuses, il renouvella les conférences avec les hettmans 'de la Pologne. Dès leur ouverture on convint que le traité de Zborov ferviroit de base à celui qu'on fe propofoit de faire. Le traité ayant été dreffé & approuvé des deux parties, il fut queftion de le ratifier. Sobieski & Pototzki se rendirent pour cet effet au camp de Chmelnizki, & celui-ci fe rendit de même au camp 'des Polonois; ainfi la tranquillité fut rétablie (a).

Auffi-tôt que la paix fut conclue, les Polonois prirent leurs quartiers d'hiver dans l'Ukraine; mais ayant caufé plufieurs 'dommages confidérables aux Cofaques, foit ouvertement, foit en fecret, ceux

(a) Le traité fe trouve parmi les Pièces justificatives fous la lettre E.

ci

ci fe plaignirent hautement de Chmelnizki & de sa paix.

Chmelnizki, pour faire ceffer ces plaintes & ces murmures, & pour dédommager en quelque forte les Cofaques, leur permit d'aller s'établir aux environs de Poltava & dans la Grande-Ruffie. C'est

à cette époque qu'ils commencèrent à former des colonies & à fe bâtir plusieurs villes, telles que Sumi, Lebedin, Harkof, Achtieka, &c. avec plufieurs autres bourgs & habitations.

Au printems de cette année, Chmelnizki envoya de nouveau vers Bafile, hofpodar de Moldavie, lui demander sa fille Irène qu'il avoit promise en mariage pour fon fils Timothée, le menaçant de l'y contraindre par la force.

Les Moldaves follicitèrent vivement leur hofpodar à y confentir, pour ne pas voir une feconde fois leur pays expofé au pillage des Cofaques, & firent en même tems les plus grands éloges du jeune Cofaque. L'hofpodar qui ne pouTome II.

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voit fe réfoudre néanmoins à donner fa fille à celui-ci, dépêcha en Pologne une perfonne de confiance pour prier le roi de s'opposer à ce mariage, & de défendre à Chmelnizki de continuer fes poursuites à ce fujet. En conféquence le roi donna ordre à Calinovski, colonel de la Couronne de partir avec fix mille hommes de cavalerie, & trois mille d'infanterie, pour s'opposer à ce que Chmelnizki entrât en Moldavie. Celui-ci écrivit au colonel pour favoir quelles étoient les raifons qu'on pouvoit avoir d'empêcher son fils d'aller chercher fa future épouse; qu'il croyoit le roi fon maître trop équitable pour lui avoir donné des ordres pareils & pour se mêler d'affaires qui ne l'intéreffoient nullement ; qu'il le prioit de ne point s'opposer à sa marche, fans quoi il ne pouvoit pas répondre des événemens. Calinovszki, qui se proposoit de faire épouser lui-même fon fils à la princeffe Irène, demeura ferme. Alors le Cofaque envoya au fils de Calinovski, en

quartier à Neschen, un cheval auquel il avoit fait couper la crinière & la queue, & dont la bride étoit faite du crin de cette crinière ; & il s'avança avec fon. armée du côté de Batora où les Polonois s'étoient poftés. On en vint aux mains, les Polonois périrent prefque tous dans ce combat. On apporta à Chmelnizki la tête du général Calinovski; & quelque tems après, le fils de ce général fe noya près de Bubnovka en tombant d'un pont.

Après cette victoire les Cofaques maf facrèrent tous les ftaroftes & seigneurs polonois qui tomboient entre leurs mains. Chmelnizki fuivi des Tartares s'avança jufqu'à Kaminiek, pour couvrir la frontière de ce côté, & pour donner le tems à fon fils d'aller en Moldavie, tandis que les Tartares fe répandoient dans la Pologne, & y commettoient toutes fortes d'excès.

Le fils de Chmelnizki s'étant rendu avec douze mille Cofaques dans la Mol

davie, l'hofpodar lui donna auffi-tôt la princesse fa fille en mariage; les noces fe firent dans Jaffi, ville capitale, en présence des bojares & aux acclamations de tout le peuple.

Après ce mariage, Chmelnizki envoya un exprès au roi de Pologne, pour se plaindre vivement du hettman Calinovski, qui avec fon corps de troupes s'étoit oppofé au voyage de fon fils en Moldavie. Dieu, difoit-il au roi, ne défend à ses créatures ni l'eau, ni la nourriture convenable mais Calinovski a voulu fe réserver les meilleures fources

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& ne laiffer à mon fils que les mauvaises: cette conduite a irrité celui-ci & tous ceux qui étoient à fa fuite Il finiffoit fa lettre en demandant très-humblement pardon au roi de tout ce qui s'étoit passé, déclarant qu'il n'en étoit point l'auteur. Le roi fans avoir égard à fes excuses, renvoya le député fans lui donner de réponse.

Ces marques de mépris irritèrent Chmel

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