DES JOURNAUX, FRANÇOIS ET ÉTRANGERS. PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS-DE-LETTRES. DEDIÉ A Son Alteffe Séréniffime Monfeigneur le Prince AVRIL, 1790. TOME IV. DIX-NEUVIEME ANNÉE. A PARIS, Chez la veuve VALADE, Imprimeur-Libraire, AVEC APPROBATION at Privilège du Roi. Le prix de la Soufcription de l'Esprit des Journaux pris à Liege & à Bruxelles, eft de 24 liv. argent de Fran ee, pour l'année entiere, que l'on paiera en foufcrivant. Le prix de chaque Volume fera de so fols pour les perfonnes qui n'auront pas foufcrit. On s'adreffera chez J. J. Tutot, Imprimeur Libraire en Vinave d'Ifle, a Liege, & au Chef-Bureau des Poftes Impé. & dans tous les Bureaux des Poftes de l'Allemagne. A Bruxelles, chez Lemaire, Libraire, au Bureau de l'Esprit des Journaux, rue de la Magdelaine ; à Expédition des Gazettes du Bureau général des Poftes des Pays-Bas; chez B. Lefrancq, Libraire, & chez Dujardin, Libraire de LL. AA. RR. au Bureau du Mercure de France. A Amsterdam, chez B. Vlam, D. J. Changuion, A van Harrevelt-Soetens, Thimotheus Van Harrevelt, vis-à-vis le café françois, Dufour, fils, Libraire, dans le Kalveftraat. C. N. Guerin, Lib, dans le Doeleftraat. A Rotterdam, chez Bronkhorft & Hake, Libraires. A La Haye, chez Goffe & Detune, Libraires. A Leyde, chez les freres Murray, Lib. A Prague, chez Wolfgand-Gerle, Libraire. A Vienne, chez Graffer & Guy, Libraires. A Hambourg, chez Ambroise Daclin, & Fauche, fils, Lib. pour le Nord. A Francfort, chez J. P. Streng, Libraire. A Geneve; chez Barde Manget & Compagnie, Lib. pour toute la Suiffe & l'Italie, au prix de 33 liv. ALondres, chez Thomas Hookham, No. 147, New Bond-freet, Corner of Bruton - freet & Bell, Lib. Britannique dans le Strend. A Paris, chez la veuve Valade, Impr.-Libr. rue des Noyers, vis-à-vis Saint-Yves, pour toute la France au prix de 27 liv. pour Paris, & de 33 pour les Pro vinces, rendu franc de port par-tout le Royaume. A Courtray, chez Gambar, fils, Lib. A Nancy, chez Matthieu, Lib. pour toute la Lorraine. On s'adreffera chez les mêmes pour le Nouvellifte Impartial, 52 cahiers de 48 pag. chacun par an, qui paroît réguliérement une fois chaque femaine. La Souf cription eft de 12 liv. de France. On pourra adresser les différentes pieces que l'on défirerait faire paroître dans l'Esprit des Journaux, à Expédition des Gazettes du Bureau général des Poftes des Pays-Bas à Bruxelles ; à Liege, au Chef Bureau des Poftes Impériales. L'ESPRIT DES JOURNAUX. MÉMOIRES, on Effai fur la mufique; par M. GRÉTRY, cenfeur royal, confeiller intime de S. A. C. Mgr. l'évêque-prince de Liege, de l'académie des philharmoniques de Bologne, de la fociété d'Emulation de Liege. 1 vol. in-8vo. de 565 pages; prix, 6 liv. br. A Paris, chez l'auteur, rue Poiffonniere, vis-à-vis la rue Beauregard; Prault, imprimeur du roi, quai des Augustins; à Lyon, chez Grenier, place de la comédie, & chez les marchands de nouveautés. 1790. PEU de grands artistes ont écrit fur leur art, quoique tous aiment à en parler. Peu d'entr'eux fur-tout ont donné des préceptes : ils font trop jaloux de la liberté de leur génie, pour fonger à affervir celui des autres. L'ouvrage de M. Grétry eft bien loin de cette prétention; on voit qu'il ne l'a entrepris que pour se retracer les fouvenirs délicieux que lui donnent les travaux & les fuccès de fon art; il femble ne l'avoir écrit que pour les amis; mais chacun devient celui de M. Grétry en le lifant, ainfi que plufieurs perfonnes ont fouhaité de l'être en écoutant fa mu fique (*). Un grand mérite dans fon ouvrage, c'eft qu'il me fépare point l'hiftoire de fes affections d'avec celle de fes talens. On trouve dans les mémoires particuliers peu de defcriptions plus riantes & plus fraîches que celles qu'il trace de fon enfance ou de fa jeuneffe. Il peint avec le même intérêt les premieres perfécutions qu'il a effuyées, le feu naiffant de fon émulation, la jouiffance de fes premiers fuccès; le bonheur fur-tout qu'ils donnoient au cœur de fes parens, dont il ne prononce le nom qu'avec le plus doux attendriffement. Déja le goût de la mufique avoit paffionné le grand-pere & le pere de M. Grétry, qui, par leurs entours, auroient pu prétendre à des états plus importans aux yeux de la multitude, lorfqu'il naquit à Liege en 1741. Marie-Jeanne Desfoffés, fa mere, peu riche, mais également bien (*) J. J. Rousseau a témoigné ce défir à M. Grétry, fortant de la fausse Magie. née, & fenfible aux charmes de la mufique que lui enfeignoit M. Grétry pere, voulut récompenfer fon maître en lui donnant la main. L'it luftre Grétry fut le fecond fruit de cette union. A quatre ans, il eft déja fenfible au mouvement ou rhythme mufical, & l'on va voir que ce premier inflinct faillit à lui coûter la vie. Il étoit feul le bouillonnement qui fe faifoit dans un pot de fer, tel que celui qui a produit l'air connu de la Polenta, fixe d'abord fon attention; puis il fe met à danfer au bruit de cette elpece de tambour; puis il veut voir comment ce roulis périodique s'opere dans le vafe; il l'ouvre, il le renverfe dans un feu très-ardent de charbon de terre. L'explofion de la marmite renversée eft fi forte, qu'il tombe fuffoqué & brûlé prefque par. tout le corps. Après cet accident, qui lui affoiblit pour toujours la vue, il eft atteint d'une maladie de langueur: fa grand' mere l'emmene avec elle à la campagne, où il fe rétablit en peu de tems, & on l'y laiffe pendant près de deux années, qu'il regarde comme les plus belles de fa vie, par la grande liberté dont on l'y laiffa jouir. Tout être penfeur eft communément tendre: auffi M. Grétry nous apprend-il que, dès l'âge de 6 ans, un fentiment vague, indéfini, mais vainqueur de toutes les autres affections, celui de l'amour enfin fe fait fentir en lui. Il est vrai qu'il fe porta en même tems fur plus d'une perfonne. Déja j'aimois trop, dit-il, pour ofer le dire à aucune d'elles. Sa timidité naturelle retenoit l'aveu de fes tendres défirs, & ce ne fut qu'à 18 ans |