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Adieu, comte; point de rancune; ne nous tracassons plus. J'ai un peu de tort; mais qui n'en a point dans ce monde? Je suis bien aise que vous reveniez pour ma fille. Demandez à M. de C*** combien elle est jolie. Montrez-lui ma lettre, afin qu'il voie que, si je fais les maux, je fais les médecines.

Lettre de J. J. Rousseau à M. Dupeyron.

Je vois avec douleur, cher ami, par notre No 35, que je vous ai écrit des choses déraisonnables dont vous vous tenez offensé. Il faut que vous ayez raison d'en user ainsi, puisque vous êtes de sang-froid en lisant mes lettres, et que je ne le suis guère en les écrivant: ainsi, vous êtes plus en état que moi de voir les choses telles qu'elles sont.

Mais cette considération doit être aussi de votre part une plus grande raison d'indulgence. Ce qu'on écrit dans le trouble ne doit pas être envisagé comme ce qu'on écrit de sang-froid: un dépit outré a pu me laisser échapper des expressions démenties par mon cœur, qui n'eut jamais pour vous que des sentimens honorables.

Au contraire, quoique vos expressions le soient toujours, vos idées souvent ne le sont guère, et voilà ce qui, dans le fort de mes afflictions, a achevé de m'abattre. En me supposant tous les torts dont vous m'avez chargé, il fallait peut-être attendre un autre moment pour me les dire, ou du moins vous résoudre à endurer ce qui pouvait en résulter.

Je ne prétends pas à Dieu ne plaise! m'excuser ici, ni vous charger, mais seulement vous donner des raisons, qui me semblent justes, d'oublier les torts d'un ami dans mon état. Je vous en demande pardon de tout mon cœur; j'ai grand besoin que vous me l'accordiez, et je vous proteste, avec vérité, que je n'ai jamais cessé un seul moment d'avoir pour vous tous les sentimens que j'aurais désiré vous trouver pour moi. Mon tendre attachement et monvrai respect pour vous ne peuvent pas plus sortir de mon cœur que l'amour de la vertu.

FRAGMENS.

Vous ne manquez à rien, divine Pauline, et j'ai bien des pardons à vous demander d'avoir soupconné, comme j'ai fait votre régularité. Je me garderai bien désormais de tomber dans la faute énorme que j'ai commise envers vous; je ne veux point passer auprès de vous pour un petit bon homme épineux, et vous pouvez fort bien m'écrire

à vos points et aisément, comme on dit, et quelquefois même ne me faire aucune réponse, sans que jamais je m'offense, &c.

M. de Coulanges à Madame de Simiane.

Ma main ne vous écrit point, parceque je suis dans mon lit; mais mon cœur vous dit que je vous aimerai toute ma vie, autant que je vous admirerai, &c. Voltaire.

Une maladie de quinze jours, suivie d'un abattement extraordi naire, n'a empêché jusqu'ici de répondre à la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, &c. Rousseau.

Je vous demande pardon, mon cher confrère, d'un si long silence. J'ai fait de petits voyages; mais comme on ne gagne jamais rien de hon à voyager, je suis revenu ici avec un gros rhume, un peu de fièvre et un peu de Goutte. Je n'ai point voulu vous écrire quand j'étais de mauvaise humeur,

Le Cardinal de Bernis à Voltaire.

Je vous avoue que le malentendu qui retient mes lettres me donne une violente inquiétude. J'en ai bien importuné le pauvre d'Hacqueville, et vous même, ma fille. Je m'en repens, et voudrais bien ne l'avoir pas fait; mais je suis naturelle, et quand mon cœur est en presse, je ne puis m'empêcher de me plaindre à ceux que j'aime bien. Il faut pardonner ces sortes de faiblesses, comme disait un jour Madame de la Fayette. A-t-on gagné d'être parfaite? Non, assurément; et si j'avais fait cette gageure j'y aurais bien perdu mon argent. Madame de Sévigné.

Je vous demande pardon, madame, de ne vous avoir pas parlé de votre digne et aimable fils. Mais ce qui est dans le cœur n'est pas toujours au bout de la plume, surtout quand on écrit vite, et qu'on est malade, Voltaire.

Votre lettre et votre procédé généreux, monsieur, sont des preuves que vous n'êtes pas mon ennemi, et votre livre vous faisait soupçonner de l'être. J'aime bien mieux en croire votre lettre que votre livre. C'est de cette retraite que je vous dis sincérèment;-que je vous pardoune très-cordialement de n'avoir pincé; que je suis fâché de yous avoir donné quelques coups d'épingle; que votre procédé me désarme pour jamais; que bouhomie vaut mieux que raillerie ; et que je suis de tout mon cœur, &c, Le même à l'Abbé Trublet.

DES LETTRES DE RECOMMANDATION.

INSTRUCTION.

Les lettres de recommandation sont subordonnées aux circonstances. Elles roulent en général sur le mérite de celui qui en est le

porteur, sur le degré d'intérêt que l'on prend à sa personne, sur la nature des services que l'on sollicite pour lui, sur la reconnaissance que l'on conservera soi-même des bontés dont il aura été l'objet.

Quand la simple politesse les prescrit, elles demandent beaucoup de briéveté: elles doivent être plus détaillées quand c'est le sentiment qui les écrit ; et l'on appuye alors sur ce mot de Cicéron :— Faites qu'il s'apperçoive, à la manière dont il sera reçu de vous, que ma recommandation n'a rien de vulgaire.

On peut ranger parmi les lettres dont nous parlons, celles qui ont pour objet de recommander une affaire, un procès, puisqu'elles ont moins pour motif l'intérêt qu'on prend à la chose, que celui qu'on prend à la personne. Sous ce rapport, le nom qui leur convient le mieux serait celui de lettre de sollicitation; mais n'oubliez pas qu'elles demandent beaucoup de ménagement et de mesure, pour que vous ne paraissiez pas vouloir compromettre la délicatesse ou la justice de celui, à qui elles sont adressées,

MODÈLES.

Lettre de Madame de Sévigné à M. le Comte de Grignan.

Si l'occasion vous vient de rendre quelque service à un gentilhomme de votre pays, qui s'appelle * * *, je vous conjure de le faire; vous ne sauriez me donner une marque plus agréable de votre amitié. Vous m'avez promis un canonicat pour son frère; vous connaissez toute sa famille. Ce pauvre garçon était attaché à M. Fouquet: il a été convaincu d'avoir servi à faire tenir à Madame Fouquet une lettre de son mari: sur cela il a été condamné aux galères pour cinq ans : c'est une chose un peu extraordinaire. Vous savez que c'est un des plus honnêtes garçons qu'on puisse voir, et propre aux galères, comme à prendre la lune avec les dents.

Lettre de Fléchier à M**

Un de nos bons marchands de Nîmes, monsieur, a une affaire devant vous qu'il croit juste, et qui lui est de conséquence. Comme il sait l'amitié que vous avez pour moi, il croit que ma recommandation auprès de vous ne lui sera pas inutile. Je vous prie, monsieur, de lui rendre la justice qu'il vous demande, et de lui faire les grâces qui accompagnent le bon droit, s'il l'a: je vous en serai très-obligé. Je suis, monsieur, &c.

Lettre de M. d'Ussé à J. B. Rousseau.

Le Sieur Leroux-Durant m'écrit pour me prier de vous le recommander, monsieur. Il prétend que j'ai beaucoup de crédit sur vous:

je ne sais s'il ne se trompe pas. Quoiqu'il en soit, je fais ce qu'il souhaite de moi, et je vous prie de vouloir bien lui être favorable en ce qui peut lui être utile. Il a du génie et du talent pour plusieurs choses; je l'ai expérimenté à Ussé, où il a été avec moi assez long-temps pour pouvoir en juger. Je vous serai obligé, monsieur, de l'attention que vous voudrez bien avoir à lui procurer quelque emploi qui le mette plus à son aise qu'il n'est. Je suis persuadé qu'il s'acquitera bien des choses dont vous le chargerez.

Je suis, &c.

Lettre de M. d'Alembert à Voltaire.

Mon cher et illustre confrère, voilà M. le Comte de Valbelle, que vous connaissiez déjà par ses lettres, et que vous serez charmé de connaître par sa personne. Une heure de conversation avec lui vous en dira plus en sa faveur que je ne pourrais vous en écrire. Il a voulu absolument que je lui donnasse une lettre pour vous, quoiqu' assurément il n'en ait pas besoin.

Je vous embrasse de tout mon cœur, et j'envie bien à M. de Valbelle le plaisir qu'il aura de vous voir.

Lettre du même au même.

Cette lettre, mon cher et illustre confrère, vous sera remise par M. Desmarets, homme de mérite et bon philosophe, qui désire de vous rendre hommage en allant en Italie, où il se propose de faire des observations d'histoire naturelle.

Je vous prie de le recevoir et de l'accueillir comme un savant, plein de lumières, et qui est aussi digne qu'empressé de vous voir. Adieu, mon cher et illustre confrère, je vous embrasse de tout mon cœur, et je voudrais bien partager avec M. Desmarets le plaisir qu'il aura de se trouver avec vous.

Lettre de Madame de Simiane à M *

Vous avez eu la bonté, monsieur, de faire espérer l'honneur de votre protection au Sieur Ferrand qui se présente à vous aujourd'hui. Il a une grosse famille de jeunes, jolies, et sages filles; tout cela demande un peu de bien, et il n'en a point: un petit emploi pour voirait à tout; je vous le demande pour lui, et je joins mes prières à celles de M. B * * C'est la mouche du coche, mais n'importe; ma reconnaissance n'en perdra rien de sa force, non plus que tous les sentimens que vous me connaissez pour vous, et que je vous ai voués pour toute ma vie.

Lettre de Madame de Sévigné à sa Fille.

Je vous écris tous les jours: c'est une joie qui me rend très-favorable à tous ceux qui me demandent des lettres. Ils veulent en avoir pour paraître devant vous, et moi je ne demande pas mieux. Celle-ci vous sera rendue par M. de * * *, je veux mourir si je sais son nom, mais enfiu c'est un fort honnête homme qui me paraît avoir de l'esprit, et que nous avons vu ici ensemble. Son visage vous est Pour moi, je n'ai pas eu l'esprit d'appliquer son nom dessus.

connu.

Lettre de Voltaire au Cardinal de Bernis.

Je prends la liberté, monseigneur, de vous présenter un voyageur Génevois digne de toutes les bontés de votre éminence, tout huguenot qu'il est. Sa famille est une des plus anciennes de ce pays, et sa personne une des plus aimables. Il s'appelle M. de Saussure. C'est un des meilleurs physiciens de l'Europe. Sa modestie est égale à son savoir. Il mérite de vous être présenté d'une meilleure main que la mienne. Je me tiens trop heureux de saisir cette occasion de vous renouveler mes hommages et le respect avec lequel j'ai l'honneur d'être,-Monseigneur, de votre éminence, le très-humble, &c.

Lettre de M. le Cardinal de Bernis à Voltaire.

Je ne saurais refuser cette lettre, mon cher et illustre confrère, à deux jeunes officiers Suédois qui ont fait le voyage d'Italie, avec beaucoup d'application et d'intelligence, et qui croiraient n'avoir rien vu si, en retournant dans leur patrie, ils n'avaient pu, au moins un moment, voir et entendre le grand homme de notre siècle. Ils ont cru qu'une lettre de moi serait un passeport pour arriver jusqu'à vous. Je vous prie donc de ne pas vous refuser à leur curiosité, et au désir qu'ils ont de vous présenter un hommage qui n'est pas celui de la flatterie.

Il y a bien long-temps que je n'ai eu de vos nouvelles; je n'en sais que par la renommée: ce n'est pas assez pour mon cœur.

Ne doutez jamais, mon cher confrère, de l'intérêt que je prends à votre santé, à votre conservation, à votre bonheur: je n'ai plus de vœux à faire pour votre gloire. Mon attachement pour vous durera autant que ma vie.

DES LETTRES DE FÉLICITATION.

INSTRUCTION.

Est-il quelqu'un qui ne tienne pas à quelqu'autre par les liens de la parenté, de l'amitié, des services, d'une association quelconque,

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