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du baptême, du bienfait de l'instruction chrétienne, j'étais malade comme tout homme qui vient en ce monde, exalté par l'orgueil naturel dans mon esprit et ma volonté; et mon maître ne crut pas que pour guérir le mal il fallût l'enflammer. Au lieu d'exciter ma raison par l'argumentation, profitant de l'appel intérieur que la soif de la vérité manifestait en moi, il s'adressa à mon intelligence, et par elle il parla à mon âme...; et incliné par la grâce, je m'attachai, par la foi simple, par l'acquiescement et l'adhésion du cœur, à cette vérité que mon intelligence reconnaissait dans la parole sacrée! Ainsi devinrent inutiles toutes ces discussions qui ne satisfont jamais entièrement. Je n'avais point étudié, avant de devenir Chrétien, les preuves de l'Être nécessaire, et je croyais à l'existence de Dieu...; je ne m'étais point appuyé sur les argumens tirés des prophéties pour croire à la promesse du Messie: on ne me laissa point ignorer ces prophéties; mais dès mon enfance j'y avais cru en union avec mes Pères.... Je ne connaissais pas les preuves déduites de l'authenticité de l'Évangile, pour démontrer la divinité de l'Évangile ; j'avais sans doute été frappé du changement opéré dans le monde par la doctrine chrétienne...; mais avant d'être capable de concevoir la vraie cause de ce changement, avant de l'admirer, j'avais cru à la parole de Jésus-Christ; et éclairé sur ma misère, touché par la grâce, j'avais aimé l'homme-Dieu, - j'avais prié.........

Ce ne sont donc ni des erreurs, ni des chimères qui m'ont conduit à l'Évangile et à l'Église; c'est la conviction la plus intime et la plus profonde que l'homme puisse avoir en ce monde, celle que donnent l'action même de la grâce dans

le cœur, et la lumière de la vérité qui féconde l'intelligence. C'est cette conviction du cœur et de l'intelligence, qui m'a arrêté dans la voie périlleuse où je courais; c'est par elle que m'est venue la lumière au milieu de mes ténèbres; c'est

elle qui m'a appris à connaître un Sauveur.... C'est à cette conviction que je dois les momens de calme et de bonheur que j'ai goûtés depuis huit ans; c'est elle encore qui m'a fait porter avec plus de patience les peines qui pendant ce temps m'ont quelquefois traversé. C'est elle qui m'a introduit dans la grande famille catholique, dans l'Église. C'est par elle qu'enfant de l'ancienne alliance, j'ai été amené à devenir ministre de la nouvelle, et prêtre de Jésus-Christ. C'est à elle enfin que je dois d'avoir vu, depuis mon entrée dans l'Église, cinq membres de ma famille, régénérés par l'eau du salut, trouver leur bonheur dans la pratique de l'Évangile, et parmi eux le plus jeune de mes frères, dans l'ardeur et la force de l'âge, et au milieu de l'emportement des passions, revenir des bords de l'Attique où il était allé se dévouer à la cause des Grecs, éclairé, changé par la parole de Jésus-Christ, devenir aussi ministre de la parole divine, et se consacrer tout entier au service et à l'instruction de ses frères. Voilà ce que j'avais besoin de dire, voilà le témoignage ou plutôt l'hommage public que j'avais à rendre à la doctrine qui a fait mon salut, et le bonheur de tant de personnes qui me sont chères.

Puisse cette parole, expression de mon âme, retentir jusqu'à l'âme du prince de l'Église, qui, lors de notre renaissance à la grâce, nous accueillit avec tant de bonté; qui, pendant long-temps, nous honora d'un affection paternelle, à laquelle il nous était si doux de répondre par notre respect filial!

Puisse-t-elle dissiper dans son esprit les impressions funestes des calomnies, par lesquelles on a cherché à rendre notre foi suspecte! Car n'a-t-on point osé dire, ne répète-t-on pas encore sourdement parmi les fidèles; que dis-je? ne prêchet-on pas publiquement que nous, qui avons fait une expérience si miraculeuse de la grâce et de la miséricorde divine, Nous ne croyons pas aux miracles de Jésus-Christ! Eh, qui donc nous a portés à renoncer au monde et à nos avantages dans le monde? Qui nous a tirés des ténèbres où étaient assis nos pères? Qui a déchiré le voile qui pesait sur nos cœurs, sinon la foi que Dieu a misc dans nos âmes, sinon l'amour qu'il nous a donné pour l'Évangile de Jésus-Christ? Et ceux qui ont tout quitté pour l'Évangile ne croiraient pas aux miracles de l'Évangile '? Imputations odieuses, mais plus absurdes encore! - Il nous semblait qu'après huit ans d'épreuve et de pratique chrétienne, nous avions donné assez de marques de notre attachement à l'Église, pour n'avoir plus besoin de justifier notre foi par des paroles....

Néanmoins, tout en déplorant que de si tristes motifs nous y obligent, nous déclarons hautement, nous, descendans d'Abraham, père des croyans, devenus, par une grâce spéciale, enfans de l'Église et prêtres de Jésus-Christ, que nous croyons et professons sans réserve aucune, en union avec notre maître et notre père dans la foi, tout ce que l'Église

'On affecte, pour nous accuser, de confondre les miracles consignés dans les livres saints avec les définitions que les théologiens donnent du miracle. Nous déclarons croire en union avec l'Église tous les miracles évangéliques et apostoliques, tous les faits qu'elle reconnaît comme miraculeux. Quant aux définitions diverses que les théologiens ont données du miracle, définitions sur lesquelles ils ne s'accordent point entre eux, nous les regardons comme des opinions soumises à la critique.

catholique, apostolique et romaine croit et enseigne; que nous repoussons avec elle tout ce qu'elle réprouve et condamne. Heureux de lui appartenir, notre désir le plus intime et le plus vrai est de vivre et de mourir, en la servant, en lui obéissant. Quel que soit le mal qu'un petit nombre d'hommes cherchent à nous faire, sans que nous sachions ce qui peut justifier tant d'animosité, leurs clameurs ne nous étonnent ni ne nous effraient, pas plus que leurs exemples ne nous ont refroidis ou ébranlés. Que le Père des miséricordes daigne, en touchant leur cœur et éclairant leur esprit, dissiper leur aveuglement et leur colère; qu'il daigne en ces temps d'épreuve nous soutenir par sa grâce, afin que nous apprenions à supporter l'injustice, et surtout à la pardonner!

JULES LEWEL, prêtre.

D'UN

PHILOSOPHE CHRÉTIEN.

PREMIÈRE LETTRE.

ADÉODAT AU MAITRE.

TRÈS HONORÉ MAITRE,

Le cours de philosophie que vous donnez en particulier, et auquel vous avez bien voulu nous admettre, mes deux amis et moi, prend un caractère tellement imposant, tellement grave, que nous sentons tous trois le besoin de nous ouvrir à vous, et de vous confier les divers sentimens qui nous agitent. Nous sommes touchés, émus, saisis d'admiration devant les hautes et profondes vérités que votre parole nous dévoile; et si nous sommes interdits et comme effrayés des conséquences qui pourraient résulter d'une entière adhésion de notre part à ces vérités, aucun de nous ne résiste dans son for intérieur à la conviction que votre parole emporte. Permettez donc, très honoré maître, à trois

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