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nom ou comme verbe dans toutes les langues, qu'il en est la condition absolue, il faut que l'idée de l'Étre soit naturelle, innée, essentielle à la créature humaine; et puisque l'homme a la conscience de cette idée, qu'il l'exprime ou la parle en chaque proposition, il faut que son divin idéal, l'Être qui est, se soit manifesté à un homme ou à des hommes, et qu'il leur ait appris lui-même son Nom sacré.

la

Nous estimons fort, et avec raison, la découverte d'une propriété de la matière, celle d'un rapport ou d'une loi générale de la nature. Rappelez-vous le transport d'Archimède découvrant la pesanteur spécifique; les cent boeufs offerts en reconnaissance pour la démonstration du carré de l'hypothénuse. Que sont pourtant ces notions et ces connaissances acquises au moyen de la lumière naturelle et par raison, comparées à une idée, fruit de l'intelligence et de la lumière pure descendant du Ciel pour se donner à l'homme! Une idée conçue par un Voyant et annoncée par la parole, est un bienfait inappréciable pour le monde moral, pour la société, pour toute l'humanité. Renier une idée, la dégrader dans l'esprit de l'homme ou en rejeter l'expression, est un acte de folie, si non un crime; et l'oubli général ou l'extinction totale d'une idée, si cela était possible, serait pour la société une perte telle que rien au monde ne pourrait la compenser. Je dis, si cela était possible; car la doctrine des idées pures est

confiée à l'Église; et l'Église, invariable dans les principes de son enseignement, subsiste et subsistera jusqu'à la fin. Or, voici comment un homme contemplatif, un Apôtre exposa, il y a dix-huit siècles, une idée inconnue jusqu'alors au monde.

«Nous vous annonçons la parole de vie qui était « dès le commencement, que nous avons ouïe, que << nous avons vue de nos yeux, que nous avons re«gardée avec attention. Car la vie même s'est ren« due visible : nous l'avons vue; nous en rendons té<<moignage et nous vous l'annonçons, cette vie éter«nelle qui était dans le Père, et qui s'est montrée à «nous. Nous vous prêchons ce que nous avons ouï, « afin que vous soyez unis avec nous, dans la même «société, et que notre société soit avec le Père, et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous vous écrivons « ceci, afin que votre joie soit pleine et parfaite. Or, «ce que nous avons appris de Jésus-Christ, et ce que <<nous vous enseignons, c'est que Dieu est lumière, « et qu'il n'y a point en lui de ténèbres.» (S. Jean, épit. I.)

Lisez le premier chapitre de l'Évangile du même Apôtre; vous y trouverez la théorie à la fois la plus sublime et la plus profonde de cette lumière divine. Le Verbe, dit-il, était cette vraie lumière renfermant la vie. Et le Verbe a été fait chair : il a habité parmi nous. Si le Verbe est cette vraie lumière qui renferme la vie; et si la Vie, la Lumière, le Verbe s'est

fait chair; s'il a habité parmi les hommes et leur a parlé, sa parole dut communiquer la lumière et la vie à ceux qui la reçurent. Il pouvait donc leur dire: celui qui croit en moi a la vie éternelle.

DIX-SEPTIÈME LETTRE.

ADÉODAT AU MAITRE.

J'avais lu dans le livre des Évangiles les paroles du Christ que vous citez à la fin de votre dernière lettre, mon cher maître; mais je n'avais point vu dans ces paroles le sens que vous y voyez; je ne soupçonnais pas le rapport intime qu'elles paraissent avoir avec certaines vérités philosophiques.

David dit dans le livre des Psaumes, que le Ciel et la terre sont pleins de la gloire de l'Éternel. Si le Verbe est la splendeur de cette gloire, la lumière du monde; si la lumière est le véhicule de la vie en même temps que l'âme de la parole, et si le Verbe s'est fait homme et a parlé aux hommes; je conçois que sa parole a dû féconder tout esprit qui la recevait, et y faire naître les idées les plus pures. Je conçois qu'elle doit encore vivifier dans leur existence spirituelle ceux qui écoutent cette parole et qui y croient. J'en juge analogiquement par l'effet que vos instructions produisent en moi. Combien elles ont

changé ma façon d'être et de voir! Que d'aperçus, que de conceptions nouvelles, que de réminiscences je leur dois! Ne semble-t-il pas, mon cher maître, qu'à mesure que je vous écoute ou vous lis, la lumière qui vous éclaire se réfléchisse dans mon entendement, et que par cette communication votre esprit fasse, dans toute la vérité du terme, alliance avec le mien? Parole de l'alliance, parole de témoignage: que de sens dans ces mots que nous autres Juifs nous répétions, sans nous douter de ce qu'ils expriment! Chose merveilleuse; c'est l'enseignement philosophique qui m'a ramené à la foi de mes pères; et maintenant c'est cette foi qui m'initie aux mystères de la philosophie!

Ce qui me surprend aussi et me touche, c'est la gravité et la simplicité du langage chrétien. Ce langage, nous disiez-vous dans une de vos premières lettres, fera plus d'effet sur votre âme, et imposera même plus à votre raison, qu'une diction brillante et recherchée; et nous éprouvons la vérité de cette assertion. Quand vous nous parliez en philosophe, et dérouliez à nos yeux le tableau du monde et de l'humanité, j'étais ébloui et comme ravi par la magnificence de l'ensemble, par la richesse des couleurs, par le charme de la parole, en même temps que j'étais subjugué par toutes les autorités que vous citiez. Aujourd'hui votre discours nous expose simplement le même tableau, le même monde, mais sous

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