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qui a excité en lui la faim de la justice, la soif de la vérité et de la lumière. C'est ce que vous éprouvez, mon cher Adéodat, ainsi que vos amis; c'est l'effet du rayon céleste qui vous a prévenu, du don de Dieu qui vous a été offert, et que vous avez accepté. Et ce don offert, et cette acceptation libre de votre part ont été aussi nécessaires pour que vous comprissiez les vérités divines qui devaient vous être annoncées, que le sens du verbe être et son expression l'ont été pour l'intelligence de la parole humaine; que l'organe de la vision et la lumière naturelle le sont pour la perception des choses sensibles. Sans ce don de Dieu d'un côté, et sans l'admission libre de la grâce de l'autre, il eût été inutile de vous parler des vérités métaphysiques : vous n'auriez pu les comprendre; pas plus que l'aveugle-né ne comprend l'éclat de la lumière, la beauté des couleurs; pas plus que le sourd de naissance ne saisit l'effet du son et de l'harmonie. Voilà pourquoi je vous recommandais si fort la prière du cœur, l'invocation de la Vérité. J'avais appris par une heureuse expérience que le désir sincère et ardent de la vérité a une grande force pour l'attirer: je savais qu'elle répond à celui qui l'invoque du fond de son âme.

Redisons-le: Le principe objectif de la foi est divin ; il est de Dieu.

Le principe subjectif de la foi réside dans ce qu'il y a en nous de plus simple, de plus profond; c'est à

l'âme, à cette fille du Ciel et de l'éternité que la bonté divine fait sentir son action. C'est l'âme qui reçoit avec la lumière divine la substance de la foi; c'est elle qui goûte la douceur de cette communication, et l'intelligence en réfléchit la vérité et la gloire. Goûtez, est-il dit, et voyez combien le Seigneur est doux ! C'est de l'âme et non de la raison que part la foi.

L'objet et l'aliment de la foi sont les vérités révélées, déposées dans les Écritures, conservées, transmises d'âge en âge, enseignées par l'Église, et que nous apprenons par ses soins, comme l'enfant apprend la langue maternelle dans les bras et sur le sein de sa mère. Cette parole sacrée donne à l'homme la conscience de sa nature véritable. Elle lui révèle son Principe créateur, le Conservateur et le Législateur de son existence; elle lui apprend ce que Dieu est pour lui, et ce qu'il doit à Dieu : et c'est ainsi que le don céleste dispose l'homme à croire que la parole divine lui dit ce qu'il faut croire, et que l'Église lui enseigne comment il faut croire. En d'autres termes, Dieu est l'auteur de la foi; les vérités révélées sont l'objet de notre foi, et l'enseignement de l'Église en est la règle.

La base essentielle de la foi est lumineuse, puisqu'elle est une lumière surnaturelle qui luit dans nos ténèbres. Le sujet qui commence à croire est dans l'obscurité; car ce sujet est l'âme, le foyer de l'être humain; et tout foyer est ténébreux, mystérieux. Comme la colonne qui guidait vos pères dans le dé

sert, la foi aussi a son côté obscur; mais cette obscurité n'est point absolue: la foi n'est point aveugle, comme on le dit, puisque c'est elle, au contraire, qui dessille, purifie et fortifie l'œil intérieur, qui le guérit de l'aveuglement.

Le caractère de la foi, c'est qu'elle est forte, même contre la mort, puisque son principe et son terme sont en Dieu.

L'effet ou la vertu de la foi, c'est de conduire l'homme de clarté en clarté, de certitude en certitude, suivant sa capacité et la pureté de son cœur. « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront « Dieu ! »

"

J'arrive aux textes sacrés qui fondent la foi au mystère de la Sainte-Trinité, et je ne vous en citerai qu'un seul, parce qu'il est le plus positif; car tout le livre des Évangiles affirme Dieu Père, Fils et Esprit. Toute puissance, a dit Jésus-Christ, m'a été donnée dans le Ciel et sur la terre. Allez donc, instruisez «toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du «Fils et du Saint-Esprit.» (Math. 28, 18 et 19.) Les Apôtres ne se montrent point effrayés de cette mission immense; cette formule du baptême ne les étonne

pas,

et elle ne blessait point l'oreille juive. Ce qui révoltait la Synagogue, c'était le témoignage que Jésus de Nazareth rendait de lui-même, se disant le Fils de Dieu, le Messie promis et attendu, leur annonçant qu'ils verraient un jour le Fils de l'homme assis à la

droite de la majesté de Dieu, et venant sur les nuées du Ciel. C'est ce témoignage qu'il rendit de lui-même, en présence du pontife qui l'avait interrogé devant l'assemblée des prêtres, des scribes et des anciens, qui leur parut un blasphème, et qui leur fournit le prétexte qu'ils cherchaient pour demander sa condamnation et sa mort.

Quant à la formule dogmatique, la voici en peu de mots : «Nous adorons, dit l'Église, la Trinité dans «l'Unité, et l'Unité dans la Trinité.

«

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Nous ne confondons point les personnes, ni ne

séparons la substance; car autre est la personne du «Père, autre la personne du Fils, autre la personne « du Saint-Esprit.

«Mais le Père, le Fils et l'Esprit-Saint sont Un en • Divinité, égaux en gloire et en majesté. Et dans cette « Trinité il n'y a rien d'antérieur ou de postérieur, de << plus grand ou de moindre; mais les trois Personnes «sont égales et coéternelles.»>

Remarquez que la profession de foi se trouve dans la première proposition, et que les suivantes tendent à écarter l'erreur ou à prévenir la confusion que l'esprit propre pourrait porter dans l'expression d'une vérité si pure et si sublime. Rappelez-vous aussi que ce qui fait en Dieu les trois personnes, c'est la triple conscience du moi absolu, la conscience de l'Être, de l'Existence et de la Vie absolue; la science absolue que l'Être a de lui-même comme Père, Fils et Esprit.

Je terminerai, mon cher Adéodat, par une parole profonde que Jésus-Christ adressait à ses Apôtres, en plaçant un enfant au milieu d'eux : «Si vous ne deve<<nez comme cet enfant, leur dit-il, vous ne verrez «point le règne de la lumière et de la vérité en vous.»> C'est, qu'en effet nous sommes tous, avec tout notre savoir, comme l'enfant par rapport à ce que nous ignorons, sauf que nos préjugés et nos préventions nous rendent moins dociles que lui. Si donc vous voulez, comme vous le dites, croire catholiquement au mystère de la Sainte-Trinité, croyez-y simplement et non pas parce que le type de ce mystère sacré se montre partout dans la nature; car la nature ne peut dévoiler à vos yeux que ce qu'elle renferme, savoir des mystères naturels. Ce ne serait là après tout qu'une croyance de raison, fondée sur des faits physiques et sur le témoignage de vos sens. Ce n'est point non plus de la connaissance des lois de votre esprit que vous pourrez déduire rigoureusement la vérité du mystère; car des faits humains, si généraux qu'ils soient, n'établissent point d'une manière absolue des vérités divines. Aussi, en vous montrant l'accord parfait des lois de la nature avec le dogme, je n'ai point prétendu vous prouver la vérité du dogme par les réalités de la nature; j'ai voulu vous faire voir comment les choses visibles ont leur fondement dans les choses invisibles, comment les lois du monde servent à constater les lois de l'Éternité. Le Chrétien ne pose pas sa

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