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C'est que «les gentils ont été appelés à la lumière de «la foi et au bienfait de l'Évangile par pure grâce, et «pour être substitués aux Juifs, à cause de l'incrédu– «lité de ceux-ci.... que la gentilité a été entée comme un olivier sauvage sur le franc olivier, dont quelquesunes des branches naturelles ont été retranchées.... <que toutefois ce n'est pas la gentilité qui porte la «racine sainte, mais qu'elle en est portée, et qu'elle participe ainsi à la sève de l'olivier franc........... mais que les branches naturelles rompues ne resteront pas toutes détachées de leur tige; que ceux d'entre «les Juifs qui ne persisteront pas dans leur incrédulité «seront de nouveau entés dans l'Église sur leur propre «tronc.... qu'Israël se rendra, dans ses derniers des«cendans, à la lumière de l'Évangile, alors que la mul<«titude des nations entrera dans l'Église; et que ce sera, pour les derniers de la maison de Jacob, le re«tour de la mort à la vie............ » Et après cette révélation si importante, l'Apôtre s'écrie comme hors de luimême: «O abîme des richesses de la sagesse et de la <science de Dieu! Que ses jugemens sont incompré«hensibles, et ses voies impénétrables...!»

Mon désir en vous exposant tout ceci, mes amis, c'est de vous donner de la religion une idée plus vaste, plus noble et plus juste que celle que vous avez pu vous en former; de vous faire comprendre comment le Christianisme, enté dans toute la vérité du terme sur le Judaïsme mosaïque, ne fait avec celui-ci, qu'une

seule Religion, comme la racine, le tronc et les branches ne font qu'un seul arbre; que cette Religion est aussi ancienne que le monde, puisqu'elle a pris naissance dans le cœur de nos premiers parens, alors que tombés par leur faute sous la puissance de l'auteur du mal, un Rédempteur leur fut promis, et qu'ils reçurent cette promesse avec foi dans leur cœur...... Que la Religion fut dès-lors comme un arbre de vie planté par la main de l'Éternel dans cette vallée de larmes, sur cette terre d'expiation, ou comme un fleuve d'eau vive qui a sa source au ciel, et dont le cours porte l'humanité à travers tous les siècles vers sa destination. Malheur au déiste qui ne voit dans la Religion en général qu'un fait naturel, et dans l'origine du Christianisme qu'un fait fortuit qui pouvait arriver ou n'arriver pas, sans que le sort du genre humain y fût intéressé! Un tel homme n'a qu'un esprit étroit; c'est une âme flétrie par l'orgueil, desséchée par l'incrédulité : il manque d'intelligence, il est incapable de concevoir une idée pure et vaste. L'état de l'homme en ce monde est transitoire : c'est un état de peine, de travaux et d'expiations, une navigation laborieuse et périlleuse. La religion lui est donnée pour l'éclairer, le guider, le fortifier; elle est donnée, et nulle puissance humaine ne peut la détruire; elle est là, en face du croyant qui l'embrasse et se laisse guider par elle, et en face de l'incrédule qui la repousse et lui résiste. Le premier arrive au port, au salut.... conduit par

la religion; le second fait naufrage et périt! Telle est l'histoire du genre humain depuis qu'il existe et se développe sur terre; et tous les sarcasmes, toutes les oppositions, toutes les protestations du monde n'ébranleront point ces vérités.

Vous avez fort bien saisi le sens de la Loi mosaïque, quoique vous n'ayez pu embrasser ce sens dans toute son étendue. Oui, la Judée était l'école primaire ou comme la classe élémentaire de l'élite de l'humanité dans son jeune âge; c'était l'école du peuple de Dieu, dans sa première éducation. Mais la discipline de l'enfance et de l'adolescence, quelque parfaite qu'elle puisse être, ne convient plus au jeune homme. Il faut que le maître change de méthode et de procédés, qu'il propose des objets d'instruction plus relevés, et que sa conduite envers son élève soit autre à mesure que celui-ci avance; autrement l'élève resterait en arrière du temps, il ne serait qu'un vieil enfant. Eh bien! Il en était ainsi de l'humanité représentée par le peuple de Dieu, et qui était arrivée à la perfection de son âge, à la plénitude de sa première période. La législation mosaïque avait eu son plein effet : un nouveau pédagogue était devenu nécessaire, il avait été promis, il était attendu, et il est venu. Ceux qui l'ont reçu et qui se sont soumis à lui ont été émancipés, libérés de la première discipline; ils ont été élevés à un enseignement supérieur et aux prérogatives sublimes que donne cet enseignement; ils ont été admis à la li

berté des enfans de Dieu. Ceux qui ne voyaient rien au-delà de l'enseignement primaire, refusèrent obstinément le nouveau maître et sa doctrine; et l'école du premier âge ayant été dissoute, les écoliers indociles furent chassés, dispersés, et depuis ils errent dans le monde hors de la grande université de l'Église chrétienne. Enfans ignorans et obstinés, ils portent partout leur livre élémentaire; attendant que leur école soit relevée, c'est-à-dire, que l'humanité revienne à son premier âge! Dix-huit siècles de malheur et d'oppression, d'exil et de proscriptions n'ont pu encore les désabuser ou les rendre sages.

Voilà, chers amis, ce que je sentais le besoin de vous dire au sujet du triste tableau que vous m'avez fait de la Synagogue et des Juifs d'aujourd'hui. J'espère que ces vues vous rendront du courage, et qu'en vous montrant plus nettement la cause, la nature et l'étendue du mal qui pèse sur votre race, vous prendrez confiance au médecin qui seul peut opérer votre guérison et vous sauver.

Je répondrai prochainement aux questions importantes que vous m'avez proposées à la fin de votre dernière lettre.

CINQUIÈME LETTRE.

JULIEN AU MAITRE.

MON CHER MAITRE,

J'ai eu connaissance des lettres que notre ami Adéodat vous a adressées, et il m'a communiqué vos réponses. La dernière m'a frappé; elle m'a ému : votre parole pleine de bienveillance et de charité ouvre mon âme. Hélas, nous y sommes si peu habitués!

Vous nous montrez la dignité primitive de la maison d'Israël, et la cause de son abaissement. Vous relevez par là notre courage: car ce que vous nous dites nous rend confiance en la noblesse originelle de notre race et nous donne espoir pour son avenir. Oui, plus que jamais je sens le besoin et le désir de devenir un vrai Israélite, du moins pour la conduite morale, puisqu'il est évident que nous ne pouvons plus l'être selon la loi de Moïse; et c'est à ce sujet que j'ai désiré entrer en rapport direct avec vous, mon cher maître. J'ai besoin de vous parler de mon intérieur, de ce qui regarde plus particulièrement la direction de ma vie ; j'ai à vous consulter sur ma position sociale.

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