pour la construire ou la créer, pour former un système de pensées et de mots, auquel toutes les vérités comme toutes les réalités doivent s'accommoder. C'est Aristote qui a réduit en théorie cette malheureuse dialectique dont les sophistes anciens avaient fait un si pernicieux abus, et qui est encore si fort en vénération de nos jours. Ce n'est cependant autre chose qu'une arithmétique rationnelle, dont les nombres, ou plutôt les chiffres qui doivent les représenter, étant donnés, on les combine sans jamais s'enquérir de leur valeur intrinsèque, des lois et des conditions qui régissent leur arrangement. Voilà où en était réduite en Occident la philosophie, la science de l'homme! Elle était devenue un jeu de l'esprit et de la pensée, un exercice de gymnastique ou d'escrime, une logomachie, une vaine sophistique en un mot; et partout où la doctrine d'Aristote a prédominé, chez les anciens comme chez les modernes, dans les écoles païennes, comme dans les écoles chrétiennes, nous retrouvons les mêmes résultats. Elle isole l'homme du Ciel, le soustrait aux inspirations sublimes, obscurcit l'intelligence, rétrécit l'horizon intellectuel, empêche le génie de prendre l'essor, si elle ne le tue, et va fatalement aboutir au panthéisme systématique, où l'homme, croyant participer par droit de nature à la raison universelle, croit aussi qu'il ne dépend que de lui de tout savoir; ou bien elle trouve son terme dans le Criticisme, dont le dernier mot est que l'homme ne sait rien, qu'il ne peut rien savoir; et qui ne lui laisse avec le doute universel que le dégoût de la science et le désespoir! FIN DU PREMIER VOLUME. Adéodat expose, en son nom et au nom de ses amis, C'est la vérité qui a touché le cœur de ses disciples. Cette vérité présentée sous la forme philosophique est la même que celle annoncée l'Évangile. Pour être bien comprise, elle demande à être réalisée dans la vie. Qu'Adéodat et ses amis de- TROISIÈME LETTRE. Adéodat et ses amis ont voulu se conformer au conseil qui leur a été donné; mais ils ont reconnu l'impossibi- lité de redevenir complètement de vrais Israélites. La loi de Moïse est impraticable depuis la destruction de Jérusalem et la dispersion de la nation Juive. Le Ju- daïsme rabbinique leur répugne. Ils se sentent attirés vers le Christianisme; mais plusieurs points de sa doc- trine leur paraissent obscurs et même contraires à la raison; ce sont principalement : l'Autorité qui sert Le Judaïsme rabbinique n'est plus en effet que la forme morte du Judaïsme mosaïque, qui a été le fonde- ment posé par Dieu même pour servir de base à l'édifice chrétien. La religion chrétienne n'est que le complé- Page. |