plaire, & de ne faire volonté. Pour la crainte de fes pas f châtimens, elle eft utile aux hommes égarez de la bonne voye, parce qu'elle fait le cor trepoids de leurs paffions, & qu'elle fert à reprimer les vi ces; mais enfin cette craint n'eft bonne qu'autant qu'ellele veles obftacles, & qu'en les le vant, elle prépare à l'amour. n'y a point d'homme fur late re qui voulût être craint fes enfans, fans en être aime la crainte feule des punition n'eft point ce qui peut entra ner un cœur libre & genereux Quand on ne pratique les ver tus que par cette feule crair te, fans avoir aucun amour d vrai bien, on ne les pratiqu que pour éviter la fouffrance & par confequent fi on pouve éviter la punition, en fe difpen fant de pratiquer les vertus, on ne les pratiqueroit point. Non feulement il n'y a point de pere qui veuille être honoré ainsi, ni d'ami qui veuille donner le nom d'amis à ceux qui ne tiendroient à lui que par de tels liens; mais encore il n'y a point de maître qui voulût ni recompenser des domestiques, ni s'affectionner pour eux, ni les choifir pour fon fervice, s'il les voyoit attachez à lui par la feule crainte, fans aucun fentiment de bonne volonté : à plus forte raifon doit-on croire que le Dieu qui ne nous a fait capables d'intelligence & d'amour que pour être connu & aimé de nous ne fe contente pas · d'une crainte fervile, & veut que l'amour qui vient de lui comme de fa fource, retourne à lui comme à fa fin. , Je comprends même qu'il ne fuffit pas d'aimer ce Dieu, com me nous aimons toutes les cho: fes qui nous font commodes & utiles, il ne s'agit pas de le met tre à notre usage, & de le rap porter à nous; il faut au cor traire nous rapporter entiere ment à lui feul, ne voulant not propre bien que par le feul me tif de fa gloire & de la confo: mité à fa volonté & à son ordre, 221 LETTRE SUR L'IDE'E DE L'INFINI, ET SUR LA LIBERTE' DE DIEU de créer ou ne pas créer. UOIQUE nous n'ayons jamais eu, MONSIEUR, aucune occafion vous & moi de nous voir & de nous connoître, je fuis prévenu d'une véritable eftime pour vous par la lettre que vous m'avez fait la grace de m'écrire. Je ferois ravi d'y pouvoir répondre d'une manière qui vous fatisfît; mais je n'ofegueres l'efperer par la difficulté des matieres dont il s'agit, & par le peu de tems que j'ai pour m'y appliquer. Avant que d'entrer dans vos questions, agréez, s'il vous plaît, que je vous expofe mes vûës générales fur la Philofophie; elles ne feront peut-être pas inutiles pour l'é clairciffement des questions propofées. dés Je commence, MONSIEUR, par m'arrêter tout court en matiere de Philosophie que je trouve une vérité de foi qui contredit quelque pensée philofophique, que je fuis tente de fuivre. Je préfere fans héfiter la raifon de Dieu à la mienne, & le meilleur ufage que je puiffe faire de ma foible lumie re, eft de la facrifier à fon autorité. Ainfi fans m'écouter |