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c'est

Les Japonais, qui ont consacré plusieurs animaux, comme les Egyptiens, et dont le culte est également symbolique, honorent spécialement le chien, et ils n'ont point encore oublié l'origine astronomique de ce culte. Ils disent que parce qu'un de leurs empereurs est né sous la constellation du chien, tradition sans doute défigurée, mais qui renferme le germe de l'institution primitive. Chaque rue contribue à l'entretien de ces animaux : s'ils sont malades, on doit leur porter des secours dans les loges qui leur sont destinées; s'ils meurent, on les enterre sur les montagnes et dans les lieux affectés à la sépulture des hommes ; il n'est pas permis de les maltraiter. On sait que le respect des Egyptiens pour cet animal allait aussi loin, et qu'il n'eût pas été sûr de tuer un chien. Il y eut des guerres de religion en Egypte pour un chien tué. Comme les Japonais, les Egyptiens nourrissaient des chiens aux frais de l'Etat, et prenaient le deuil 2 quand le chien sacré était mort. Ce chien n'était autre chose que l'image d'Anubis ou du génie céleste qui siégeait dans la constellation du grand chien. Il y a beaucoup d'apparence que le culte du chien au Japon avait la même origine.

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L'auteur de l'Alcoran parle du culte idolâtrique qui existait avant le prétendu déluge de Noé. Parmi les idoles des différentes divinités, il en est quatre ou cinq qui portent le nom de constellations

1 Contant d'Orv., t. 1, p. 262. 3 Ælian. de Anim., l. 10, c. 47. Azoara, l. 81.

2 Diod., 1. I P. 76.4 Selden. Proleg,, p. 46.

(rès-connues chez les Orientaux, telles

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que Nesra, ou l'aigle; Aiyûk, ou la chèvre; Yagutho, ou les pleïades; et Suvvaha, ou Al-Hauwa, le serpentaire. On retrouve tous ces noms dans le coinmentaire de M. Hyde, sur les tables astronomiques de Ulugh-Beigh, prince tartare. Ce sont des monumens du culte idolâtrique des Sabéens, qui, au - rapport d'Abulfarage', se faisaient des idoles à la ressemblance des substances célestes et des astres dont ces idoles recevaient les influences. Les Egyptiens avaient été, suivant Maimonides que nous avons déjà cité, les auteurs de ce culte idolâtrique rendu aux images des astres ; ce qui s'ac corde bien avec ce que dit Lucien *, que les animaux sacrés de l'Egypte n'étaient que les images vivantes des astres. Ceux à qui le culte des animaux déplut, préférèrent les images de métal, de pierre ou de bois ; mais elles n'en représentaient pas moins les astres, et elles étaient censées, par leurs consécrations, propres à recevoir les influences des corps célestes de cette espèce étaient les idoles de Nesera, d'Yagutho, d'Aiyûk et de Suvvaha, nommées par l'auteur de l'Alcoran, dont Selden 5 a rapporté le passage.

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Nous trouvons d'autres statues ou d'autres images des astres dont les rapports avec les corps céles tes ne sont susceptibles d'aucune équivoque : telles

1 Abulf. Hist. Dyn., p. 2.— 2 Hyd. Rel. Pers., p. 88.- 3 Maimonid., part. 3, c. 38, p. 425 ; et More Isaac, 1. 2, c. 6. Apud OEdip. Kirker, t. 1, p. 172. 4 Lucian. de Astrol., p. 686.5 Seld. Proleg., p. 47.

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sont ces figures, dont le front est surmonté du croissant de la lune, et dont la tête est ornée des rayons du soleil, ou décorée d'un bonnet semé d'étoiles, ou surmontée d'une seule étoile. Ces figures ne laissent pas de se rencontrer en très-grand nombre dans les monumens anciens, surtout celles dont le croissant ou des rayons solaires forment la parure, et on ne peut s'empêcher d'y reconnaître les traces de la religion universelle, dont nous recueillons ici les vestiges, comme autant de preuves de l'universalité du culte rendu à la Nature. Ailleurs, c'est un globe qui repose sur la tête de ces images, comme sur celle d'Atlas. Porphire' nous dit que les Egyptiens représentaient le Dieu-monde ou l'Univers sous la figure d'un homme debout, revêtu, des épaules aux pieds, d'un magnifique manteau nuancé de mille couleurs, et soutenant de sa tête un immense globe. Souvent ces figures symboliques foulaient aux pieds le globe de l'Univers, ou le tenaient dans leur main.

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M. Hyde observe de Tharé, père d'Abraham, dont le Sabisme était la religion, qu'il était un artiste célèbre, qui faisait métier de sculpter des idoles 2; et qu'il n'était pas donné à tout le monde d'exercer cette profession, parce qu'il fallait pour cela connaître parfaitement toutes les parties de l'astrologie; ce qui s'accorde bien avec ce que dit Synésius sur la science des prêtres égyptiens,

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chargés de composer les figures représentatives de leurs divinités. Joignons-y aussi le passage de Chérémon, qui, après nous avoir dit que les Egyptiens ne connaissaient d'autres Dieux que le soleil, la lune, les planètes, les signes du zodiaque, les décans, et en général tout le système céleste qui règle la fatalité, ajoute que c'était là-dessus que roulaient leurs fables sacrées, et que c'était là ce qu'ils représentaient dans leurs temples 1 par leurs statues, et par tout l'appareil de leur culte.

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La défense faite par Moïse au peuple juif d'adorer le soleil, la lune et toute la milice céleste, ne se trouve liée à celle qu'il leur fait également d'adorer des représentations d'animaux, d'hommes, de quadrupèdes, de reptiles et d'oiseaux, que parce que ces deux cultes étaient intimement liés entre eux, comme l'être adoré l'est à son image, soit naturelle, soit symbolique. C'était le culte égyptien principalement que Moïse avait en vue.

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C'était à l'imitation du culte idolâtrique de l'Orient, et surtout de l'Egypte, que les Grecs d'Ionie, au rapport de Cédrénus 3, consacrèrent des simulacres au soleil, à la lune, et aux corps célestes, par qui ils supposaient que toute la Nature sublunaire était gouvernée, suivant les rapports que les planètes avaient avec les autres astres dans le cours de leur révolution. De là dépendaient la naissance et l'accroissement de tous les corps, ainsi que toutes

1 Euseb. Præp. ev., 1. 3, c. 4, p. 92, 3 Cedren., p. 46.

2 Deuteron., c. 4.

les variations de l'air qui influent si fort sur la végétation universelle.

Athanase', après avoir décrit toutes les absurdités prétendues des fables sacrées des anciens et la monstruosité de leurs idoles, convient que leurs plus savans auteurs assuraient que tout le culte idolâtrique s'adressait au soleil, à la lune, aux élémens, et à toutes les parties de la Nature, auxquelles, disent-ils, on ne peut contester d'être des causes éternelles et divines, douées de vie et de raison et d'une nature supérieure à celle de l'homme, et conséquemment d'être des Dieux, suivant la définition que nous avons donnée de ce mot au commencement de cet ouvrage.

Un des savans les plus instruits chez les Romains, Varron 2, prétend que ces simulacres et ces idoles, que l'antiquité avait consacrés, n'étaient qu'un moyen de réveiller dans l'esprit des peuples des idées plus relevées, et qui tenaient à l'ordre physique du Monde, et de l'élever jusqu'à la contemplation de l'âme du monde et de ses parties, c'està-dire à la contemplation des véritables Dieux. On sait d'ailleurs que toutes les explications de Varron sont tirées de la physique, et qu'il rapporte tous les Dieux à la Nature et à ses parties; conséquemment il ne devait voir dans leurs idoles que le images des êtres physiques.

Simplicius prétend que tous les temples, le

↑ Athanas. Contr. Gent. p. 28. 2 August. de Civ. Dei 1. 7, c. 5. Si mplic. in Aristotel., de Coel., p. 32.

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