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Le champ des cieux était représenté par une vaste arène consacrée au soleil, qui y avait au milieu son temple surmonté de son image'. On donna à cette enceinte le nom de cirque, plutôt à cause de sa forme qu'à cause de Circé, fille du soleil, à qui on faisait honneur de l'invention de ces sortes de jeux; car l'histoire de Circé n'est elle-même qu'une allégorie astronomique.

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Les Romains, de l'aveu d'Isidore de Séville, convenaient que ces jeux, et tout ce qui y servait, devaient se rapporter à la Nature et à ses agens, ou aux causes du monde, c'est-à-dire aux parties du monde qui font la fonction de causes. Les limites de la course du soleil, l'orient et l'occident, y étaient représentées par les termes ou limites extrêmes du cirque, où étaient les bornes. Au milieu du cirque s'élevait l'obélisque, que sa forme, comme nous l'avons déjà dit avait fait consacrer au soleil. Mesphrès, roi d'Égypte, passait pour être le premier qui eût consacré à cet astre de semblables monumens. Le sommet de l'obélisque* désignait la hauteur des cieux, le point culminant où arrive cet astre au milieu de sa course; sa position au milieu du cirque, à une distance égale des deux bornes qui figuraient le levant et le couchant, représentait le milieu de cette course; et l'espèce de flamme en or, posée sur le faîte de l'obélisque, désignait la nature du feu et de la chaleur que donne

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Les conducteurs des chars étaient habillés de couleurs relatives à la teinte des élémens.

Le char du soleil était attelé de quatre chevaux, qui représentaient les quatre saisons et les quatre élémens que le soleil modifie par sa révolution annuelle', et dont la teinte variée était appliquée aux chevaux, qui imitaient chacun par leur couleur un de ces élémens, et celle de la terre dans les quatre

saisons.

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Nous voyons dans Martian us Capella 3 cette teinte de la lumière et de la terre, durant les douze mois, représentée par douze pierres de couleurs différentes, à peu près les mêmes que celles du rational du grand-prêtre, et conséquemment que celles des douze fondemens de la ville sainte de l'Apocalypse, et ayant le même objet, savoir, d'imiter la teinte de la Nature, durant la révolution solaire par ses douze signes. Les planètes avaient aussi leurs couleurs, ainsi que les Zéphyres, Flore, la terre, Iris ou l'arcen-ciel; on chercha à les imiter toutes par des couleurs analogues. Ainsi nous avons vu que les Juifs* dans les différentes couleurs qu'ils avaient données aux voiles du tabernacle, et à la tunique du souverain sacrificateur, avaient cherché également à imiter la teinte des élémens. Isidore conclut avec raison de tout cela, que les élémens et les astres, qu'on cherchait à imiter, étaient honorés comme

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1 Isidor. Orig., l. 16, c. 30. 2 Ibid., c. 38.. 3 Mart. Capell. de Nuptiis Philolog.-Voyez ci-dessus p. 142. Joseph Antiq. 1. 3, c. 8.6 Isid., loc. cit., c. 38.

Dieux dans cette cérémonie. Il y voit une invention du diable, et nous un monument savant de l'ancienne religion, ou plutôt de la religion universelle du monde, dont la Nature fut l'unique divinité, sous quelque forme qu'elle ait été travestie.

Les courses s'y faisaient d'orient en occident ', et il y avait sept tours à faire, dit Isidore, à cause des sept planètes qui gouvernent toute la Na

ture.

Le char affecté à la lune était conduit par deux chevaux seulement, conformément au génie des anciens poètes et des peintres qui donnaient au soleil quatre chevaux, et deux seulement à la lune ". Jupiter en avait six, les dieux inférieurs trois; la planète de Vénus, qui préside au crépuscule du matin et du soir, eut aussi ses coursiers et ses

coureurs.

Ces combats furent inventés, dit l'auteur de la chronique d'Alexandrie, pour représenter l'harmonie de l'univers, du ciel, de la terre, de la

mer.

On figurait le zodiaque par douze portes. Cet emblême de porte était consacré dans l'antre de Mithra, pour désigner les sphères. L'auteur de l'Apocalypse parle aussi des portes du ciel. Le capricorne et le cancer " étaient les deux portes du soleil; il n'est donc point étonnant que, dans le

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3 Chronic.,

1 Joseph. Antiq., c. 34, 37.- 2 Ibid., c. 33. 4 Orig. Contr. Cels., l. 5, p. 298. 5 Apocalyp.,

P. 26:..

c. 4.

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Nymp.

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6 Macrob. Som. Scip., l. 1, c. 12. Porphyr. de Antr

cirque, on ait représenté les maisons du soleil, ou les douze signes, par douze portes du zodiaque, dont l'influence, dit la Chronique' règle la terre, la mer et la vie des hommes. Les sept espaces représentaient la course et la révolution des astres qui roulent dans ce même zodiaque. On y figurait aussi le mouvement des étoiles circompolaires ou de l'ourse, dont le temple de Jérusalem', suivant Clément d'Alexandrie, retraçait aussi l'image. Nous avons parlé plus haut du rôle important qu'a joué cette constellation dans toutes les anciennes religions3.

On pourrait en dire autant de la constellation du cocher céleste, placée sur l'équinoxe de printemps, laquelle, par son lever héliaque, au moment où le soleil arrivait aux pleïades, près du taureau, annonçait le commencement de la révolution annuelle du soleil. Il est fameux dans la mythologie, sous le nom de Phaéton, conducteur du char du soleil ; sous celui de Myrtile, suivant d'autres; d'Absyrthe, cocher d'OEnomaüs, dont on voyait le tombeau en Arcadie, pays qui fut, comme nous l'avons dit, le berceau du culte des premiers Romains. Ce fut à cet OEnomaüs, roi de Pise, que les traditions grecques et romaines attribuèrent la première institution de ces fêtes solaires en Europe, dans le Péloponèse, d'où étaient partis ces Arcadiens qui vinrent s'établir en Italie dans les

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2 Clem.

1 Chronic., p. 261, etc. Cedren., p. 147, 169. Stromat., 1. 5.. 3 V. ci-dessus, p. 159, etc. 4 Paus. Arcad., p. 249.5 Chronic., ibid., p. 261.

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lieux où Rome fut depuis bâtie. Il les institua, dit l'auteur de la Chronique, au mois de mars, ou Xithrus, c'est-à-dire sous le signe d'Aries, à cause de l'exaltation du soleil, que l'on célébrait dans cette fête. Nous avons vu plus haut ' que toutes les fêtes des planètes, chez les Sabéens, avaient été fixées à l'époque de leur arrivée au lieu de leur exaltation: ceci en est une nouvelle preuve. On donnait à cet OEnomaüs, pour femme, Stéropé, une des Atlantides ou des pleïades, avec lesquelles le soleil se trouvait alors en conjonction, au moment où il entrait dans sa nouvelle carrière. On donnait au char d'OEnomaüs quatre chevaux, comme à celui du soleil; et Myrtile, ou le cocher céleste, était représenté en Élide devant

ce char 5.

Dans les fêtes du cirque, tout était personnifié : la mer, la terre, Neptune, Cérès, et les autres élémens, étaient représentés par des acteurs qui y combattaient: ce qui nous conduit à croire qu'OEnomaüs lui-même ne fut qu'un de ces êtres personnifiés, comme l'était elle-même la belle constellation du cocher métamorphosée en cocher d'OEno

maüs.

On dit d'Onomaüs, qu'il tirait au sort avec un étranger quelconque le rôle qu'il devait jouer; et lorsque le sort lui faisait tomber le rôle de Neptune, il prenait un habit couleur vert de mer, son

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1 Voyez ci-dessus, p. 204 et 205. 2 Paus. Eliac. I, p. 157. Ov. Trist. Eleg. 10, v. 14. 3 Ibid., p. 157. 4 Chronic,

p. 261, etc.

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