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lemont Helanus. Une multitude de paysans s'assemblaient tous les ans auprès du lac, et lui faisaient des offrandes, en jetant dans ses eaux du pain, de la cire, et des étoffes, etc. Ils célébraient cette fête pendant trois jours.

On rencontre dans plusieurs endroits de la Gaule des monumens du culte Egyptien, ou du culte d'Isis, qui, comme nous l'avons vu, est tout entier relatif à la Nature. Il est vrai que la religion des Druïdes avait une forme plus savante que celle des nations germaniques, et qu'il est plus difficile de faire remarquer ses rapports avec la Nature; mais comme toutes ces divinités, telles que Mars-Hesus, Dispater ou Pluton, Vulcain, Jupiter, leur sont communes avec les Grecs et avec les Romains, il s'ensuit que tout ce que nous avons dit des divinités Grecques et Romaines doit s'appliquer aux divinités Gauloises, qui ontles mêmes caractères, et que les Romains ont cru reconnaître pour leurs Dieux. Dans le monument trouvé à Notre-Dame au commencement de ce siècle', et gravé dans les mé– moires de l'Académie des inscriptions, on voit Jupiter, Vulcain, Castor et Pollux, divinités Grecques et Romaines. L'Esus Gaulois ou Mars y est aussi représenté, tel à peu près que le Dieu tutélaire du mois de Mars, qui est encore sur le portail, à côté des tableaux des douze signes et des douze mois qu'on y a sculptés. D'après tous les témoignages que nous venons de rapporter, nous conclurons

1 En 1726.

avec M. Hyde', que le Sabisme n'a pas été renfermé en Orient, mais qu'il s'est répandu dans tout l'Occident, et qu'il a fait le fond de la religion des anciennes nations Européennes, de celle des Teutons, des Germains, des Suèves, des Goths, des Danois, des Gaulois, etc.; que ces nations ont honoré les astres et en particulier les planètes, et que la consécration qu'elles ont toutes faite d'un jour de la semaine à chacune des planètes, est encore aujourd'hui un ancien monument de leur respect religieux pour elles.

Ancienne religion en Asie. ·

Après avoir parcouru toute l'Europe, nous allons maintenant reporter nos regards vers l'Asie, qui, comme l'Égypte, a été le berceau de toutes les superstitions; et nous verrons qu'à partir de la Phénicie et des rives du Nil comme centre, la religion primitive universelle a étendu ses branches autant à l'Orient, que nous les avons vues s'étendre à l'Occident pour couvrir toute l'Europe.

« Les Ioniens rendaient un culte religieux aux images du soleil et de la lune, qu'ils regardaient comine deux divinités puissantes, de qui dépendait toute l'administration du monde, suivant les principes de la théologie Égyptienne, et qui, combinant leur action avec celle des cinq autres planètes, nourrissaient et faisaient croître tous les corps sou

'Hyd., de Vet. Pers. Rel., p. 135.

mis à l'influence des astres et au système général des cieux. »

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Ainsi s'exprime Cedrenus à l'occasion du culte des Asiatiques, qui habitaient l'Ionie dans l'Asie mineure. On avait élevé dans toute cette contrée des temples à la lune et au Dieu mois qu'elle engendre par sa révolution. La lune avait un temple à Carres en Carrie, qui avait la plus grande célébrité 2. La Diane d'Ephèse n'était autre chose que la lune. Strabon parle d'un sacerdoce établi en son honneur en Psidie '; d'un temple élevé au Dieu mois entre Laodicé et Carura *; d'un autre qui était bâti à Cabira en Cappadoce, sous l'invocation du mois Pharnace, ainsi que d'un temple de la lune semblable à ceux qui se trouvaient en Phrygie et en Albanie. En effet, les peuples de l'Albanie et de l'Ibérie, habitant le plus beau sol de la Nature et placés comme dans un jardin de délices, adoraient les deux astres qui paraissaient influer le plus sur la végétation et contribuer à faire éclore, nourrir et mûrir les productions dont la terre semblait pour eux si prodigue. « Ils honorent comme Dieux, dit Strabon, le soleil et la lune, et particulièrement cette dernière planète. Elle a un magnifique temple sur les confins de l'Albanie et de l'Ibérie, desservi par un prêtre dont le sacerdoce est la première dignité après la royauté. »

Les Turcs établis autour du mont Caucase avaient

1 Cedren., p. 46.—2 Théodoret, Hist. Eccl., 1.

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3, c. 2. Am

4 Ibid. 580.

un grand respect pour le feu, pour l'air, pour l'eau et pour la terre, qu'ils célébraient dans leurs hymnes sacrés. Les Scythes ou Tartares qui habitent à l'orient de l'Imaüs, ou les Mogolo-Tartares, adorent le soleil, la lumière, le feu, la terre et l'eau 2, et leur offrent les prémices de leur nourriture, spécialement le matin. Les anciens Massagètes, suivant Hérodote, avaient pour divinité unique le soleil, à qui ils offraient des chevaux, parce qu'il convenait, disaient-ils, d'offrir au Dieu le plus rapide dans sa course, l'animal qui l'imite le plus dans sa légèreté3. Strabon atteste la même chose *; et nous voyons effectivement dans Justin que la reine Thomyris jure par le soleil, grand Dieu des Massagètes. Les Derbices, peuples d'Hyrcanie, rendaient un culte à la terre ". Tous les Tartares en général ont le plus grand respect pour le soleil; ils le regardent comme le père de la lune, qui tient de lui sa lumière ; ils ne commencent aucune opération importante qu'à la nouvelle ou à la pleine lune; c'est leur guide, et ils l'appellent en conséquence leur grand Général. Ils ont aussi l'idole de la terre, qu'ils révèrent sous le nom de Matagai ".

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On lit, dans les Lettres édifiantes, que tous les peuples de Tartarie font encore des libations aux élémens; ils commencent leur festin par jeter

1 Theophil. Simocall., 1.7, c. 3.- 2 Hyd. de Vet. Pers. Rel.; p. 149.3 Herod. Clio. c. 211 et 216.4 Strab., l. 11, p. 513. —5 Justin, l. 2, c. 2. 6 Strab., l. 11, p. 529. 7 Hyd.,

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8 Kirker. OEdip., t. 1, p. 411.

quelques gouttes de liqueur sur les idoles de leurs Dieux'; ils en répandent trois fois du côté du sud en l'honneur du feu, trois fois du côté de l'ouest en l'honneur de l'eau, ces deux élémens étant regardés chez eux comme les premiers principes générateurs dans la Nature.

Si nous avançons vers le milieu de l'Asie, à l'orient du Tigre et de l'Euphrate, dans ces vastes plaines qui s'étendent au midi de la mer Caspienne jusqu'au golfe Persique, et qu'habitaient les anciens Perses, nous trouverons encore le culte du soleil, de l'eau et surtout du feu partout établi.

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Hérodote nous dit que les anciens Perses allaient sur de hautes montagnes pour y sacrifier au ciel, qu'ils appelaient Jupiter, et à ses parties les plus brillantes, au soleil et à la lune ; qu'ils sacrifiaient aussi à la terre, au feu, à l'eau et à l'air ou aux vents; que ce sont là les seuls Dieux qu'ils reconnaissent de toute antiquité; qu'ils honorent d'un culte religieux les fleuves; qu'ils chassent de leurs villes les lépreux, parce qu'ils regardent la lèpre comme la punition d'un crime contre leur Dieu, le soleil. Ce culte, qu'Hérodote attribue aux anciens Perses, est bien ce culte de la Nature que l'auteur du livre de la Sagesse, cité plus haut, reproche à presque tous les peuples 3. Le témoignage d'Hérodote est confirmé par tous les anciens et par tous les modernes qui ont parlé de la religion des

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1 Lett. édif. t. 26, p. 44. 2 Herod. in Clio. c. 131. 3 V. ci-dessus, p. 7 et 8.

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