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bienfaisant présidait à cette source et dirigeait le cours de ses eaux 1.

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Il y avait chez les Troglodittes une fontaine sacrée, qu'on appelait la fontaine du soleil.

Il y en avait une semblable près du temple de Jupiter-Ammon 3. La fable effectivement suppose que Bacchus, manquant d'eau, fut conduit à une source d'eau vive, par un bélier qui lui apparut tout à coup. Il bâtit un temple dans le même lieu où il avait trouvé l'eau, et il le consacra à ce bélier merveilleux, qu'il nomma Jupiter-Ammon, et qu'il plaça ensuite au ciel à la tête du zodiaque. Cette fontaine put être nommée fontaine du soleil, puisque Jupiter-Ammon n'est que le soleil équinoxial du printemps, peint avec les attributs du premier signe, ou du bélier céleste, appelé Ammon, et adoré comme tel en Egypte.

Néarque, pilote d'Alexandre, côtoyant les terres des Ictyophages le long de la mer Rouge, arrive dans une île consacrée au soleil *.

Les habitans de l'île de Socotora ont encore aujourd'hui sur la lune les mêmes idées qu'avaient sur Isis les anciens Egyptiens 5. Ils adorent cette planète, et la regardent comme principe de tout ce qui existe; c'est à elle qu'ils s'adressent pour obtenir une bonne récolte; et s'ils forment quelqu'entreprise, elle ne peut réussir qu'autant que la lune les favorise par ses influences. Lorsqu'ils manquent

1 Philostr. vit. Apoll. 1. 6, c. 12. 2 Pline, l. 2, c. 103. 3 Solin, p. 89. Germani Cæs., c. 18. — Arrian. de reb indic., p. 190.-5 Contant d'Orvill., t. 6, p. 512.

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d'eau, ils choisissent un d'entre eux, qu'ils renferment dans un certain espace, d'où il lui est défendu de sortir sous peine de mort. Détenu dans cette prison pendant dix jours, cet homme est obligé de prier la lune, afin qu'elle fasse tomber une pluie abondante. Si, dans cet intervalle, la sécheresse cesse, le dévot est comblé d'honneurs et de présens; au contraire, si elle continue, on l'en punit.

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Les Hottentots s'assemblent la nuit dans la campagne pour rendre un culte à la lune. A chaque nouvelle lune ils la félicitent sur son retour, lui font des sacrifices de leurs bestiaux, lui offrent de la chair et du lait; c'est à elle qu'ils s'adressent pour obtenir de la pluie, du beau temps, et pour leurs troupeaux de gras pâturages, surtout beaucoup de lait. Ils unissent à son culte celui du Scarabée, que les Egyptiens honoraient également, à cause de la lune et du taureau céleste, où cette déesse a le lieu de son exaltation ; ce qui nous porterait à croire que ce culte leur vient des anciens Egyptiens.

La mer, les arbres, l'Eufratès, grande rivière du royaume de Juida, sont honorés d'un culte religieux par les Nègres ".

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Ceux du Sénégal ont des fêtes lunaires ; dès qu'ils aperçoivent la première lune de l'équinoxe d'automne, ils la saluent en étendant leurs mains

1 Contant d'Orville, t. 6, p. 438. — 2 Ibid., t. 6, p. 300.

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vers le ciel; ensuite ils les tournent plusieurs fois autour de leur tête et répètent cette cérémonie.

Dans l'ancienne Cyrénaïque, il y avait un rocher consacré au vent d'orient, sur lequel aucun mortel ne pouvait sans crime porter sa main.

Toute la côte septentrionale d'Afrique était peuplée de colonies phéniciennes; elles y avaient répandu la religion des Phéniciens, que nous avons fait voir être tout entière fondée sur la Nature. Aussi les Carthaginois, colonie de Tyr, liés avec cette ville par la communauté du culte d'Hercule, invoquaient dans leurs traités le soleil, la lune, la terre, les rivières, les prairies et les eaux 2. Uranie, que plusieurs pensent être la même que la lune, était leur grande divinité; on invoquait son secours dans toutes les grandes calamités, et surtout lorsque la terre, brûlée par les rayons du soleil, avait besoin de pluies rafraîchissantes.

Masinissa, roi d'un empire placé dans la partie occidentale de l'Afrique, aujourd'hui le royaume d'Alger, rendant hommage aux Dieux de l'Afrique qui ont conduit Scipion dans son empire, invoque le soleil, et les autres Dieux de l'Olympe. L'Arabe Gelaldin, parlant d'un certain Mezraim, qu'il peint sous les traits d'Hercule, le fait arriver sur les bords de l'Océan, où il construit un magnifique temple, dans lequel il place la statue du soleil. En général, tous les Africains qui habitent la côte oc

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1 Pline, c. 65.2 Polybe, l. 7, p. 502.—3 Kirk. OEdip., t. 1, p. 73.

cidentale du continent d'Afrique, ceux de Congo et d'Angola, adoraient le soleil et la lune '. La même religion était établie dans les îles de l'Océan, connues sous le nom de Canaries. Les habitans de l'ile de Ténériffe, lorsque les Espagnols y arrivérent, adoraient encore le soleil, la lune, les planètes, et les autres astres 2.

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Religion de l'Amérique

Ici un nouveau monde va se découvrir à nos regards, aux extrémités les plus reculées de l'océan Atlantique, monde séparé des anciens continens par de vastes étendues de mers, et qui leur fut inconnu pendant une longue suite de siècles. Tout y est nouveau, plantes, quadrupèdes, arbres, fruits, reptiles, oiseaux ; tout présente une nouvelle scène physique et même morale et politique. La religion seule se trouve être encore la même, que nous avons vue établie dans l'ancien continent; c'est aussi la nature, le soleil, la lune, les astres, et la terre, qu'on y adore; l'empire de cette religion n'a d'autres bornes que celles de la terre habitée. On y remarque également les deux formes de culte si distinctes dans l'ancien monde. L'un est simple, sans temples ni images, et dirigé immédiatement vers les parties de la Nature: c'est celui des nations sauvages; l'autre, plus recherché et plus pompeux, soutenu de l'éclat imposant du cérémonial, et ac

'Kirk. OEdip. t. 1, p. 416.-2 Contant d'Orv., t. 6, p. 485..

compagné d'images et de temples richement décorés; c'est celui des nations civilisées. De même que les Sauvages de l'ancienne Grèce, de la Scythie et du nord de la Perse, adoraient les astres sans temples ni images, tandis qu'en Egypte et en Phénicie, la même religion, revêtue des formes les plus brillantes, élevait aux astres des statues et des temples; de même les Sauvages du nord de l'Amérique, répandus dans les forêts, levaient leurs mains vers le ciel, et vers le soleil et la lune, tandis qu'au Pérou et au Mexique, on avait consacré les images de ces astres dans de magnifiques temples où l'or brillait de toutes parts, et on avait donné au culte tout l'appareil du cérémonial le plus pompeux. Ainsi, dans le nouveau monde, comme dans l'ancien, la civilisation, les arts et la richesse mirent de la différence dans les formes et dans les prati, ques extérieures du même culte ; mais partout on y reconnaît la Nature adorée par ceux qu'elle porte dans son sein, et qu'elle enrichit par ses bienfaits.

Les Péruviens attribuaient à Manco-Capac, le premier de leurs Incas, l'établissement du culte du soleil dont il se disait fils. Ce prince fit adorer comme Dieu cet astre, qu'il regardait comme la source de tous les biens naturels. La lune était aussi dans la plus grande vénération chez ces peuples, qui lui donnaient le nom de mère universelle de

1 Histoire des Voyages, t. 52, p. 10; et Contant d'Orvill., t. 5, p. 330.

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