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nécessité d'une réforme radicale dans le corps qui est destiné à représenter les intérêts nationaux, et qui ne les représente pas.

Ici s'élève une question importante, et dont la solution intéresse tous les peuples.

La PAIX, la facilité d'exercer sans être troublé, l'agriculture, les arts, le commerce qui font subsister les nations, est le premier de tous les intérêts pour elles. L'ordre politique qui leur assure la paix est donc préférable à tout autre. Or, cet ordre ne se trouve-t-il pas principalement, exclusivement, dans un gouvernement fort, dont aucune opposition ne puisse gêner la marche et paralyser l'action? Une bonne représentation nationale, une représentation que le gouvernement exécutif ne peut pas diriger à son gré, ne nuit-elle pas à l'ascendant, à l'autorité, à la force dont il a besoin pour se rendre utile comme gou

vernement?

Entendons-nous. Opposition d'intérêts, n'est pas division, n'est pas querelle, ne rompt pas la paix. Les individus qui composent la nation, ne sont-ils pas entre eux perpétuellement opposés d'intérêts sans être en guerre ?

Le locataire n'est-il pas opposé au propriétaire? an Dans le partage d'une succession, ne faut-il pas régler des intérêts opposés ? Chaque fois qu'on

entre dans un magasin, et qu'on achète, n'a-t-on pas un intérêt opposé à celui du marchand? I ne s'ensuit pourtant pas nécessairement qu'on se dispute, qu'on se batte, que le plus fort mette en prison le plus faible, ou le ruine, ou le the ; et même il y a d'autant moins de querelles et d'injustices commises, que personne n'est assez fort, assez au-dessus des droits de chacun, pour pouvoir se permettre des excès.

:

Que les intérêts de ceux qui gouvernent soient en opposition avec les intérêts des gouvernés, c'est incontestablement un fait dans beaucoup de cas sans doute, les uns et les autres ont le même intérêt dans ce qui touche à l'indépendance nationale, à l'honneur de la nation. Les uns et les autres ont à souffrir, lorsque d'insolens étrangers viennent leur donner des lois. Mais, dans les comptes qu'ils ont à régler entre cux, ce n'est pas la même chose. Les gouvernans ne peuvent pas, en acceptant ou en s'arrogeant des fonctions publiques, se dépouiller des besoins et des faiblesses de l'humanité. Ils veulent vivre grassement; leur vanité a besoin d'un grand attirail de chevaux, de dorures, de palais; l'amour du pouvoir, si naturel à l'homme, leur fait desirer de multiplier le nombre de leurs créatures, c'est-à-dire les places et les faveurs.

Qui paie tout cela ? Le peuple, la nation, ceux qui, à l'aide de leurs terres, de leurs capitaux, de leur industrie, produisent les revenus annuels de la nation. Les intérêts de ceux-ci sont donc opposés aux intérêts de ceux-là. Voilà qui est dans la nature; il est impossible que cela soit autrement; car il faudrait que les choses, que les hommes fussent autrement faits.

S'ensuit-il qu'il y a nécessairement guerre entre les gouvernans et les gouvernés ? Nullement: ce sont des intérêts à débattre à l'amiable, comme les intérêts de deux négocians qui font des affaires ensemble, et qui règlent de concert la mise et les partages.

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Or, que dirait-on, si l'un de ces deux négocians disait à l'autre : Mon confrère, je vois que vous avez des prétentions qui contrarient un peu la manière dont je veux mener nos affaires communes ; tenez, par amour de la paix, je vais vous imposer silence, vous faire payer, vous forcer à m'aider; mais il n'y aura qu'une volonté, et ce sera la mienne. De celle façon, les affaires marcheront, et nous aurons la tranquillité. Il pourrait même, au besoin, orher cela de beaux sentimens, professer un attachement tout fraternel, ou tout paternel, pour celui qu'il réduirait au silence, et faire aboyer

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ses chiens et ses commis contre ceux qui croiraient avoir à se plaindre d'un pareil arrange

ment..

N'est-il pas probable que tout cela, loin d'être favorable à la paix, ne serait propre qu'à la troubler; car toutes les fois qu'un arrangement n'est pas fondé sur des convenances mutuelles, ne porte-t-il pas en lui-même un germe de destruction ?

Les bons compromis font les bons amis dit le bon sens populaire. Celui qui se sent écrasé, secoue le fardeau à la première occasion; ce sont précisément les débats, les discussions qui ont lieu au moment qu'on règle les affaires qui les font aller pacifiquement. Cela gène un peu les procureurs fondés du pouvoir, qu'on appelle vulgairement les ministres ; cela donne un peu d'ascendant aux procureurs fondés du peuple, qu'on appelle députés des communes ; mais au fond cela est plus favorable au maintien de la paix et par conséquent à la durée de l'autorité, que si tous ces procureurs s'entendaient pour abîmer leurs parties respectives, les mettre aux prises, et se sauver eux-mêmes les poches pleines.

De toutes ces considérations qui sortent de la doctrine de Jérémie Bentham il résulte qu'il

faut avoir une représentation nationale qui soit, non pas seulement pour la montre et pour sanctionner les volontés du gouvernement, mais défendre les intérêts de la nation.

pour

Nous sommes ainsi conduits à ce qu'il appelle le Catéchisme de la réforme parlementaire.

Le premier paragraphe indique les fins qu'on doit se proposer dans une réforme. Il les range sous trois chefs principaux.

1o. Il faut avoir, en plus grand nombre possible, des membres qui remplissent fidèlement leur mission.

2o. Il faut écarter ou réduire à la plus petite somme possible, les inconvéniens qui accompagnent les élections.

3o. Il faut de même réduire à la plus petite somme possible, les inconvéniens de ce que l'au-' teur appelle la jurisprudence des élections, c'est-à-dire des jugemens portés sur la validité des élections.

Les qualités requises dans les représentans sont la probité politique, l'intelligence, le talent actif.

Qu'entendez-vous par la probité politique? Cette qualité qui fait qu'un représentant de la

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