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que la chambre n'était plus assez nombreuse, et que cette diminution nuisait à l'autorité de décisions; on insinuait que cette double fatigue ne serait pas supportée si facilement par un grand nonibre, si ce n'était le moyen d'accumuler deux salaires à la fois. Henri Vane avait une telle délicatesse de patriotisme, qu'au moment où ces propos lui parvinrent, sans examen, emporté par l'ardeur du bien commun, il se crut coupable. « Je m'accuse, dit-il à la chambre des communes, de posséder une place lucrative, et je la résigne devant vous (1). » La chambre, à ce discours, fut saisie d'un enthousiasme irréfléchi; la patrie semblait commander; on obéissait avec transport; on ne pensait point que les offices de l'armée rapportaient beaucoup de peine et peu de profit. D'un mouvement presque una nime une résolution fut prise, qui excluait les membres du parlement de toute autre charge publique. Vainement Cromwell décela ses vues secrètes par un discours, où il vantait les of ficiers qui n'étaient pas du parlement, d'une

(1) Sir Henry Vane told the commons, that he could not forbear, for his own part, accusing himself as one who enjoyed a gainful office; and he was ready to resign it. (Hume's history of England, chap. LVII.)

manière qui les mettait à part des sujets, et ne montrait en eux que des aventuriers habiles à la guerre et prêts à se battre pour quiconque les acheterait (1): vainement quelques esprits calmes représentèrent qu'on allait tout dénaturer; que ce n'était pas ici une cour à qui il fallait des satellites, mais une nation qui, toute entière, devait veiller à son salut; on ne comprit ni la perfidie qui se trahissait elle-même, ni la sagesse qui la faisait craindre: le renoncement à soi-même fut décrété; c'est ainsi qu'on appela cet acte (2).

Nous créons des soldats, dit alors Whitelock; nous livrons nos armes, c'est nous livrer nousntêmes (3).

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(1) & Now God had so blessed their army, that there had grown up with it many excellent officers, who » were fitter for greater charges, than they now enjoied..... ..... he could assure them that their troops con»tained generals fit to command in any enterprise in cristendom. D

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(Echard's history of England, 1.11, ch. Iv.)

(2) SELF-DENYING ordinance.

(3)

That such men alone, whose interets were involved in those of the public, would sufficiently res» pect they authority of parliament and never could be tempted to turn the sword against those by whom » it was committed to them!' »

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(Hume's history, chap. LVII.)

Le petit nombre d'anciens seigneurs qui avaient préféré la cause des subjugués à la cause de leur nation, et qui, selon l'ancienne coutume, formaient encore un conseil à part, approuvèrent l'acte des communes. Essex, Warvic, Manchester, Denbigh, Waller, Brereton, et les autres officiers qui siégeaient dans les chambres, résignèrent leurs commandemens.

c'est pour

Il y avait donc une armée; ce n'était plus le peuple anglais qui combattait, mais les soldats du peuple anglais : une nation venait d'être créée dans la nation, et investie du droit exclusif de mourir pour la défense commune. Quand des hommes sollicitent de semblables prérogatives on peut croire que leur propre compte qu'ils les veulent. Le dévouement se précipite à la tête de ceux qui vont périr, mais il ne défend pas qu'on le suive ni qu'on marche à côté de lui. Peuples! si quelqu'un se fait fort de conquérir pour vous et sans vous la liberté, croyez qu'il a quelqu'arrière pensée de s'approprier la conquête.

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(1645-1646.). L'acte du renoncement à soimême fut violé en faveur du lieutenant-général Cromwell; le parti qui voulait le pouvoir des armes, sut le retenir en gagnant du temps. Le général en chef, Fairfax, était trop patriote à leur

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avis; le lieutenant devait le gouverner. Le parti se soumit l'armée entière par une réforme générale, qui distribua ses membres dans tous les corps et à tous les postes. Présens par-tout, ils agissaient. à la fois par l'autorité et par la persuasion, et inspiraient un esprit de personnalité qui détachait les, hommes armés de ceux qui ne l'étaient pas, et les ameuait à penser qu'ils pouvaient avoir à sontenir une autre cause que la liberté du pays. Une fois formés à cet esprit, on était certain qu'au premier intérêt privé qui leur serait mis devant les yeux, la liberté et leurs anciens sermens sortiraient bientôt de leur souvenir, (1).

:(1647) Après que l'armée des maîtres eût été repoussée jusqu'aux limites de l'Angleterre, les députés des sujets próposèrent de faire rentrer dans leurs familles une partie des citoyens qui étaient enrôlés sous les drapeaux. Confinés dans un camp, lorsque l'ennemi avait quitté le territoire, ils vivaient et ne produisaient pas ; et après tant de dévastations, il fallait que le travail redoublåt pour tout réparer. On croyait que c'était un devoir de la patrie de rendre ceux qui avaient combattu à leur manière de vivre accoutumée et de leur faire goûter les jours de paix et de li

(1) Hume's history, chap. vIII.

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berté qu'ils avaient conquis de leur sang. Ce res tour avait été leur premier vœu : on allait se prés cipiter à leur rencontre, les embrasser comme des sauveurs, leur dire : nous vous devons la vie..... Mais deux années à peine avaient passé depuis la nouvelle réforme des troupes, et ce n'étaient plus les mêmes hommes. Aux mots de paix, de retraite après les fatigues, de soulagement pour le public, l'armée ne répondit que par un cri: qu'on nous paie et qu'on nous » laisse où nous sommes (1).» Les citoyens, changés en soldats, ne voulaient plus de famille que le camp, plus d'industrie les batailles, plus de patrimoine que les impôts. « Si vous ne » nous payez pas, écrivaient-ils aux députés des » sujets, nous saurons bien lever de l'argent » nous-mêmes; craignez que nous n'allions à » des gens qui achètent mieux nos services (2),»

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que

Et cette terrible menace, ils l'exécutaient déjà ; ils faisaient savoir au chef des anciens maîtres, prisonnier des sujets, que, s'il voulait cesser toute

(1) Hume's history, chap. LIX.

(2) They furiously called for their arreas of pay, « wich, they said, they knew how to levy for themsel»ves, and where to have their service better rewarded. »

(Echard's history of England,. liv. 11, chap. v.)

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