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>> Čela posé, nous avons recherché quels se raient les moyens que l'on pourrait avantageusenient substituer à l'entretien d'une nombreuse armée pour nous prémunir contre les périls qui pourraient nous venir du côté des ennemis.

D'ailleurs, avons nous dit, pour nous prémunir et pour se prémunir contre de tels périls, le gouvernement a un bien meilleur moyen que d'entretenir de nombreuses armées, c'est de nous intéresser à le défendre; c'est de nous traiter plus doucement que ne ferait l'ennemi; c'est, dans une année de détresse, de ne pas prendre onze cent millions sur nos revenus; c'est de ne pas nous donner, en retour, des lois d'exception et des cours prévotales; c'est de ne pas payer, de nos deniers, 93 millions de pensions à des hommes qu'en général nous ne connaissons pas, et qui, comme nous, pourraient bien peut-être travailler pour vivre; c'est enfin de défendre vingt-cinq millions d'hommes laborieux contre l'avidité de quelques milliers d'intrigans, et de conquérir ainsi l'affection et l'appui de ces vingecinq millions d'hommes. »

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» Mais qu'y a-t-il donc dans ce passage qui puisse nous faire supposer des intentions crimi nelles ? Nous n'y disons que ce que nous dison's partout; il renferme l'expression de notre doc

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trine toute entière. Voulez-vous être véritablement fort, disons-nous au gouvernement, ne faites pas peser sur le peuple des impôts excessifs. En même temps qu'ils vous feraient perdre son affection et son appui, ils exciteraient la cupidité de tout ce qu'il y a de gens oisifs et ambitieux dans la nation; et vous vous trouverież bientôt, entre la masse industrieuse que vous auriez détachée de vous et les partis contraires que vous auriez soulevés et que vous ne pourriez assonvir, sans autre appui que celui de votre ads ministration qui ne vous présenterait contre de tels périls qu'un secours faible et très-chanceux.' Ensuite, au mal des impôts trop considérables, n'ajoutez pas le mal plus grave peut-être des lois de circonstance: Ces instrumens de terreur, mis dans les mains des hominics qui partageraient avec vous le pouvoir, ne serviraient qu'à vous faire perdre un peu plus l'appui de la inasse, et à irriter un peu plus les factions.

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Supprimez donc les dépenses inutiles et renoncez aux lois de rigueur ; c'est le seul moyent de conquérir l'appui de la masse et de dissiper les partis contraires; c'est le seul moyen d'être véritablement fort. Voilà ce que nous avons dit; et il est tellement vrai qu'en disant cela, nous avons eu le dessein d'affermir le gouverne Cens. Europ.-Tox. V. ·

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ment, que nous avons terminé le passage où nous donnons ces conseils par les réflexions suivantes : « Voilà des moyens qui, assurément, donneraient plus de forces réelles au gouver »nement que l'appui de la plus grande force » armée. » Notre but a donc été de donner des forces au gouvernement, de lui donner des forces réelles; et à moins de prouver que nous en avons eu un autre, on ne peut évidemment nous prêter que celui qui résulte, non-seulement nos doctrines, mais expressément encore de notre langage.

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Mais, poursuit-on, en même temps que vous donnez des conseils an gouvernement, vous lui reprochez des faits calomnieux qui tendent à af faiblir son autorité. Quels sont donc ces faits cálomnieux? Nous reprochons au gouvernement de nous avoir demandé onze cent millions, de nous les avoir demandés dans une année de détresse, de nous avoir donné des lois d'exception et des cours prévotales, de payer 93 millions de pensions à des hommes qu'en général nous ne conpaissons pas..... Est-ce que ce sont là des faits calomnieux, Messieurs? Est-ce que tous ces faits ne sont pas de notoriété publique ? Est-ce qu'ils ne sont pas législativement constatés? Si on les contestait, nous demanderions d'être admis à les prouver par acte authentique.

»Vous allez plus loin, ajoute-t-on ; vous repro chez au gouvernement de ne pas nous intéresser à le défendre, de ne pas nous traiter plus douce→ ment que ne ferait l'ennemi, de ne pas nous protéger contre l'avidité de quelques milliers d'intrigans. Prenez garde, Messieurs, que ce ne sont pas là de nouveaux reproches. Ce sont des conséquences des faits vrais que nous reprochons à l'administration.

» L'administration lève onze cent millions dans uue année de détresse, elle nous fait mettre sous le régime des lois d'exception; et nous lui reprochons de ne pas nous intéresser à la défendre.

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» L'administration ne retranche rien de ses demandes, quand l'ennemi nous remet 60 millions; et nous lui reprochons de ne pas nous traiter plus doucement que ne ferait l'ennemi.

L'administration accorde, sans titres appa rens et sans inscription publique, comme parlait le rapporteur de la chambre des députés, une multitude de pensions; elle paie ces pensions, obscurément et sur des caisses diverses, comme disait le même rapporteur; elle les distribue avec une telle profusion, qu'elles absor bent plus d'un sixième des revenus ordinaires de l'état, qu'elles menacent d'envahir la fortune publique, comme parlait toujours le même

rapporteur; et nous lui reprochons de ne pas nous protéger contre l'avidité de quelques milliers d'intrigans.

» Telles sont les conséquences que nous tirons des faits vrais et non contestés que nous reprochons à l'administration. Dira-t-on que ces conséquences sont trop fortes, trop générales? Cela est possible; mais ce qu'on ne dira pas, c'est que nous les tirons avec le dessein de nuire; car nous les tirons évidemment dans le même esprit que nous rapportons les faits, et nous ne rapportons les faits que dans le dessein d'être utiles. Nous reprochons à l'administration certains faits vrais, que nous regardons comme nuisibles; et à l'oc casion de ces faits, nous lui reprochons de ne pas nous intéresser à la défendre. Tout cela, Messieurs, est écrit dans le même dessein; tout cela a pour but d'affermir le gouvernement; c'est l'esprit du passage, celui de l'article, celui du volume, celui de l'ouvrage, celui de notre doctrine toute entière.

>> On cherche à envenimer nos reproches, en disant que nous avons voulu les adresser au Roi. Mais, d'abord, je ne vois pas comment, en les faisant changer d'objet, on peut les faire changer de nature; et s'il est démontré, comme je lè pense, que nous avons tendu à affermir le gou

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