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eux leurs propres familles, et, dans le silence de l'indignation, alla prendre ses postes autour de la ville. Les officiers que l'armée, en se reformant, avait rejetés, et dont elle avait ainsi proclamé le patriotisme, s'empressèrent de marcher; on leva un corps de cavalerie; mais ce n'était pas assez contre les forces qui s'avançaient; l'armée était furieuse; on craignit de l'irriter en vain. Les communes dépouillèrent toute apparence d'hostilité, et semblèrent attendre l'évènement. L'armée s'arrêta, et fit ses demandes (1).

Chaque jour une requête nouvelle était signifiée aux communes ; chaque concession était 'suivie d'un ordre. D'abord, les soldats voulaient 'faire respecter leurs intérêts; puis c'était leur honneur qu'ils voulaient venger; ensuite, on devait punir leurs ennemis; enfin, ils prétendirent à constituer la nation (2).

Constituer la nation.

neb on disait que la

nation était constituée quand elle avait au milieu

d'elle, répandus avec ordre sur chaque point du

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territoire, ses anciens vainqueurs et leurs agens. Ces hommes avaient quitté la terre, leurs places étaient vides, l'armée demandait qu'on lui livrât ‚ces places; si les Anglais ne pouvaient répondre, -les Anglais s'avouaient conquis,

Quand on lit de pareilles infortunes, le livre tombe des mains, et l'on pleure sur l'humanité.

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Quel devait être le sentiment de ces hommes qui, au moment où ils allaient voir leur demeure libre, se trouvaient tout d'un coup obsédés par une nouvelle troupe de maîtres que nulle sagesse 'n'avait pu prévenir, qu'ils avaient armés euxmêmes, qu'ils avaient aimés comme leurs frères? Dans les infortunes privées, que la vie cesse et Je malheur a fini; mais, dans cette infortune d'un peuple qui ne pouvait mourir, chacun voyait sa misère se prolonger, après lui, et la destinée de ses enfans rouler sans repos dans ce triste cercle d'efforts et de revers. Qu'un jour, s'écriaient-ils, qu'un jour, lorsque nos nouveaux maîtres auront vieilli, nos fils tentent comme nous de s'affranchir; comme nous alors, ils verront une autre race de conquérans sortir du sein de cette terre qui nous nourrit pour être misérables. Leur âme s'affaissait sous le poids de cet esclavage éternel.

Pour premier acte de sa volonté de travailler à son gré sur le peuple, l'armée demanda l'emprisonnement de onze membres des communes, qu'elle appelait ses ennemis. C'était Waller, Hollis, Massey, Glyn, et d'autres des plus dévoués pour le pays. Son second ordre fut qu'on

suspendit toute espèce d'armement; elle voulait être seule dans l'Angleterre en état d'offenser et de se défendre (1).

En même temps qu'elle désarmait les sujets, elle se recrutait parmi eux, et attirait à elle tout ce qu'il y avait de forces sur pied; le général Pointz, qui gardait le nord, fut abandonné de ses troupes (2).

L'armée traînait toujours le roi à sa suite; elle semait des bruits qui tenaient en suspens le parti de l'ancienne domination; on la voyait proposer un accord à son prisonnier, soit que seulement elle voulût avoir quelque temps de repos et de sécurité pour s'affermir, soit que, redoutant le désespoir des sujets, elle voulût joindre à sa

(1) Hume's history, chap. LIX.

(4) Id.

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forcé la force des anciens possesseurs, et exploiter le pays à frais et à profits communs (1).

Rétablir le roi dans ses droits légitimes, soutenir les seigneurs et leurs droits légitimes, c'était la voix de toute l'armée (2). Les généraux protestaient au général prisonnier que sa cause ́était leur cause, qu'ils la soutiendraient avec lui qu'ils le vengeraient contre ces vils sujets, quand bien même il leur faudrait appeler áu secours les hommes qu'ils haïssaient le plus; Fece nous purgerons les communes, lui disait Ire»ton, nous les purgerons si bien qu'à la fin ce » que vous voulez sera fait (3). » Au milieu de ces assurances, les intérêts mutuels se débat

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· (1). The chief officers treated the king with regard and spake on all occasions of restoring him to his just powers and prerogatives. In the public declarations of the army, the settlement of his revenue and authority were insisted on. The royalists every where entertained hopes of the restoration of the monarchy; and the favour they universally bore to the army, contributed very much to discourage the parliament, and to forward their sub(Hume's history, chap. LIX.)

mission.

(2) Mémoires de Ludlow, tom, 1er,

(3) Cromwell told that he did really and uprightly mean and intend to restore and establish him in his just and lawful rights, imprecating that neither himself, nor

taient. Il fut résolu d'un commun accord quic le roi reprendrait ses anciens titres et ses anciens revenus, et que Cromwell'serait associé à la propriété du pays sous le titre de vicaire général de 'Angleterre (1). Ireton devait être vice-propriéstaire ou lieutenant de l'Irlande (2). L'armée, en corps, voulait être autorisée à imposer au peuple une taxe territoriale qui serait levée par les solidats eux-mêmes (3). Að

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D'après la volonté des nouveaux conquérans, de -ne laisser aux subjugués aucune force de guerre, la

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his wife or children might ever prosper, if he did not restore him, in case the remained an army. »

army

Ireton expressed the same sense and farther added, that rather than his majesty continue thus enslaved by -those vile presbyterians, he would join with French, Spaniard cavalier, or any that would join with him in order to his redemption. That they should purge and "purge again till they had brought the house to perform his majesty's business.

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(Echard's history of england, liv. 11,` chapav.)

(1) Coke's detection of the state of England, tom. rer. (2) Hume's history, chap. LIX.

(3) To settle a tax upon the people, by way of landrate for supporting the army, to be collected and levied by the soldiers themselves.

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(Echard's history, liv. ir, chap. v.)

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