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berck. J'avouerai même que, s'il fallait choisir entre une prédiction de Bonaparte, et une prédiction tirée de l'almanach de Liége, je donnerais la préférence à celle-ci. Un ignorant qui parle au hasard, peut quelquefois rencontrer la vérité : il n'existe du moins, chez lui, aucune disposition qui l'en éloigne. Mais un esprit ́essentiellement faux, et tel m'a toujours paru' l'esprit de Bonaparte, passe constamment à côté, et semble prendre à tâche de l'éviter. Le passage même qui donne lieu à ces réflexions, nous en fournira la preuve.

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Lorsqu'une prédiction ne repose sur aucune raison qui puisse en rendre l'accomplissement vraisemblable, on se contente de la mépriser. Lorsqu'elle annonce des événemens dont la possibilité n'est pas dans la nature des choses, elle inspire tout à la fois le mépris et le dégoût. S'il est vrai que Bonaparte ait voulu faire une prédiction dans le passage qui nous occupe, et je crois qu'il est permis d'en douter, il a fait une prédiction qui, non-seulement n'était justifiée par rien, mais dont la fausseté se trouvait même démontrée par les notions les plus simples en politique.

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Bonaparte, dans le passage même où M. l'avocat du Roi trouve une prédiction, avoue qu'il

était impossible de mettre son fils sur le trône en 1814, et il a raison, car, si on l'y avait mis, il ne s'y serait pas tenu. Puis, il ajoute qu'il croit que la chose était convenable en 1815; et c'est là qu'est l'absurdité. Si le fils de Bona→ parte n'aurait pas pu se tenir sur le trône immédiatement après qu'il en eût été lui-même déchu, et avant que la France eût perdu les habitudes que quinze années d'esclavage lui avaient fait contracter, comment aurait-il pu s'y tenir après une année d'intervalle, lorsque les institutions et les hommes du gouvernement, impérial avaient été complétement avilis, et qu'il ne pouvait plus avoir d'autre appui qu'une faction militaire dont la paix ou la guerre devaient également amener la destruction?

Bonaparte lui-même après avoir envahi le gouvernement au moyen de son armée, et la nation au moyen de son gouvernement, devait nécessairement tomber ou par la paix ou par la guerre son caractère, qui l'avait placé hors de la civilisation, ne le rendait propre qu'à gouverner un peuple de barbares. Telle a du moins toujours été mon opinion; et depuis qu'il est tombé, je n'ai pas eu de raison d'en changer. J'ai manifesté cette opinion quand il a été au faîte de la puissance; je l'ai manifestée aussi lors

qu'il a été déchu. Permettez-moi, Messieurs, de rapporter ici une note qui se trouve dans un que j'ai publié, il y a déjà plus de deux

écrit

ans (1).

- Or si, dans notre opinion, il était impossible que Bonaparte, avec ses soldats, ses innombrables agens, ses alliances, et ce qu'on ap pelle son génie, pût se maintenir sur le trône comment a-t-on pu supposer qu'il ait été dans notre intention de faire entendre que son fils devenu l'instrument d'une faction, et dénué de tous ces moyens, aurait plus de succès que luimême? Mais, dit-on, vous n'avez pas fait une ob cot lick

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(1) Cette note, qui se trouve au bas d'une page la Jans laquelle je cherchais à démontrer que, sous Bonaparte. l'armée serait un grand obstacle à l'établissement d'une monarchie constitutionnelle, est ainsi conçue!

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Tous ces raisonnemens, vrais dans la supposition of Bonaparte serait parvenu à exercer sur le continent son ancienne influence, auraient été faux, s'il avait été obligé de se restreindre dans les limites naturelles de la France. Dans ce dernier cas il serait arrivé, non pas que Bonaparte aurait établi la liberté, car il ne concevait que dénagogie ou le despotisme, mais que l'armée confondue avec les citoyens en aurait pris l'esprit, et aurait fini par l'abandonner. Cet homme n'était pas de son siècle, il fallait qu'il périt, où par la pate on par la guerre.

la

réponse spéciale au passage où Bonaparte parle

de son fils; et quand on se charge d'une réfutation, on ne doit rien laisser sans réponse. Je répondrai d'abord que je ne connais aucune loi qui fixe les principes en matière de réfutations, et qui punisse les écrivains qui ne s'y sont pas conformés. Je ferai observer ensuite qu'on peut, sans crime, ne pas se croire obligé de réfuter des propositions sans preuves, qu'on remarque dans des écrits qu'on juge absurdes. Enfin, je dirai qu'on manque d'exactitude lorsqu'on dit qu'il n'y a point de réponse, dans notre ouvrage, au passage qui fait l'objet des plaintes de M. l'avocat du Roi,

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» On ne contestera point, je pense, que nous 'n'ayons attaqué les institutions du gouvernement imperial, et que nous ne les ayons attaquées par tous les moyens honorables qui étaient en notre pouvoir. Si cela était contesté, nous renverrions à la réfutation, même de l'écrit attribué à Bonaparte, aux volumes que nous avons précédem.ment publiés, et particulièrement à l'examen de l'acte additionnel aux constitutions de l'empire, 'examen qui fut fait sous le gouvernement impérial, et que les hommes de ce temps n'accusé

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rent pas de mauvaise foi. On ne contestera pas non plus que nous n'ayons parlé, sans ménage

ment des courtisans de l'ex-empereur si cela était révoqué en doute, nous renverrions à ce que nous avons écrit dans le temps où ils étaient en faveur, aux passages de notre ouvrage dont nous avons déjà donné lecture, et particulièrement à la note de la page 145 du volume pour lequel nous sommes en jugement. Voici cette

pote.

«La caste impériale était

trop avilie pour pou» voir exister dans un pays de liberté ; elle n'a

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vait qu'un moyen

de perpétuer son existence, >> c'était de contraindre au silence les hommes indépendans, et de tenir les hommes désin»téressés et probes dans l'ombre. »

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Mais, si nous avons attaqué les institutions impériales et les hommes qui y trouvaient de quoi vivre, pourrait-on nous dire quelle est la base sur laquelle il serait possible de faire reposer le fils de l'ex-empereur ? Si les hommes ni les institutions ne sont pas pour lui, sur quoi pourra-t-il compter? Si le parti qu'on peut lui supposer n'est qu'une faction, et si, dans le vo lume même qu'on attaque, nous avons démontré qu'un gouvernement qui n'aurait pour appui que des factions, ne pourrait pas se soutenir, comment peut-on nous accuser d'avoir voulu provoquer les citoyens à invoquer son nom?

JJ

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