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eux la force de Dieu qui a dit : « Les saints prendront et posséderont (1); ils tiendront l'épée à deux tranchans; ils châtieront les

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peuples, et garoteront les chefs des peuples » avec des entraves de fer (2).

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A ce titre incontestable, le général Olivier Cromwell se fait appeler maître (3); il entre en jouissance des revenus de l'Angleterre et les distribue à son état major (4); la formule dont il signait ses ordres, était : Moi, capitaine-général de toutes les forces présentes et à venir de cette

(1) Daniel. (V. les mémoires de Ludlow, tom. 11.) (2) Exultabunt sancti in gloria: et gladii ancipites in manibus eorum.

Ad faciendum vindictam in nationibus, increpationes in populis.

Ad alligandos nobiles eorum in compedibus ferreis. (Pseaume 149. V. Hume, chap. LIX, note 54.) (3) Lord (Coke, tom. 11.)

They published a long account of their proceedings and intentions, beginning with sufficient intimation « that the whole government was devolved upon the general and his army by a conquest. »

(Echard's history, liv. III, chap. rer.)

Chaque soldat se disait publiquement souverain et

maître.

(Mémoires de Ludlow, tom. II.)

(4) Mémoires de Ludlow, tom. II.

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République (1) », Ce qui ne voulait rien dire, sinon que le général n'avait point encore assez d'empire sur l'armée pour s'arroger à lui seul un droit universel de possession sur la terre acquise en commun. Il y eut des sujets qui voulurent aser contre les maîtres du mot de République, en publiant que c'était une façon d'exprimer que le pays était rendu aux habitans laborieux; mais Cromwell les démentit de sa propre bouche : « Ce que j'ai gagné par l'épée, disait-il, leur papier ne me l'ôlera point (2). » ›

Les nouveaux conquérans ne se contentaient pas d'avoir pour eux la puissance de leur sabre et l'autorité d'un oracle, ils invoquaient encore, à l'appui de leur volonté, les besoins même des vaincus. & Sans notre présence, disaient-ils, vos » anciens maîtres se jeteraient de nouveau sur

(1) I, Oliver Cromwell, captain-general, commandér in chief of all the armies and forces, raised and to be raised within this commonwealth. (Coke, tom. fr.)

(2) Il venait de fire le traité d'Harrington (Oceana), où l'auteur exprime l'espoir que république va signifier liberté. Voici les paroles du général : « The gentleman » had like to have trepanned me out of my power; but » what I have got by the sword, I will not quit for a » little paper shot. » (Millar's an historical view of the english government, tom. III.)

» vous; nous les retenons,

nous vous sauvons.

» Ecoutez ce qu'annonce Dieu lui-même : la » femme délaissée sera reprise par son premier » mari (1). Sans notre présence on s'égorgerait

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parmi vous (2). » Et qui donc se serait égorgé ? Ce n'étaient pas les sujets entre eux; peut-être les sujets et les anciens maîtres; mais alors il y aurait eu encore quelque espoir d'indépendance. La paix imposée par force faisait fuir la liberté (3).

Toujours c'était une marque de civilisation dans les vainqueurs, qu'ils crussent autoriser leurs actes par une sorte d'assentiment des sujets, et qu'ils s'inquiétassent de paraître utiles. Charles, avant Cromwell, avait dit aux Anglais : « Vous me faites la guerre, et c'est par moi que vous êtes une nation (4). » Il comptait sans les besoins mutuels, sans le travail, sans la morale, qui sont les seuls liens des hommes, et qu'il n'était en son pouvoir ni de créer ni d'anéantir. Plus tard, si l'ancienne armée chasse la nouvelle à son tour, et reprend le pays, elle proclamera aussi qu'elle

(1) Lévitique. (V. les mémoires de Ludlow, tom. 11.) (2) Ludlow, tom. 11.

(3) Ubi servitutem faciunt, pacem appellant.

(4) You cannot be without me.

est nécessaire, qu'elle le sauve. Les premiers chefs Normands ne s'avisaient pas de ces scrupules.

Il va se produire une lutte pareille en tout à celle que nous avons racontée dans la première partie de cette histoire; les maîtres vont opérer, et les sujets vont se défendre. Des deux côtés l'action sera plus vive, parce que les sujets sont mieux aguerris, et que les maîtres n'ayant pas encore la mesure de l'effort qu'ils doivent faire, de crainte de demeurer en-deça des bornes, se laisseront aller au-delà.

D'abord, les hommes trois fois chassés de la chambre des communes, tout meurtris des fers

qu 'ils ont portés, se précipitent pour avoir accès à cette tribune, la seule d'où l'on puisse se faire entendre en faveur des subjugués. Ils insistent avec tant d'ardeur, ils ont tant de crédit par leur patriotisme, qu'on n'ose pas les repousser; ils sont admis sous la condition d'un serment (1).

(1650-1651.) Le traité que le roi mort avait conclu avec les principaux seigneurs de l'Écosse, subsistait. La ligue choisit pour chef son fils Charles, qui, selon l'ancienne formule, s'appela dès-lors Charles II, roi de l'Écosse. Sous sa

(1) Hume's history, chap. LX.

conduite, les coalisés devaient envahir l'Angleterre; pendant qu'ils se préparaient, ils négocièrent avec les seigneurs de l'Irlande un pacte offensif et défensif (1).

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Les nouveaux maîtres menacés de deux côtés se tournent d'abord vers l'Irlande; Cromwell s'y rend en personne. Par-tout où il s'avance il est vainqueur, il massacre, il vend les hommes (2). Ayant brisé les forces de ce pays, il y laissa Ireton, son gendre, avec l'ordre de chasser les naturels et de distribuer la terre aux soldats : lui-même il marche sur Worcester, où le roi des Écossaist venait de pénétrer avec son armée, tombe sur la ville, écrase l'ennemi qui se disperse, et vend les prisonniers comme en Irlande (3). Charles II s'enfuit à peine.

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Quand les sujets faisaient la guerre, ils ne regardaient point comme leur propriété ceux qui tombaient dans leurs mains. Lorsque des hommes de la caste des conquérans étaient pris dans une bataille, on leur demandait leur parole et une caution s'ils la donnaient, leurs pas étaient libres (4). Les sujets ne pensaient point que ce

(1) Hume's history, chap, 1x.
(2) Id. Ludlow, Macaulay.
(3) Id.

(4) Mémoires de Ludlow, tom. 11.

fut

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