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un revenu que la victoire; ce n'était à leurs yeux que le moyen d'obtenir une vie indépendante. La race humaine se partage en deux races diverses l'une s'agite pour être maîtresse d'ellemême ; l'autre pour devenir maîtresse des hommes; si la première combat, ce n'est jamais que pour conserver, elle se défend; c'est la race civilisée; l'autre combat pour acquérir, elle offense; c'est la race barbare.

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(1652.) L'armée avait achevé de chasser ses concurrens de toutes les terres qu'ils occupaient. L'Irlande, l'Écosse, les îles de Jersey, de Guernesey, de Scilly, de Man, les plantations d'Amérique, les Bermudes, Antigoa, la Barbade, la Virginie, étaient à elle (1); pourtant, elle n'était pas rassasiée.

Les riches navires des Hollandais qui passaient à la vue de ses côtes tentèrent son avarice; dixhuit vaisseaux furent d'abord saisis pour contraindre les Hollandais à la guerre; ensuite fut décrété le fameux acte de navigation (2). Cette mesure hostile passa pour être une précaution de commerce ; mais ceux qui l'inventèrent étaient sans doute loin d'y songer; que leur im

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portait le commerce? Ils avaient des épées pour produire.

Les sujets industrieux murmurèrent de ces violences faites à leurs voisins industrieux et libres. Ceux qui travaillent sont tous amis, et les opprimés trouvent du soulagement à contempler comme un lieu d'asyle une terre où la liberté règne. Des voix s'élevèrent dans les communes et sur-tout la voix de Henri Vane, pour diffamer cette guerre et pour se plaindre encore du joug des vainqueurs (1). On semblait dire au peuple de la Hollande : « les ennemis qui vous menacent sont les nôtres; si vous les faites plier, vous serez nos sauveurs, et si vous êtes vaincus, nous mettrons en commun notre désespoir. »>

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La guerre se fit, et les brigands eurent pour eux la fortune. Les Hollandais perdirent seize cents navires; aucune mer n'était plus sûre pour eux; ils demandèrent la paix (2).

Pendant ces exploits extérieurs, l'armée jetait l'ancre dans le pays; elle avait décrété la mort contre quiconque oserait douter dans ses

(1) We are told that that famous republican opposed the dutch war, and that it was the military gentle men chiefly who supported that measure.

(Hume's history, chap. Lx.)

(2) Hume's history, chap. LX.

écrits, dans ses paroles et jusque dans sa pen-, sée, si le pays garderait ses maîtres, si leurs armes étaient, infaillibles, si le bras de Dieu était à leurs ordres, et si les subjugués avaient besoin de leur présence. Les cachots se remplissaient, les taxes croissaient toujours. Le travail de plusieurs millions d'hommes suffisait à peine à quelques milles, tant leurs besoins étaient immenses (1).

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Le jury, pris parmi les sujets, arrachait aux maîtres leurs coupables; un homme qu'ils vonlaient punir avait été absous aux acclamations de toute la ville de Londres. Pour ne plus recevoir de pareils affronts, ils établirent une haute Cour de justice sous la direction de leur grand conseil, et remirent en vigueur la loi martiale la jurisprudence du sabre (2).

(1353.) La nation s'exprimait hautement contre ces mesures; elle paraissait dans ce trouble qui précède et annonce les grandes crises. Les députés des commiines crurent que le moment. était venu de donner le signal; ils convinrent

(1) Hume's history, chap. LX.

(2) They erected a high court of justice, which was to receive indictements from the council of state.

(Hume's history, chap. Lx.)

d'un jour où, par un acte solennel, ils devaient se démettre tous à la fois de leur office de défenseurs du peuple, et le léguer au peuple himême : c'était lui déclarer qu'il n'avait plus rien à attendre que de ses bras et de son courage (1).› Mais le général, qui avait des espions, apprit ce dessein et l'empêcha.

La veille même du jour fatal, il parut à la chambre escorté de trois cents satellites: « Sortez cria-t-il, vous n'êtes plus un parlement! sortez, faites place à de meilleurs que vous. » A ces mots, qu'il accompagnait d'injures, les soldats firent vider la salle (2).

Le conseil suprême de l'armée était fatigué d'avoir en face de lui un conseil de sujets qui pouvaient discourir et le contrôler impunément. Les dispositions du peuple faisaient craindre de supprimer tout d'un coup la chambre des communes; mais on prit la résolution de ne plus laisser aux sujets le choix de ceux qui devaient les défendre contre la cupidité des maîtres ; les maîtres eux-mêmes se l'attribuèrent. Sur un ordre du général en chef, cent quarante per

(1) Mémoires de Ludlow, tom. 11. (2) Hume's history, chap. LX.

sonnes se rendirent à Londres pour être le par lement (1).

On ne s'était pas adressé au hasard, et d'avance, on comptait sur la docilité de ces hom mes. On se trompa pourtant. Ces hommes étaient nés sujets, il n'était point en leur pouvoir de l'oublier, et ce souvenir avait alors un pouvoir surnaturel contre lequel était impuissante la phis ferme volonté de complaire. Il semblait que la conscience du bien pesât sur leur ame de fout l'effort qu'ils faisaient pour l'étouffer; car ils oserent plus que personne avant eux. Ils sou tinrent; en présence de l'armée, qu'ils avaient des droits contre elle, des droits divins comme ceux qu'elle attestait, et que c'était la volonté de Dieu' que les sujets enssent un recours (2). Un déta chement de soldats fut envoyé, et la chambre' des communes resta vide encore une fois.

II fallait que ce peuple, tout abattu qu'il était," eût encore quelque chose d'imposant aux yeux

() Hume's history, chap. LXI.

(2) Cromwell was dissatisfied that the parliament though they had derived all their anthority from him, began to pretend power from the Lord, and to insist already on their divine commission.

(Hume's history, chap. LXI.)

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