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rendu Jérusalem la plus riche ville de l'Orient. Le royaume étoit tranquille et abondant tout y représentoit la gloire céleste. Dans les combats de David, on voyoit les travaux par lesquels il la falloit mériter; et on voyoit dans le règne de Salomon combien la jouissance en étoit paisible.

noissoit pas. Il l'a vu assis à la droite de Dieu, regardant du 'plus haut des cieux ses ennemis abattus. Il est étonné d'un si grand spectacle ; et ravi de la gloire de son fils, il l'appelle son Seigneur '.

Il l'a vu Dieu, que Dieu avoit oint pour le faire régner sur toute la terre par sa douceur, Au reste, l'élévation de ces deux grands rois, par sa vérité, et par sa justice 2. Il a assisté en et de la famille royale, fut l'effet d'une élection esprit au conseil de Dieu, et a ouï de la propre particulière. David célèbre lui-même la mer- bouche du Père éternel cette parole qu'il adresse veille de cette élection par ces paroles : « Dieu à son Fils unique: Je t'ai engendré aujour» a choisi les princes dans la tribu de Juda. d'hui; à laquelle Dieu joint la promesse d'un >> Dans la maison de Juda, il a choisi la maison empire perpétuel, «qui s'étendra sur tous les » de mon père. Parmi les enfants de mon père, » Gentils, et n'aura point d'autres bornes que » il lui a plu de m'élire roi sur tout son peuple » celles du monde 3. Les peuples frémissent en » d'Israël; et parmi mes enfants, car le Seigneur » vain : les rois et les princes font des complots » m'en a donné plusieurs, il a choisi Salomon,» inutiles. Le Seigneur se rit du haut des cieux *» » pour être assis sur le trône du Seigneur et de leurs projets insensés, et établit malgré eux » régner sur Israël. »

Cette élection divine avoit un objet plus haut que celui qui paroît d'abord. Ce Messie, tant de fois promis comme le fils d'Abraham, devoit aussi être le fils de David et de tous les rois de Juda. Ce fut en vue du Messie et de son règne éternel que Dieu promit à David que son trône subsisteroit éternellement. Salomon, choisi pour lui succéder, étoit destiné à représenter la personne du Messie. C'est pourquoi Dieu dit de lui: « Je >> serai son père, et il sera mon fils 2; » chose qu'il n'a jamais dite avec cette force d'aucun roi ni d'aucun homme.

Aussi du temps de David, et sous les rois ses enfants, le mystère du Messie se déclare-t-il plus que jamais, par des prophéties magnifiques, et plus claires que le soleil.

David l'a vu de loin, et l'a chanté dans ses Psaumes avec une magnificence que rien n'égalera jamais. Souvent il ne pensoit qu'à célébrer la gloire de Salomon son fils; et tout d'un coup ravi hors de lui-même, et transporté bien loin au-delà, il a vu celui qui est plus que Salomon en gloire aussi bien qu'en sagesse 3. Le Messie lui a paru assis sur un trône plus durable que le soleil et que la lune. Il a vu à ses pieds toutes les nations vaincues, et ensemble bénites en lui, conformément à la promesse faite à Abraham. Il a élevé sa vue plus haut encore: il l'a vu dans les lumières des saints, et devant l'aurore, sortant éternellement du sein de son père, pontife éternel et sans successeur, ne succédant aussi à personne, créé extraordinairement, non selon l'ordre d'Aaron, mais selon l'ordre de Melchisedech, ordre nouveau, que la loi ne con

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l'empire de son Christ. Il l'établit sur eux-mêmes, et il faut qu'ils soient les premiers sujets de ce Christ dont ils vouloient secouer le joug 5. Et encore que le règne de ce grand Messie soit souvent prédit dans les Écritures sous des idées magnifiques, Dieu n'a point caché à David les ignominies de ce béni fruit de ses entrailles. Cette instruction étoit nécessaire au peuple de Dieu. Si ce peuple encore infirme avoit besoin d'être attiré par des promesses temporelles, il ne falloit pourtant pas lui laisser regarder les grandeurs humaines comme sa souveraine félicité, et comme son unique récompense: c'est pourquoi Dieu montre de loin ce Messie tant promis et tant desiré, le modèle de la perfection, et l'objet de ses complaisances, abîmé dans la douleur. La croix paroît à David comme le trône véritable de ce nouveau roi. Il voit ses mains et ses pieds percés, tous ses os marqués sur sa peau par tout le poids de son corps violemment suspendu, ses habits partagés, sa robe jetée au sort, sa langue abreuvée de fiel et de vinaigre, ses ennemis frémissant autour de lui, et s'assouvissant de son sang 7. Mais il voit en même temps les glorieuses suites de ses humiliations: tous les peuples de la terre se ressouvenir de leur Dieu oublié depuis tant de siècles; les pauvres venir les premiers à la table du Messie, et ensuite les riches et les puissants; tous l'adorer et le bénir; lui présidant dans la grande et nombreuse Eglise, c'est-àdire, dans l'assemblée des nations converties, et y annonçant à ses frères le nom de Dieu et ses vérités éternelles. David, qui a vu ces choses,

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A Psal. CIX. - Psal. XLIV. 3, 4, 5, 6, 7, 8. $ Psal. 11. 7. 8. Ps. 11. 1. 2, 4, 9. Ibid. 10. etc. - Ps. XXI. 17, 18, 19. - Ps. LXVIII. 22. Ps. xx1, 8, 15, 14, 47, 21, 22. — Ps. xxI. 26, 27, et seq.

a reconnu, en les voyant, que le royaume de | milieu des lions. Tous ont été contredits et malson fils n'étoit pas de ce monde. Il ne s'en étonne pas, car il sait que le monde passe; et un prince toujours si humble sur le trône voyoit bien qu'un tròne n'étoit pas un bien où se dussent terminer ses espérances.

traités; et tous nous ont fait voir, par leur exemple, que si l'infirmité de l'ancien peuple demandoit en général d'être soutenue par des bénédictions temporelles, néanmoins les forts d'Israël et les hommes d'une sainteté extraordinaire étoient nourris dès-lors du pain d'affliction, et buvoient par avance, pour se sanctifier, dans le calice préparé au Fils de Dieu; calice d'autant plus rempli d'amertume, que la personne de Jésus-Christ étoit plus sainte.

Mais ce que les prophètes ont vu le plus clai

Les autres prophètes n'ont pas moins vu le mystère du Messie. Il n'y a rien de grand ni de glorieux qu'il n'aient dit de son règne. L'un voit Bethleem, la plus petite ville de Juda, illustrée par sa naissance; et en même temps, élevé plus haut, il voit une autre naissance par laquelle il sort de toute éternité du sein de son Père:rement, et ce qu'ils ont aussi déclaré dans les l'autre voit la virginité de sa mère; un Emmanuel, un Dieu avec nous sortir de ce sein virginal, et un enfant admirable qu'il appelle Dieu. Celui-ci le voit entrer dans son temple: cet autre le voit glorieux dans son tombeau où la mort a été vaincue . En publiant ses magnificences, ils ne taisent pas ses opprobres. Ils l'ont vu vendu; ils ont su le nombre et l'emploi des trente pièces d'argent dont il a été acheté. En même temps qu'ils l'ont vu grand et élevé, ils l'ont vu méprisé et méconnoissable au milieu des hommes; l'étonnement du monde, au tant par sa bassesse que par sa grandeur, le dernier des hommes; l'homme de douleur, chargé de tous nos péchés; bienfaisant, et méconnu; défiguré par ses plaies, et par-là guérissant les nótres; traité comme un criminel; mené au supplice avec des méchants, et se livrant, comme un agneau innocent, paisiblement à la mort; une longue postérité naître de lui par ce moyen, et la vengeance déployée sur son peuple incrédule. Afin que rien ne manquât à la prophétie, ils ont compté les années jusqu'à sa venue ; et à moins que de s'aveugler, il n'y a plus moyen de le méconnoître.

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Non seulement les prophètes voyoient JésusChrist, mais encore ils en étoient la figure, et représentoient ses mystères, principalement celui de la croix. Presque tous ils ont souffert persécution pour la justice, et nous ont figuré dans leurs souffrances l'innocence et la vérité persécutée en notre Seigneur. On voit Élie et Élisée toujours menacés. Combien de fois Isaïe a-t-il été la risée du peuple et des rois, qui à la fin, comme porte la tradition constante des Juifs, l'ont immolé à leur fureur! Zacharie, fils de Joïada, est lapidé: Ézéchiel paroit toujours dans l'affliction les maux de Jérémie sont continuels et inexplicables: Daniel se voit deux fois au

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termes les plus magnifiques, c'est la bénédiction répandue sur les Gentils par le Messie. Ce rejeton de Jessé et de David a paru au saint prophète Isaïe, comme un signe donné de Dieu aux peuples et aux Gentils, afin qu'ils l'invoquent'. L'homme de douleur, dont les plaies devoient faire notre guérison, étoit choisi pour laver les Gentils par une sainte aspersion, qu'on reconnoît dans son sang et dans le baptême. Les rois, saisis de respect en sa présence, n'osent ouvrir la bouche devant lui. Ceux qui n'ont jamais ouï parler de lui, le voient; et ceux à qui il étoit inconnu sont appelés pour le contempler2. C'est le témoin donné aux peuples; c'est le chef et le précepteur des Gentils. Sous lui un peuple inconnu se joindra au peuple de Dieu, et les Gentils y accourront de tous côtés 3. C'est le juste de Sion, qui s'élèvera comme une lumière; c'est son sauveur, qui sera allumé comme un flambeau. Les Gentils verront ce juste, et tous les rois connoîtront cet homme tant célébré dans les prophéties de Sion^.

Le voici mieux décrit encore, et avec un caractère particulier. Un homme d'une douceur admirable, singulièrement choisi de Dieu, et l'objet de ses complaisances, déclare aux Gentils leur jugement: les îles attendent sa lvi. C'est ainsi que les Hébreux appellent l'Europe et les pays éloignés. Il ne fera aucun bruit : à peine l'entendra-t-on, tant il sera doux et paisible. Il ne foulera pas aux pieds un roseau brisé, ni n'éteindra un reste fumant de toile brûlée. Loin d'accabler les infirmes et les pécheurs, sa voix charitable les appellera, et sa main bienfaisante sera leur soutien. Il ouvrira les yeux des aveugles, et tirera les captifs de leur prison 5. Sa puissance ne sera pas moindre que sa bonté. Son caractère essentiel est de joindre ensemble la douceur avec l'efficace : c'est pourquoi cette voix si douce passera en un moment d'une

[s. XI, 10.- * Id. Lit. 43, 44, 45. LIII. — Id. Lv. 4, 5.↑ Id. LXII. 4, 2. — § Id. XLII. 4, 2, 3, 4, 5, 6.

extrémité du monde à l'autre ; et sans causer aucune sédition parmi les hommes, elle excitera toute la terre. Il n'est ni rebutant ni impétueux; et celui que l'on connoissoit à peine quand il étoit dans la Judée, ne sera pas seulement le fondement de l'alliance du peuple, mais encore la lumière de tous les Gentils'. Sous son règne admirable les Assyriens et les Égyptiens ne se ront plus avec les Israélites qu'un même peuple de Dieu 2. Tout devient Israël, tout devient saint. Jérusalem n'est plus une ville particulière: c'est l'image d'une nouvelle société, où tous les peuples se rassemblent : l'Europe, l'Afrique et l'Asie reçoivent des prédicateurs dans lesquels Dieu a mis son signe, afin qu'ils découvrent sa gloire aux Gentils. Les élus, jusques alors appelés du nom d'Israël, auront un autre nom où sera marqué l'accomplissement des promesses, et un amen bienheureux. Les prêtres et les lévites, qui jusqu'alors sortoient d'Aaron, sortiront dorénavant du milieu de la gentilité 3. Un nouveau sacrifice, plus pur et plus agréable que les anciens, sera substitué à leur place ', et on saura pourquoi David avoit célébré un pontife d'un nouvel ordre 5. Le juste descendra du ciel comme une rosée, la terre produira son germe, et ce sera le Sauveur avec lequel on verra naitre la justice ". Le ciel et la terre s'uniront pour produire, comme par un commun enfantement, celui qui sera tout ensemble céleste et terrestre de nouvelles idées de vertu paroîtront au monde dans ses exemples et dans sa doctrine; et la grace qu'il répandra les imprimera dans les cœurs. Tout change par sa venue, et Dieu jure par lui-même que tout genou fléchira devant lui, et que toute langue reconnoitra sa souveraine puissance 7.

Voilà une partie des merveilles que Dieu a montrées aux prophètes sous les rois enfants de David, et à David avant tous les autres. Tous ont écrit par avance l'histoire du fils de Dieu, qui devoit aussi être fait le fils d'Abraham et de David. C'est ainsi que tout est suivi dans l'ordre des conseils divins. Ce Messie montré de loin comme le fils d'Abraham, est encore montré de plus près comme le fils de David. Un empire éternel lui est promis: la connoissance de Dieu répandue par tout l'univers est marquée comme le signe certain et comme le fruit de sa venue: la conversion des Gentils, et la bénédiction de tous les peuples du monde, promise depuis si longtemps à Abraham, à Isaac et à Jacob, est

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de nouveau confirmée, et tout le peuple de Dieu vit dans cette attente.

Cependant Dieu continue à le gouverner d'une manière admirable. Il fait un nouveau pacte avec David, et s'oblige de le protéger lui et les rois ses descendants, s'ils marchent dans les préceptes qu'il leur a donnés par Moïse; sinon, il leur dénonce de rigoureux châtiments '. David, qui s'oublie pour un peu de temps, les éprouve le premier : mais, ayant réparé sa faute par sa pénitence, il est comblé de biens, et proposé comme le modèle d'un roi accompli. Le trône est affermi dans sa maison. Tant que Salomon son fils imite sa piété, il est heureux : il s'égare dans sa vieillesse ; et Dieu, qui l'épargne pour l'amour de son serviteur David, lui dénonce qu'il le punira en la personne de son fils 3. Ainsi il fait voir aux pères, que, selon l'ordre secret de ses jugements, il fait durer après leur mort leurs récompenses ou leurs châtiments; et il les tient soumis à ses lois par leur intérêt le plus cher, c'est-à-dire, par l'intérêt de leur famille. En exécution de ses décrets, Roboam, téméraire par lui-même, est livré à un conseil insensé : son royaume est diminué de dix tribus". Pendant que ces dix tribus rebelles et schismatiques se séparent de leur Dieu et de leur roi, les enfants de Juda, fidèles à Dieu et à David qu'il avoit choisi, demeurent dans l'alliance et dans la foi d'Abraham. Les lévites se joignent à eux avec Benjamin : le royaume du peuple de Dieu subsiste par leur union, sous le nom de royaume de Juda; et la loi de Moïse s'y maintient dans toutes ses observances. Malgré les idolâtries et la corruption effroyable des dix" tribus séparées, Dieu se souvient de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Sa loi ne s'éteint pas parmi ces rebelles il ne cesse de les rappeler à la pénitence par des miracles innombrables, et par les continuels avertissements qu'il leur envoie par ses prophètes Endurcis dans leur crime, il ne les peut plus supporter, et les chasse de la Terre-Promise, sans espérance d'y être jamais rétablis ".

L'histoire de Tobie arrivée en ce même temps, et durant les commencements de la captivité des Israélites, nous fait voir la conduite des élus de Dieu qui restèrent dans les tribus séparées. Ce saint homme, en demeurant parmi eux avant la captivité, sut non seulement se conserver pur des idolâtries de ses frères, mais encore pratiquer la loi, et adorer Dieu publiquement dans le temple de Jérusa

II. Reg. vII. 8 et seq, III. Reg. ix. 4 et seq. IÏ. Par. vit. 17 et seq. II. Reg. XI, XII et seq. III. Reg. xi. IV. Reg. XVII. 6, 7 et seq. - Tob. i. 5, 6, 7.

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Ibid. XII.

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lem, sans que les mauvais exemples ni la crainte l'en empêchassent. Captif et persécuté à Ninive, il persista dans la piété avec sa famille'; et la manière admirable dont lui et son fils sont récompensés de leur foi, même sur la terre, montre que, malgré la captivité et la persécution, Dieu avoit des moyens secrets de faire sentir à ses serviteurs les bénédictions de la loi, en les élevant toutefois, par les maux qu'ils avoient à souffrir, à de plus hautes pensées. Par les exemples de Tobie et par ses saints avertissements, ceux d'Israël étoient excités à reconnoître du moins sous la verge la main de Dieu qui les châtioit; mais presque tous demeuroient dans l'obstination: ceux de Juda, loin de profiter des châtiments d'Israël, en imitent les mauvais exemples. Dieu ne cesse de les avertir par ses prophètes, qu'il leur envoie coup sur coup, s'éveillant la nuit, et se levant dès le matin, comme il dit lui-même 2, pour marquer ses soins paternels. Rebuté de leur ingratitude, il s'émeut contre eux, et les menace de les traiter comme leurs frères rebelles.

CHAPITRE V.

moire perpétuelle aux siècles futurs. Ceux du peuple qui demeuroient fidèles à Dieu s'unissoient à eux; et nous voyons même qu'en Israël, où régnoit l'idolâtrie, ce qu'il y avoit de fidèles célébroit avec les prophètes le sabbat et les fêtes établies par la loi de Moïse 2. C'étoit eux qui encourageoient les gens de bien à demeurer fermes dans l'alliance. Plusieurs d'eux ont souffert la mort; et on a vu, à leur exemple, dans les temps les plus mauvais, c'est-à-dire dans le règne même de Manassès 3, une infinité de fidèles répandre leur sang pour la vérité, en sorte qu'elle n'a pas été un seul moment sans témoignage.

Ainsi la société du peuple de Dieu subsistoit toujours: les prophètes y demeuroient unis: un grand nombre de fidèles persistoit hautement dans la loi de Dieu avec eux, et avec les pieux sacrificateurs, qui persistoient dans les observances que leurs prédécesseurs, à remonter jusqu'à Aaron, leur avoient laissées. Dans les règnes les plus impies, tels que furent ceux d'Achaz et de Manassès, Isaïe et les autres prophètes ne se plaignoient pas qu'on eût interrompu l'usage de la circoncision, qui étoit le sceau de l'alliance, et dans laquelle étoit renfermée, selon la doctrine de saint Paul, toute

La vie et le ministère prophétique : les jugements de Dieu l'observance de la loi. On ne voit pas non plus déclarés par les prophéties.

Il n'y a rien de plus remarquable, dans l'histoire du peuple de Dieu, que ce ministère des prophètes. On voit des hommes séparés du reste du peuple par une vie retirée, et par un habit particulier 3 ils ont des demeures où on les voit vivre dans une espèce de communauté, sous un supérieur que Dieu leur donnoit . Leur vie pauvre et pénitente étoit la figure de la mortification qui devoit être annoncée sous l'Évangile. Dieu se communiquoit à eux d'une façon particulière, et faisoit éclater aux yeux du peuple cette merveilleuse communication: mais jamais elle n'éclatoit avec tant de force que durant les temps de désordre où il sembloit que l'idolatrie alloit abolir la loi de Dieu. Durant ces temps malheureux, les prophètes faisoient retentir de tous côtés, et de vive voix, et par écrit, les menaces de Dieu, et le témoignage qu'ils rendoient à sa vérité. Les écrits qu'ils faisoient étoient entre les mains de tout le peuple, et soigneusement conservés en mé

* Tob. II. 42, 24, 22. IV. Reg. xvII. 19. xxIII. 26, 27. II. Par. xxx I. 45. Jer. XXIX. 19.- 1. Reg. XXVIII. 44. III. Reg. xix. 19. IV. Reg. 1. 8. Is. xx. 2. Zach xu. 4. — I. Reg. x. 10. XIX. 19, 20. III. Reg. xvшn IV. Reg. u. 3, 15, 18, 49, 25. IV. 10, 38. VI. 1, 2.

que les sabbats et les autres fêtes fussent abolis: et si Achaz ferma durant quelque temps la porte du temple. et qu'il y ait eu quelque interruption dans les sacrifices, c'étoit une violence qui ne fermoit pas pour cela la bouche de ceux qui louoient et confessoient publiquement le nom de Dieu; car Dieu n'a jamais permis que cette voix fût éteinte parmi son peuple : et quand Aman entreprit de détruire l'héritage du Seigneur, changer ses promesses et faire cesser ses louanges, on sait ce que Dieu fit pour l'empêcher. Sa puissance ne parut pas moins lorsqu'Antiochus voulut abolir la religion. Que ne dirent point les prophètes à Achaz et à Manassès, pour soutenir la vérité de la religion et la pureté du culte! Les paroles des voyants qui leur parloient au nom du Dieu d'Israël étoient écrites, comme remarque le texte sacré, dans l'histoire de ces rois . Si Manassès en fut touché, s'il fit pénitence, on ne peut douter que leur doctrine ne tint un grand nombre de fidèles dans l'obéissance de la loi; et le bon parti étoit si fort, que dans le jugement qu'on portoit des rois après leur mort, on déclaroit

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ces rois impies indignes du sépulere de David | Dieu n'épargna pas son sanctuaire. Ce beau et de leurs pieux prédécesseurs. Car encore temple, l'ornement du monde, qui devoit être qu'il soit écrit qu'Achaz fut enterré dans la éternel si les enfants d'Israël eussent persévéré cité de David, l'Écriture marque expressément dans la piété ', fut consumé par le feu des As ́qu'on ne le reçut pas dans le sépulcre des rois syriens. C'étoit en vain que les Juifs disoient d'Israël. On n'excepta pas Manassès de la ri- sans cesse : Le temple de Dieu, le temple de gueur de ce jugement, encore qu'il eût fait pé- Dieu Le temple de Dieu est parmi nous 2; nitence; pour laisser un monument éternel de comme si ce temple sacré eût dû les protéger l'horreur qu'on avoit eue de sa conduite. Et afin tout seul. Dieu avoit résolu de leur faire voir qu'on ne pense pas que la multitude de ceux qu'il n'étoit point attaché à un édifice de pierre, qui adhéroient publiquement au culte de Dieu mais qu'il vouloit trouver des cœurs fidèles. avec les prophètes fût destituée de la succession Ainsi il détruisit le temple de Jérusalem, il en légitime de ses pasteurs ordinaires, Ézéchiel donna le trésor au pillage; et tant de riches marque expressément, en deux endroits 2, les vaisseaux, consacrés par des rois pieux, furent sacrificateurs et les lévites enfants de Sadoc, abandonnés à un roi impie. qui, dans les temps d'égarement, avoient persisté dans l'observance des cérémonies du sanctuaire.

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| l'instruction de tout l'univers. Nous voyons en Mais la chute du peuple de Dieu devoit être rieux, ce que c'est que les conquérants. Ils ne la personne de ce roi impie, et ensemble victosont pour la plupart que des instruments de la vengeance divine. Dieu exerce par eux sa justice, et puis il l'exerce sur eux-mêmes. Nabuchodonosor revêtu de la puissance divine, rendu invincible par ce ministère, punit tous les ennemis du peuple de Dieu. Il ravage les Iduméens, les Ammonites, et les Moabites; il pouvoir de laquelle la Judée avoit tant de fois renverse les rois de Syrie: l'Égypte, sous le gémi, est la proie de ce roi superbe, et lui devient tributaire 3; sa puissance n'est pas moins des délais que Dieu lui donne. Tout tombe, fatale à la Judée même, qui ne sait pas profiter tout est abattu par la justice divine, dont Nabuchodonosor est le ministre il tombera à son tour; et Dieu, qui emploie la main de ce prince pour châtier ses enfants et abattre ses ennemis, le réserve à sa main toute- puissante.

Cependant, malgré les prophètes, malgré les prêtres fidèles, et le peuple uni avec eux dans la pratique de la loi, l'idolâtrie qui avoit ruiné Israël entraînoit souvent, dans Juda même, et les princes et le gros du peuple. Quoique les rois oubliassent le Dieu de leurs pères, il supporta longtemps leurs iniquités, à cause de David son serviteur. David est toujours présent à ses yeux. Quand les rois enfants de David suivent les bons exemples de leur père, Dieu fait des miracles surprenants en leur faveur: mais ils sentent, quand ils dégénèrent, la force invincible de sa main, qui s'appesantit sur eux. Les rois d'Égypte, les rois de Syrie, et surtout les rois d'Assyrie et de Babylone, servent d'instrument à sa vengeance. L'impiété s'augmente, et Dieu suscite en Orient un roi plus superbe et plus redoutable que tous ceux qui avoient paru jusqu'alors: c'est Nabuchodonosor, roi de Babylone, le plus terrible des conquérants. Il le montre de loin aux peuples et aux rois comme le vengeur destiné à les punir 3. Il approche, et la frayeur marche devant lui. Il prend une première fois Jérusalem, et transporte à Babylone une partie de ses habitants". Ni ceux qui restent dans le pays, ni ceux qui sont transpor- Il n'a pas laissé ignorer à ses enfants la destés, quoique avertis les uns par Jérémie, et les tinée de ce roi, qui les châtioit, et de l'empire autres par Ézéchiel, ne font pénitence. Ils pré- des Chaldéens, sous lequel ils devoient être fèrent à ces saints prophètes des prophètes qui captifs. De peur qu'ils ne fussent surpris de la leur préchoient des illusions, et les flattoient gloire des impies, et de leur règne orgueilleux, dans leurs crimes. Le vengeur revient en Judée, les prophètes leur en dénonçoient la courte duet le joug de Jérusalem est aggravé; mais elle rée. Isaïe qui a vu la gloire de Nabuchodonosor n'est pas tout-à-fait détruite. Enfin l'iniquité et son orgueil insensé long-temps avant sa naisvient à son comble; l'orgueil croît avec la foi-sance, a prédit sa chute soudaine et celle de son blesse, et Nabuchodonosor met tout en poudre". empire. Babylone n'étoit presque rien, quand

▲ Par. xxvIII. 27.-2 Ezech. XLIV. 45. XLVIII. 14. 5 Jer. XXV, etc. Ezech. xxvi, etc. 4 - IV. Reg. XXIV. 4. II. Par. XXXVI. 5, 6. › Jer, xiv, 44. — § IV. Reg. xxv.

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10,

CHAPITRE VI.

Jugements de Dieu sur Nabuchodonosor, sur les rois ses successeurs, et sur tout l'empire de Babylone.

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