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Abraham fit la guerre de son chef aux rois qui avoient pillé Sodome, les défit, et offrit la dime des dépouilles à Melchisédech, roi de Salem,

une image de la puissance par laquelle il a tout » gneur étoit avec vous, et pour cela nous avons fait, il leur a aussi transmis une image de la puis-» dit: Qu'il y ait entre nous un accord confirmé sance qu'il a sur ses œuvres. C'est pourquoi nous » par serment. »> voyons dans le Décalogue, qu'après avoir dit : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et ne ser» viras que lui; » il ajoute aussitôt « Honore » ton père et ta mère, afin que tu vives long-pontife du Dieu très haut '. » temps sur la terre que le Seigneur ton Dieu » te donnera'. » Ce précepte est comme une suite de l'obéissance qu'il faut rendre à Dieu, qui est le vrai père.

De là nous pouvons juger que la première idée de commandement et d'autorité humaine, est venue aux hommes de l'autorité paternelle. Les hommes vivoient long-temps au commencement du monde, comme l'atteste non seulement l'Écriture, mais encore toutes les anciennes traditions et la vie humaine commence à décroître seulement après le déluge, où il se fit une si grande altération dans toute la nature. Un grand nombre de familles se voyoient par ce moyen réunies sous l'autorité d'un seul grandpère; et cette union de tant de familles avoit quelque image de royaume.

Assurément durant tout le temps qu'Adam. vécut, Seth, que Dieu lui donna à la place d'Abel, lui rendit avec toute sa famille une entière obéissance.

Caïn, qui viola le premier la fraternité humaine par un meurtre, fut aussi le premier à se soustraire de l'empire paternel: haï de tous les hommes, et contraint de s'établir un refuge, il bâtit la première ville, à qui il donna le nom de son fils Henoch 2.

C'est pourquoi les enfants de Seth avec qui il fait un accord, l'appellent Seigneur, et le traitent de prince. « Écoutez-nous, Seigneur; vous » êtes parmi nous un prince de Dieu 2; » c'està-dire, qui ne relève que de lui.

Aussi a-t-il passé pour roi dans les histoires profanes. Nicolas de Damas, soigneux observateur des antiquités, le fait roi; et sa réputation dans tout l'Orient est cause qu'il le donne à son pays. Mais au fond la vie d'Abraham étoit pastorale, son royaume étoit sa famille ; et il exercoit seulement, à l'exemple des premiers hommes, l'empire domestique et paternel.

IVC PROPOSITION.

Il s'établit pourtant bientôt des rois, ou par le consentement des peuples, ou par les armes : où il est parlé du droit de conquêtes.

Ces deux manières d'établir les rois sont connues dans les histoires anciennes. C'est ainsi qu'Abimelech, fils de Gédéon, fit consentir ceux de Sichem à le prendre pour leur souverain. « Lequel aimez-vous mieux, leur dit-il3, ou d'a>> voir pour maître soixante et dix hommes, en»fants de Jérobaal; ou de n'en avoir qu'un seul, » qui encore est de votre ville et de votre pa>> renté et ceux de Sichem tournèrent leur cœur vers Abimelech. »

Les autres hommes vivoient à la campagne, dans la première simplicité, ayant pour loi la» volonté de leurs parents, et les coutumes anciennes.

Telle fut encore, après le déluge, la conduite de plusieurs familles, surtout parmi les enfants de Sem, où se conservèrent plus long-temps les anciennes traditions du genre humain, et pour le culte de Dieu, et pour la manière du gouver

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C'est ainsi que le peuple de Dieu demanda, de lui-même, un roi pour le juger.

Le même peuple transmit toute l'autorité de la nation à Simon, et à sa postérité. L'acte en est dressé au nom des prêtres, de tout le peuple, des grands, et des sénateurs, qui consentirent à le faire prince 5.

Nous voyons, dans Hérodote, que Déjocès fut fait roi des Mèdes de la même manière.

Pour les rois par conquêtes, tout le monde en sait les exemples.

Au reste, il est certain qu'on voit des rois de bonne heure dans le monde. On voit, du temps d'Abraham, c'est-à-dire quatre cents ans environ après le déluge, des royaumes déja formés et établis de long temps. On voit premièrement quatre rois qui font la guerre contre cinq ®. On

* Gen. xiv. 14, etc. — Ibid. xx111. 6. — § Jud. 18. 2, 3. — I, Reg. VII. 3. – 3 Mechab. XIV. 28, 41 — * Gen. XIV. 4, 9.

voit Melchisédech, roi de Salem, pontife du Dieu très haut, à qui Abraham donne la dime'. On voit Pharaon, roi d'Égypte, et Abimelech, roi de Gérare 2. Un autre Abimelech, aussi roi de Gérare, paroit du temps d'Isaac 3; et ce nom apparemment étoit commun aux rois de ce pays-là, comme celui de Pharaon aux rois d'Égypte.

Tous ces rois paroissent bien autorisés; on leur voit des officiers réglés, une cour, des grands qui les environnent, une armée et un chef des armes pour la commander, une puissance affermie. « Qui touchera, dit Abime» lech 3, la femme de cet homme, il mourra de

» mort.

Les hommes qui avoient vu, ainsi qu'il a été dit, une image de royaume dans l'union de plusieurs familles, sous la conduite d'un père commun; et qui avoient trouvé de la douceur dans cette vie, se portèrent aisément à faire des sociétés de familles sous des rois qui leur tinssent lieu de père.

ve PROPOSITION.

Il y avoit au commencement une infinité de royaumes, et tous petits.

Il paroit par l'Écriture que presque chaque ville, et chaque petite contrée avoit son roi'. On compte trente-trois rois dans le seul petit pays que les Juifs conquirent2.

La même chose paroît dans tous les auteurs anciens, par exemple dans Homère; et ainsi des autres.

La tradition commune du genre humain, sur ce point, est fidèlement rapportée par Justin, qui remarque qu'au commencement il n'y avoit que de petits rois, chacun content de vivre doucement dans ses limites avec le peuple qui lui étoit commis. «Ninus, dit-il, rompit le premier

» la concorde des nations. »

Il n'importe que ce Ninus soit Nemrod, ou que Justin l'ait fait par erreur le premier des conquérants. Il suffit qu'on voie que les premiers rois ont été établis avec douceur, à l'exemple du gouvernement paternel.

VI PROPOSITION.

C'est pour cela apparemment que les anciens peuples de la Palestine appeloienl leurs rois Abimelech, c'est-à-dire, Mon père le roi. Les sujets se tenoient tous comme les enfants du prince; et chacun l'appelant Mon père le roi, ce nom de- Il y a eu d'autres formes de gouvernement que celle de la vint commun à tous les rois du pays.

Mais outre cette manière innocente de faire des rois, l'ambition en a inventé une autre. Elle a fait des conquérants, dont Nemrod, petitfils de Cham, fut le premier. « Celui-ci, homme » violent et guerrier, commença à être puissant » sur la terre, et conquit d'abord quatre villes » dont il forma son royaume. »

Ainsi les royaumes formés par les conquêtes sont anciens, puisqu'on les voit commencer si près du déluge, sous Nemrod, petit-fils de Cham.

Cette humeur ambitieuse et violente se répandit bientôt parmi les hommes. Nous voyons Chodorlahomor, roi des Élamites, c'est-à-dire, des Perses et des Mèdes, étendre bien loin ses conquêtes dans les terres voisines de la Palestine 7.

royauté.

Les histoires nous font voir un grand nombre de républiques, dont les unes se gouvernoient par tout le peuple, ce qui s'appeloit démocratie; et les autres par les grands, ce qui s'appeloit aristocratie.

Les formes de gouvernement ont été mêlées en diverses sortes, et ont composé divers États mixtes dont il n'est pas besoin de parler ici.

Nous voyons, en quelques endroits de l'Écriture, l'autorité résider dans une communauté.

Abraham demande le droit de sépulcre à tout le peuple assemblé, et c'est l'assemblée qui l'accorde ".

Il semble qu'au commencement les Israélites vivoient dans une forme de république. Sur quelque sujet de plainte arrivée du temps de Josué contre ceux de Ruben et de Gad, « les Ces empires, quoique violents, injustes et ty- » enfants d'Israël s'assemblèrent tous à Silo pour ranniques d'abord; par la suite des temps, et » les combattre ; mais auparavantils envoyèrent par le consentement des peuples, peuvent deve.» dix ambassadeurs, pour écouter leurs raisons: nir légitimes; c'est pourquoi les hommes ont ils donnèrent satisfaction, et tout le peuple reconnu un droit qu'on appelle de conquête,» s'apaisa 1. » dont nous aurons à parler plus au long avant que d'abandonner cette matièr

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Un lévite dont la femme avoit été violée, et tuée par quelques uns de la tribu de Benjamin, sans qu'on en eût fait aucune justice, toutes les

Gen. xiv, etc.

6 Ibid. x. 8,

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Jos. XII. 2, 4, 7-24. -- Gen. XXII 2 Jos. xx. 11, 12, 45, 14, 33.

tribus s'assemblent pour punir cet attentat, et ils se disoient l'un à l'autre dans cette assemblée: «Jamais il ne s'est fait telle chose en » Israël; jugez et ordonnez en commun ce qu'il » faut faire 1. >>

C'étoit en effet une espèce de république, mais qui avoit Dieu pour roi.

VII PROPOSITION.

La monarchie est la forme de gouvernement la plus commune, la plus ancienne, et aussi la plus naturelle.

Le peuple d'Israël se réduisit de lui-même à la monarchie, comme étant le gouvernement universellement reçu. « Établissez-nous un roi » pour nous juger, comme en ont tous les autres » peuples 2. »

Si Dieu se fâche, c'est à cause que jusque-là il avoit gouverné ce peuple par lui-même, et qu'il en étoit le vrai roi. C'est pourquoi il dit à Samuel : « Ce n'est pas toi qu'ils rejettent; c'est >> moi qu'ils ne veulent point pour régner sur >> eux 3. »

Au reste ce gouvernement étoit tellement le plus naturel, qu'on le voit d'abord dans tous les peuples.

Nous l'avons vu dans l'histoire sainte: mais ici un peu de recours aux histoires profanes nous fera voir que ce qui a été en république a vécu premièrement sous des rois.

populaire, d'où elle est venue assez tard à l'état où nous la voyons.

Tout le monde donc commence par des monarchies; et presque tout le monde s'y est conservé comme dans l'état le plus naturel.

Aussi avons-nous vu qu'il a son fondement et son modèle dans l'empire paternel, c'est-à-dire dans la nature même.

Les hommes naissent tous sujets : et l'empire paternel, qui les accoutume à obéir, les accoutume en même temps à n'avoir qu'un chef.

VIII PROPOSITION.

Le gouvernement monarchique est le meilleur. S'il est le plus naturel, il est par conséquent le plus durable, et dès-là aussi le plus fort.

C'est aussi le plus opposé à la division, qui est le mal le plus essentiel des États, et la cause la plus certaine de leur ruine, conformément à cette parole déja rapportée: «Tout royaume » divisé en lui-même sera désolé : toute ville ou » toute famille divisée en elle-même ne subsis>> tera pas '. >>

Nous avons vu que notre Seigneur a suivi en cette sentence le progrès naturel du gouvernement, et semble avoir voulu marquer aux royaumes et aux villes le même moyen de s'unir que la nature a établi dans les familles.

En effet, il est naturel que quand les familles auront à s'unir pour former un corps d'État, Rome a commencé par là et y est enfin reve- elles se rangent comme d'elles-mêmes au gounue, comme à son état naturel. vernement qui leur est propre.

Ce n'est que tard, et peu à peu, que les villes grecques ont formé leurs républiques. L'opinion ancienne de la Grèce étoit celle qu'exprime Homère, par cette célèbre sentence, dans l'Iliade: « Plusieurs princes n'est pas une bonne chose : » qu'il n'y ait qu'un prince et un roi. »

Quand on forme les États, on cherche à s'unir, et jamais on n'est plus uni que sous un seul chef. Jamais aussi on n'est plus fort, parceque tout va en concours.

Les armées, où paroît le mieux la puissance humaine, veulent naturellement un seul chef: tout est en péril quand le commandement est partagé. « Après la mort de Josué, les enfants » d'Israël consultèrent le Seigneur, disant: Qui

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A présent il n'y a point de république qui n'ait été autrefois soumise à des monarques. Les Suisses étoient sujets des princes de la maison d'Autriche. Les Provinces-Unies ne font que» marchera devant nous contre les Chananéens, sortir de la domination d'Espagne, et de celle de la maison de Bourgogne. Les villes libres d'Allemagne avoient leurs seigneurs particuliers, outre l'Empereur qui étoit le chef commun de tout le corps germanique. Les villes d'Italie qui se sort mises en république du temps de l'empereur Rodolphe, ont acheté de lui leur liberté. Venise même, qui se vante d'être république dès son origine, étoit encore sujette aux empereurs sous le règne de Charlemagne, et long-temps après: elle se forma depuis en État

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» et qui sera notre capitaine dans cette guerre? » et le Seigneur répondit: ce sera la tribu de Juda 2. Les tribus, égales entre elles, veulent qu'une d'elles commande. Au reste, il n'étoit pas besoin de donner un chef à cette tribu; puisque chaque tribu avoit le sien. « Vous aurez des princes et des chefs de vos tribus, et voici >> leurs noms 3, » etc.

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Le gouvernement militaire, demandant naturellement d'être exercé par un seul, il s'ensuit que cette forme de gouvernement est la plus

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propre à tous les États, qui sont foibles et en proie au premier venu, s'ils ne sont formés à la guerre.

Et cette forme de gouvernement à la fin doit prévaloir, parceque le gouvernement militaire, qui a la force en main, entraine naturellement tout l'État après soi.

Cela doit surtout arriver aux États guerriers, qui se réduisent aisément en monarchie; comme a fait la république romaine, et plusieurs autres

de même nature.

Il vaut donc mieux qu'il soit établi d'abord, et avec douceur; parcequ'il est trop violent, quand il gagne le dessus par la force ouverte.

IX PROPOSITION.

De toutes les monarchies la meilleure est la successive ou héréditaire surtout quand elle va de måle en måle, et d'aîné en aîné.

C'est celle que Dieu a établie dans son peuple. « Car il a choisi les princes dans la tribu de » Juda; et dans la tribu de Juda il a choisi ma » famille, c'est David qui parle, et il m'a choisi » parmi tous mes frères ; et parmi mes enfants, >> il a choisi mon fils Salomon, pour être assis » sur le trône du royaume du Seigneur sur tout » Israël; et il m'a dit: J'affermirai son règne à » jamais, s'il persévère dans l'obéissance qu'il >> doit à mes lois '. »

Voilà donc la royauté attachée par succession à la maison de David et de Salomon : « et le trône » de David est affermi à jamais 2.»

En vertu de cette loi, l'aîné devoit succéder au préjudice de ses frères. C'est pourquoi Adonias, qui étoit l'aîné de David, dit à Bethsabée, mère de Salomon: «Vous savez que le royaume » étoit à moi, et tout Israël m'avoit reconnu; » mais le Seigneur a transféré le royaume à mon » frère Salomon 3. >>>

Xe PROPOSITION.

La monarchie héréditaire a trois principaux avantages.

Trois raisons font voir que ce gouvernement est le meilleur.

La première, c'est qu'il est le plus naturel, et qu'il se perpétue de lui-même. Rien n'est plus durable qu'un État qui dure et se perpétue, par les mêmes causes qui font durer l'univers, et qui perpétuent le genre humain.

David touche cette raison quand il parle ainsi : « Ç'a été peu pour vous, ô Seigneur ! de » m'élever à la royauté : vous avez encore éta» bli ma maison à l'avenir: et c'est là la loi d'A» dam, ô Seigneur Dieu! » c'est-à-dire, que c'est l'ordre naturel que le fils succède au père.

Les peuples s'y accoutument d'eux-mêmes. » J'ai vu tous les vivants suivre le second, tout » jeune qu'il est (c'est-à-dire le fils du roi), qui » doit occuper sa place 2. »

Point de brigues, point de cabales dans un État pour se faire un roi, la nature en a fait un : le mort, disons-nous, saisit le vif, et le roi ne meurt jamais.

Le gouvernement est le meilleur, qui est le plus éloigné de l'anarchie. A une chose aussi nécessaire que le gouvernement parmi les hommes, il faut donner les principes les plus aisés, et l'ordre qui roule le mieux tout seul.

La seconde raison qui favorise ce gouvernement, c'est que c'est celui qui intéresse le plus à la conservation de l'État les puissances qui le conduisent. Le prince qui travaille pour son État, travaille pour ses enfants; et l'amour qu'il a pour son royaume, confondu avec celui qu'il a pour sa famille, lui devient naturel.

Il est naturel et doux de ne montrer au prince d'autre successeur que son fils; c'est-à-dire un Il disoit vrai, et Salomon en tombe d'accord, autre lui-même, ou ce qu'il a de plus proche. lorsqu'il répond à sa mère, qui demandoit pour Alors il voit sans envie passer son royaume en Adonias une grace dont la conséquence étoit ex-d'autres mains : et David entend avec joie cette trême selon les mœurs de ces peuples*: «Deman» dez pour lui le royaume; car il étoit mon aîné, » et il a dans ses intérêts le pontife Abiathar et » Joab. » Il veut dire qu'il ne faut pas fortifier un prince qui a le titre naturel, et un grand parti dans l'État.

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acclamation de son peuple. « Que le nom de » Salomon soit au-dessus de votre nom, et son >> trône au-dessus de votre trône 3. »

Il ne faut point craindre ici les désordres causés dans un État par le chagrin d'un prince, ou d'un magistrat, qui se fàche de travailler pour son successeur. David empêché de bâtir le temple, ouvrage si glorieux et si nécessaire, autant à la monarchie qu'à la religion, se réjouit de voir ce grand ouvrage réservé à son fils Salomon; et il en fait les préparatifs avec autant - Eccle, w. 15, — III. Reg, 1. 47.

11. Reg. vit. 19.

de soin, que si lui-même devoit en avoir l'honneur. «Le Seigneur a choisi mon fils Salomon » pour faire ce grand ouvrage, de bâtir une >> maison, non aux hommes, mais à Dieu même: » et moi j'ai préparé de toutes mes forces tout ce >>> qui étoit nécessaire à bâtir le temple de mon

>> Dieu1. »>

Il reçoit ici double joie : l'une, de préparer du moins au Seigneur son Dieu, l'édifice qu'il ne lui est pas permis de bâtir; l'autre, de donner à son fils les moyens de le construire bientôt. La troisième raison est tirée de la dignité des maisons, où les royaumes sont héréditaires.

« Ç'a été peu pour vous, ô Seigneur! de me >> faire roi, vous avez établi ma maison à l'ave»nir, et vous m'avez rendu illustre au-dessus » de tous les hommes. Que peut ajouter David à

Où les filles succèdent, les royaumes ne soitent pas seulement des maisons régnantes, mais de toute la nation or il est bien plus convenable que le chef d'un État ne lui soit pas étranger : et c'est pourquoi Moïse avoit établi cette loi : « Vous ne pourrez pas établir sur vous un >> roi d'une autre nation, mais il faut qu'il soit » votre frère1. »

Ainsi la France, où la succession est réglée selon ces maximes, peut se glorifier d'avoir la meilleure constitution d'État qui soit possible, et la plus conforme à celle que Dieu mêmé a établie. Ce qui montre tout ensemble, et la sagesse de nos ancêtres, et la protection particulière de Dieu sur ce royame.

X11C PROPOSITION.

>> tant de choses, lui que vous avez glorifié si On doit s'attacher à la forme du gouvernement qu'on

» hautement, et envers qui vous vous êtes mon>> tré si magnifique2? »

Cette dignité de la maison de David s'augmentoit à mesure qu'on en voyoit naître les rois ; le trône de David, et les princes de la maison de David, devinrent l'objet le plus naturel de la vénération publique. Les peuples s'attachoient à cette maison; et un des moyens dont Dieu se servit pour faire respecter le Messie, fut de l'en faire naître. On le réclamoit avec amour sous le nom de fils de David3.

C'est ainsi que les peuples s'attachent aux maisons royales. La jalousie qu'on a naturellement contre ceux qu'on voit au-dessus de soi, se tourne ici en amour et en respect; les grands même obéissent sans répugnance à une maison qu'on a toujours vue maîtresse, et à laquelle on sait que nulle autre maison ne peut jamais être égalée.

Il n'y a rien de plus fort pour éteindre les partialités, et tenir dans le devoir les égaux, que

trouve établie dans son pays.

«Que toute ame soit soumise aux puis»sances supérieures : car il n'y a point de puis»sance qui ne soit de Dieu; et toutes celles qui » sont, c'est Dieu qui les a établies: ainsi, qui » résiste à la puissance, résiste à l'ordre de » Dieu 2. >>>

Il n'y a aucune forme de gouvernement, ni aucun établissement humain qui n'ait ses inconvénients; de sorte qu'il faut demeurer dans l'état auquel un long-temps a accoutumé le peuple. C'est pourquoi Dieu prend en sa protection tous les gouvernements légitimes, en quelque forme qa'ils soient établis : qui entreprend de les renverser, n'est pas seulement ennemi public, mais encore ennemi de Dieu.

ARTICLE II.

PREMIÈRE PROPOSITION.

l'ambition et la jalousie rendent incompatibles 11 y a un droit de conquètes très ancien, et attesté par

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l'Ecriture.

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