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On en avoit usé de même dès le commencement envers Jésus-Christ. Hérode, à qui Pilate l'avoit renvoyé, ne vouloit voir que des miracles; et il auroit souhaité qu'un Dieu employât sa toute-puissance pour le divertir. Parcequ'il ne voulut pas lui faire un jeu des ouvrages de sa puissante main, il le méprisa, et le renvoya comme un fou, avec un habit blanc dont il le revêtit '.

Pilate ne fit pas mieux. Comme Jésus lui eut dit,« Je suis né, et je suis venu dans le monde >> afin de rendre témoignage à la vérité 2: » parole profonde, où il vouloit lui apprendre à chercher la vérité de Dieu; il lui repartit: « Et » qu'est-ce que la vérité?? » Après quoi il leva le siége sans s'en informer davantage : comme s'il eût dit: La vérité, dites-vous! et qui la sait? ou que nous importe de la savoir, cette vérité qui nous passe? Les mondains, et surtout les grands, ne s'en soucient guère, et ils n'ont à cœur que les plaisirs et les affaires.

Nous ne sommes pas meilleurs que tous ceux dont nous venons de parler; et si nous ne méprisons pas si ouvertement Jésus-Christ et sa doctrine; quand il en faut venir au sérieux de la religion, c'est-à-dire à la pratique, et à sacrifier son ambition ou son plaisir à Dieu et à son salut, nous nous rions secrètement de ceux qui nous le conseillent; et la religion ne nous est pas moins un jeu qu'aux infidèles.

VIC PROPOSITION.

Comment la politique en vint enfin à persécuter la religion avec une iniquité manifeste.

crier ses dieux, à qui elle se persuadoit qu'elle devoit ses victoires. Les empereurs s'irritèrent de ce qu'on ne vouloit plus les adorer. La politique romaine décida qu'il s'en falloit tenir à la religion ancienne; et qu'y souffrir du changement, c'étoit l'exposer à sa ruine. On voulut s'imaginer des séditions, des révoltes, des guerres civiles, dans l'établissement du christianisme; encore que l'expérience fit voir, qu'en effet la religion s'établissoit, sans même que les persécutions, quelque violentes qu'elles fussent, excitassent, je ne dis pas aucun mouvement et aucune désobéissance, mais même aucun murmure dans les chrétiens. Mais le monde superbe et corrompu ne vouloit pas se laisser convaincre d'ignorance et d'aveuglement, ni souffrir une religion qui changeoit la face du monde.

Vie PROPOSITION.

Les esprits foibles se moquent de la piété des rois.

Michol, femme de David, nourrie dans le faste et sans piété avec son père Saül; quand elle vit le roi, son mari, tout transporté devant l'arche qu'il faisoit porter dans Sion avec une pompe royale, « le méprisa en son cœur, Qu'il étoit » beau, disoit-elle ', de voir le roi d'Israël avec

les servantes, marchant nu comme un bate>> leur ! » Ne faisoit-il pas là un beau personnage? Mais David, quoiqu'il l'aimât tendrement, lui répondit : « Vive le Seigneur, qui m'a » élevé plutôt que votre père et sa maison! je » m'humilierai encore plus que je n'ai fait de»vant lui, et je serai méprisable à mes yeux; » et je tiendrai à gloire de m'humilier, comme vous disiez, avec les servantes. »

Si on n'eût fait que discourir de la religion» comme d'une matière curieuse, le monde ne Il ne faut point laisser dominer cet esprit de l'auroit peut-être pas persécu'ée: mais comme raillerie dans les cours surtout; dans les femon vit qu'elle condamnoit ceux qui ne la sui- mes, quand même elles seroient reines: puisque voient pas, les intérêts s'en mêlèrent. Les pha- c'est là au contraire ce qu'on doit le plus répririsiens ne purent souffrir qu'on décriât leur ava-mer. Dieu récompensa la piété de David, et purice, ni qu'on vint ruiner la domination qu'ils nit Michol par une éternelle stérilité 3. usurpoient sur les consciences. Ceux qui fai-it 3.

soient des idoles, et les autres qui profitoient parmi les païens du culte superstitieux, animoient le peuple. On se souvint que « Diane » étoit la grande déesse des Éphésiens, quand » on vit qu'en la décriant, la majesté de son » temple que tout le monde révéroit, » et ensemblé la grande considération, et le grand profit qui venoit de ce côté-là aux particuliers et au public 5, s'en alloit à rien.

Rome elle-même se fàcha qu'on voulût dé

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VIII PROPOSITION.

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II. Reg VI. 16, 20.-Iid, 21, 22. - Mid. 23.

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times (tout le long du chemin où passoit l'ar-gardoient bien de détruire les veaux d'or que che). Elle marchoit au son des trompettes, Jeroboam avoit érigés pour y attacher le peu>> des tambours et des hautbois, et de toute sor- ple. Car il avoit dit en lui même : Le royaume »te d'instruments de musique. » Le roi, dé- » retournera à la maison de David, si ce peuple pouillé de l'habit royal qu'il n'osa porter devant monte toujours à Jérusalem dans la maison du Dieu, « et revêtu simplément d'une tunique de Seigneur pour y offrir les sacrifices. Le cœur » lin, alloit après, avec tout le peuple et ses ca- » de ce peuple se tournera vers Roboam, roi » pitaines en grande joie, jouant de sa lyre et » de Juda, et ils me feront mourir, et ils re» dansant de toutes ses forces, dans le transport» tourneront à lui. Ainsi par un conseil médité, » où il étoit '. » C'étoit des cérémonies que le temps autorisoit.

Dans une occasion plus lugubre, lorsqu'en punition de son péché il fuyoit devant Absalon, nous avons vu qu'on lui apporta l'arche, comme la seule chose qui lui pouvoit donner de la consolation. Mais il ne se jugea pas digne de la voir en l'état où il étoit; où Dieu le traitoit comme un pécheur. «Hé! dit-il 2, si je trouve grace devant » le Seigneur (après ces jours de châtiments), >> il me la montrera un jour en son tabernacle. » C'étoit là le plus cher objet de ses vœux. Et durant le temps de Saül, banni de son pays et des saintes assemblées du peuple de Dieu, il ne soupiroit qu'après l'arche. Grand exemple, pour faire connoître ce qu'on doit sentir en présence de l'eucharistie, dont l'arche n'étoit qu'une figure imparfaite.

IX PROPOSITION.

Le prince doit craindre trois sortes de fausse piété et premièrement la piété à l'extérieur, et par politique.

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» il fit deux veaux d'or; et il leur dit: Ne mon» tez plus à Jérusalem; ô Israël! voilà tes dieux, » qui t'ont tiré de la terre d'Egypte! »

Ainsi Jéhu massacra tous les sacrificateurs de Baal, et il en brisa la statue, et il mit le feu dans son temple. Et comme s'il eût voulu s'acquitter de tous les devoirs de la religion; il prend dans son chariot le saint homme Jonadab, fils de Réchab, pour être témoin de sa conduite. «Ve

nez, lui dit-il 2, et voyez mon zèle pour le » Seigneur! Mais il ne se retira pas des péchés » de Jéroboam, ni des veaux d'or, qu'il avoit » dressés à Béthel et à Dan. » La raison d'État ne le vouloit pas.

Telle est la religion d'un roi politique. Il fait paroître du zèle dans les choses qui ne blessent pas son ambition, et il semble même vouloir contenter les plus gens de bien : mais la fausse politique l'empêche de pousser la piété jusqu'au bout. Joachaz, un des successeurs de Jéhu dans le royaume d'Israël, sembla vouloir aller plus loin. Dieu avoit livré Israël à Hazaël roi de » Syrie, et à son fils Bénadad: et Joachaz pria le Seigneur, qui écouta sa voix : car il eut pitie d'Israël, que ces rois avoient réduit à l'extrémité. Mais Joachaz, qui sembloit vouloir retourner à Dieu de tout son cœur dans sa pénitence, n'eut pas la force d'abattre ces veaux d'or, qui étoient le scandale d'Israël : « et il ne » se retira pas des péchés de Jéroboam Dieu » aussi l'abandonna. Et le roi de Syrie fit de lui et de son peuple comme on fait de la poudre » qu'on secoue dans la batture 4.

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Deux raisons doivent faire craindre au prince» de donner trop à l'extérieur, dans les exercices de la piété. La première, parcequ'il est un personnage public; par conséquent, composé et peu naturel, s'il n'y prend garde, par les grands egards qu'il doit avoir pour le public, qui a les yeux attachés sur lui. Secondement, parcequ'en effet la piété est utile à établir la domination; de sorte qu'insensiblement le prince pourroit s'accoutumer à la regarder de ce côté-là. Ainsi Saul disoit à Samuel qui l'abandonnoit, et ne youloit plus assister avec lui au sanctuaire de Dieu devant tout le peuple: « J'ai mal fait; » mais honorez-moi devant Israël, et devant les » sénateurs de mon peuple; et retournez avec » moi pour adorer le Seigneur votre Dieu. » Il ne vouloit plus l'appeler le sien; et peu soiso gneux de la religion, il ne songeoit plus qu'à garder les dehors par politique.

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Ainsi les rois d'Israël se montroient quelquefois pieux contre Baal et ses idoles. Mais ils se

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II. Reg. vi. 43 et seq. 1. Par. xv. 23 et seq. 2 II. Reg xv. 25, — * f. Reg. xv. 50.

Tout cet extérieur de piété n'est qu'hypocrisie; et il est familier aux princes rusés, qui ne songent qu'à amuser le peuple par les apparences. Ainsi Hérode, ce vieux et dissimulé politique, faisant semblant d'être zélé pour la loi des Juifs, jusqu'à rebatir le temple avec une magnificence qui ne cédoit rien à celle de Salomon, en même temps il élevoit des temples à Auguste.

Et on sait ce qu'il voulut faire contre JésusChrist 3. A ne regarder que l'extérieur, il ne de

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Xie PROPOSITION.

siroit rien tant que d'adorer avec les Mages ce | honorable à son peuple, qu'ils avoient si longroi des Juifs, nouveau-né. Il assembla le conseil temps tyrannisé. ecclésiastique, comme un homme qui ne vouloit autre chose que d'être éclairci des prophéties; mais tout cea pour couvrir le noir dessein d'assassiner le Sauveur, que le titre de roi des Juifs rendoit odieux à son ambition; encore que la manière dont il voulut paroître aux hommes, montrât assez que son royame n'étoit pas de ce monde.

Xe PROPOSITION.

Seconde espèce de fausse piété : la piété forcée, ou intéressée.

Telle étoit celle d'Holopherne, lorsqu'il disoit à Judith : « Votre Dieu sera mon Dieu, s'il >> fait pour moi ce que vous promettez, » c'està-dire tant de victoires. Les ambitieux adoreront qui vous voudrez, pourvu que leur ambition soit contente.

Troisième espèce de fausse piété : la piété mal entendue, et établie où elle n'est pas.

«Va, et passe au fil de l'épée ce méchant » peuple d'Amalec: et ne réserve rien de cette »> nation impie, que j'ai dévouée à la vengeance, » dit le Seigneur à Saül. Et ce prince sauva du >> butin les brebis et les bœufs, pour les immoler » au Seigneur. Mais Samuel lui dit: Sont-ce » des victimes ou des sacrifices que le Seigneur » demande, et non pas qu'on obéisse à sa voix ? » L'obéissance vaut mieux que le sacrifice; et il » est meilleur d'obéir, que d'offrir la graisse des » béliers: car désobéir, c'est comme qui consul» teroit les devins; et ne se soumettre pas, c'est » le crime d'idolâtrie '. »

La sentence partit d'en-haut. «Dieu ta rejeté, » dit Samuel; et tu ne seras plus roi 2. »

« Hérode craignoit saint Jean qui le repreHérode, qui fit mourir saint Jean-Baptiste, au » noit (avec une force invincible): car il savoit milieu de ses plus grands crimes, n'étoit pas sans » que c'étoit un homme saint, et juste; et il faiquelques sentiments de religion. Il mit en pri» soit plusieurs choses par son avis, et il l'écou-son le saint précurseur qui le reprenoit haute>> toit volontiers 2. » Car nous avons vu que ces politiques veulent quelquefois contenter les gens de bien. Mais tout cela n'étoit qu'artifice ou terreur superstitieuse; puisqu'il craignoit tellement saint Jean, qu'après lui avoir fait couper la tête, il craignoit encore qu'il ne fût ressuscité des morts, pour le tourmenter.

ment de son inceste. Mais en même temps nous avons vu qu'il le craignoit, sachant que c'é>> toit un homme juste et saint; qu'il le faisoit >> venir souvent, et même suivoit ses conseils 3.»> Il le livra néanmoins à la fin: et injustement scrupuleux, la religion du serment l'emporta à

Écoutez un Antiochus, ce superbe roi de Sy-son crime. « Il fut fâché de s'être engagé;

rie. « Il est juste, dit-il, d'être soumis à Dieu, » et qu'un mortel n'entreprenne pas de s'égaler » à lui. Et il ne parle que d'égaler aux Athé»> niens les Juifs, qu'il ne jugeoit pas dignes » seulement de la sépulture; et d'affranchir Jé» rusalem, qu'il avoit si cruellement opprimée; >> combler de dons le temple qu'il avoit dé» pouillé ; et enfin de se faire Juif. » Mais c'est qu'il sentoit la main de Dieu, à laquelle il s'imaginoit se pouvoir soustraire, par toutes ces vaines promesses. Dieu méprisa sa pénitence forcée: «et ce méchant demandoit la miséri» corde, qu'il ne devoit pas obtenir 3.

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Galère Maximien, et Maximin, les deux plus cruels persécuteurs de l'Eglise des chrétiens, moururent avec un aveu aussi forcé et aussi

vain de leur faute : et avant que de les livrer au dernier supplice, Dieu leur fit faire amende

Judith. XI. 21. — Marc. vi. 20. Luc. 111. 49. — 3 Marc. VI. 46. — II. Machab. IX. 11, 42 et seq. - II. Machab. IX. 43. Euseb. Hist. Eccl. lib. VIII. c. 46, 47 ; et lib. 1x, c. 10. Lactant. de Mort. persecut. n. XXXIII et XLIX.

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» mais à cause du serment qu'il avoit fait, et de la compagnie, il passa outre. » Il en eut peur, après même qu'il l'eut fait mourir : « et enten»dant les miracles de Jésus, Jean, dit-il, que » j'ai décollé revit en lui, et c'est sa vertu qui !» opère 5. » Il méprisoit la religion, la superstition le tyrannise. Il écoutoit et considéroit celui qu'il tenoit dans les fers, un prisonnier qui avoit du crédit à la cour; l'intrépide censeur du prince, et l'ennemi déclaré de sa maîtresse, qui néanmoins se faisoit écouter; un homme qu'on faisoit mourir, et qu'après cela on craignoit encore. Tant de craintes qui se combattoient celle de perdre un homme saint, celle d'ouïr de sa bouche des reproches trop libres, celle de troubler ses plaisirs, celle de paroître foible à la compagnie, celle de la justice divine qui ne cessoit de faisoit ici un étrange composé. On ne sait que revenir quoique si souvent repoussée; tout cela croire d'un tel prince: on croit tantôt qu'il a

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quelque religion, et tantôt qu'il n'en a point du tout. C'est une énigme inexplicable, et la superstition n'a rien de suivi.

On multiplie ses prières, qu'on fait rouler sur les lèvres sans y avoir le cœur. Mais c'est imiter les Gentils, « qui s'imaginent, dit le Fils » de Dieu', être exaucés en multipliant leurs » paroles ». Et on entend de la bouche du Sauveur : « Ce peuple m'honore des lèvres, mais » son cœur est loin de moi. »

terre promise, que pour la mettre à jamais sous la protection de Dieu, qui l'avoit donnée à son peuple, « il établit le siége de la religion à Silo, » où il mit le tabernacle'. » Il falloit commencer par là, et mettre Dieu en possession de cette terre, et de tout le peuple, dont il étoit le vrai roi.

David trouva dans la suite un lieu plus digne à l'Arche et au tabernacle, et l'établit dans Sion, où il la fit transporter en grand triomphe2: et Dieu choisit Sion et Jérusalem, comme le lieu où il établissoit son nom et son culte.

Il fit aussi, comme on a vu, les préparatifs du temple, où Dieu vouloit être servi avec beaucoup de magnificence, y consacrant les dépouilles des nations vaincues 3.

Il en désigne le lieu, que Dieu même avoit choisi, et charge Salomon de le bâtir.

Salomon fit ce grand ouvrage avec la magnificence qu'on a vue ailleurs. Car il le vouloit proportionner, autant qu'il pouvoit, à la grandeur de celui qui vouloit y être servi. « La » maison, dit-il ", que je veux bâtir est grande, « parceque notre Dieu est au-dessus de tous les » dieux. Qui seroit donc assez puissant, pour » lui bâtir une maison digne de lui? »

On gåte de très bonnes œuvres on jeûne et on garde avec soin les abstinences de l'Église; il est juste mais, comme dit le Fils de Dieu, « on laisse des choses de la loi plus importantes, » la justice, la miséricorde, la fidélité. Il falloit » faire les unes, et ne pas omettre les autres3. » Savez-vous quel est le jeûne que j'aime, dit le » Seigneur? Délivrez ceux qui sont détenus dans >> les prisons; déchargez un peuple accablé d'un » fardeau qu'il ne peut porter; nourrissez le >> pauvre; habillez le nu: alors votre justice sera » véritable, et resplendissante comme le soleil » Vous bâtissez des temples magnifiques; vous multipliez vos sacrifices, et vous faites dire des messes à tous les autels. Mais Jésus-Christ répond: «Allez apprendre ce que veut dire cette » parole: J'aime mieux la miséricorde que le » sacrifice. Le sacrifice agréable à Dieu, c'est Tout ce qu'on fait pour Dieu de plus magnifique, est tou» un cœur contrit, et abaissé devant lui. La » vraie et pure religion, c'est de soulager les » veuves et les oppressés, et de tenir son ame » nette de la contagion de ce siècle. »

Mettez donc chaque œuvre en son rang. Si en faisant les petites, vous croyez vous racheter de l'obligation de faire les grandes; vous serez de ceux dont il est écrit : « Ils se fient dans

» des choses de néant. Ils ont tissu des toiles » d'araignée. Leurs toiles ne sont pas capables » de les habiller, et ils ne seront pas couverts » de leurs œuvres : car leurs œuvres sont des » œuvres inutiles, et leurs pensées sont des » pensées vaines. »>

ARTICLE V.

Quel soin ont eu les grands rois du culte

de Dieu.

Ire PROPOSITION.

II PROPOSITION.

jours au-dessous de sa grandeur.

Ce fut le sentiment de Salomon, après qu'il eut bâti un temple si riche, que rien n'égala jamais. «Qui pourroit croire, dit-il, que Dieu >> habite sur la terre avec les hommes; lui que » les cieux, et les cieux des cieux ne peuvent » renfermer? » Et David qui en avoit fait les préparatifs, quoiqu'il n'eût rien épargné, et qu'il eût consacré à cet ouvrage « cent mille » talents d'or, un million de talents d'argent, » avec du cuivre et du fer sans nombre, et les >> pierres avec tous les bois qu'il falloit pour » un si grand édifice,» sans épargner le cèdre, qui est le plus précieux, il trouvoit tout cela pauvre, à comparaison de son desir : « J'ai, » dit-il, offert tout cela dans ma pauvreté. »

III PROPOSITION.

Les princes font sanctifier les fètes.

Moïse fait mettre en prison, et ensuite il punit Les soins de Josué, de David et de Salomo pour éta de mort, par ordre de Dieu, celui qui avoit

blir l'arche d'alliance, et bâtir le temple de Dieu.

Josué n'eut pas plus tôt conquis et partagé la

• Matth. v1.7.- Ibid. xv. 8. Is. xxix. 13. 23. — Is. LVIII. 6, 7, 8. s Matth. ix. 13. Jac. I. 27.- - * Is. LIX. 4, 5, 6, 7.

Matth. XXIII.

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Ps. L. 19.

violé le sabbat. La loi chrétienne est plus douce,
et les chrétiens plus dociles n'ont pas besoin de

Jos. xvIII. 1. II. Reg. VI. 12 et seq.
Ibid. VII.
1. Paralip. XXII. — 1 II. Paral. 11. 5. -Ibid. vI. 18. — · 1.
Ibid.- Num. xv. 32 el seq.

Par. xxII. 14.

telles rigueurs; mais aussi se faut-il garder de l'impunité.

Les ordonnances sont pleines de peines contre ceux qui violent les fêtes, et surtout le saint dimanche. Et les rois doivent obliger les magistrats à tenir soigneusement là main à l'entière exécution de ces lois, contre lesquelles on manque beaucoup, sans qu'on y ait apporté tous les remèdes nécessaires.

C'est principalement de la sanctification des fêtes que dépend le culte de Dieu, dont le sentiment se dissiperoit dans les occupations continuelles de la vie, si Dieu n'avoit consacré des jours pour y penser plus sérieusement, et renouveler en soi-même l'esprit de la religion.

Les saints rois Ezéchias et Josias sont célèbres, dans l'histoire du peuple de Dieu, pour avoir fait solenniser la Pâque avec religion, et une magnificence extraordinaire. Tout le peuple fut rempli de joie : « on n'avoit jamais rien vu » de semblable depuis le temps de Salomon.» C'est ce qu'on dit de la Pàque d'Ézéchias'. Et on dit de celle de Josias2: « qu'il ne s'en étoit >> point fait de semblable sous tous les rois pré>> cédents, ni depuis le temps de Samuel. »

Les fêtes des chrétiens sont beaucoup plus simples, moins contraignantes; et en même temps beaucoup plus saintes, et beaucoup plus consolantes que celles des Juifs, où il n'y avoit que des ombres des vérités qui nous ont été révélées: et cependant on est bien plus lâche à les célébrer.

ive PROPOSITION.

Les princes ont soin non seulement des personnes consacrées à Dieu, mais encore des biens destinés à leur subsistance.

Abraham suivit en cela une coutume déjà établie. On là voit dans tous les peuples, des la première antiquité. Et nous en avons un beau monument dans l'Egypte, sous Pharaon et Joseph. Tous les peuples vendirent leur terre au roi pour avoir du pain, « excepté les sacrificateurs, » à qui le roi avoit donné leur terre, qu'ils ne » furent point obligés de vendre comme les au»tres; sans compter que leur nourriture leur » étoit fournie des greniers publics, pâr ordre du » roi'. »

Le peuple d'Israël ne se plaignoit pas d'être chargé de la nourriture des lévites et de leurs familles, qui faisoient plus d'une douzième partie de la nation, étant une de ses tribus des plus abondantes. Au contraire, on les nourrissoit avec joie. Il y avoit du temps de Dávid trentehuit mille lévites, à les compter depuis trente ans; sans y comprendre les sacrificateurs enfants d'Aaron, divisés en deux familles principales par les deux fils d'Aaron, et subdivisés du temps de David en vingt-quatre familles très nombreuses sorties de ces deux premières 2. Tout le peuple les entretenoit de toutes choses très abondamment, avec leurs familles, car les lévites n'avoient d'autres possessions ni partages parmi leurs freres, que les dimes, les prémices, les oblations, et le reste que le peuple leur donnoit. Eton mettoit dans cet entretien un des principaux exercices de la religion, et le salut de tout le peuple

te PROPOSITION.

Les soins admirables de David.

Les grands rois de la maison de David ont rendu leur règne célèbre, par le grand soin qu'ils

« Honorez le Seigneur de toute votre ame; ont pris de maintenir l'ordre du ministère, et de >> honorez aussi ses ministres 2. >>

« Qui vous écoute, m'écoute; qui vous mé» prise, me méprise, » dit Jésus-Christ même à ses disciples'.

« Prenez garde de n'abandonner jamais le lé» vite, tant que vous serez sur la terre. » La terre vous avertit, en vous nourrissant, que vous pourvoyiez à la subsistance des ministres de Dieu qui la rend féconde.

Toute la loi est pleine de semblables préceptes. Abraham en laissa l'exemple à toute sa postérité, en donnant la dime des dépouilles remportées. surses ennemis, à Melchisedech, le grand-pontife du Dieu très-haut, qui le bénissoit et offroit le sacrifice pour lui et pour tout le peuple".

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toutes les fonctions des sacrificateurs et des lévites, selon la loi de Moïse.

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David leur en avoit donné l'exemple; et il fit ce beau réglement qui fut suivi et exécuté par ses successeurs. Ce roi, aussi pieux et aussi såge que guerrier et victorieux, employa à cette grande affaire les dernières années de sa vie, pendant que tout le royaume étoit en paix assisté des principaux du royaume et surtout du souvěrain pontife, avec les chefs des familles lévitiques et sacerdotales, et des prophètes Gad et Nathan ; étant lui-même prophète, et rangé dans l'Écriture au nombre des hommes inspires de Dieu.

Avec ce conseil, et par une inspiration particulière, il régla les heures du service. « Il or

A Gen. XLVII. 22. -I. Paralip. xx. 5 et seq. — § I. Pá· ralip. xx. 2 et seq. xxiv. 6. 11. Paralip. xxix. 25.

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