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eux Joab, avec une armée, et marcha lui-même en personne, pour achever cette guerre, qui lui fut heureuse.

C'est à quoi se réduisent les motifs de la guerre, qu'on nomme étrangère, qui sont marqués dans l'Écriture.

ARTICLE II.

Des injustes motifs de la guerre.

Ire PROPOSITION.

Premier motif: les conquêtes ambitieuses.

Ce motif paroît bientôt après le déluge en la personne de Nemrod, homme farouche, qui devient, par son humeur violente, le premier des conquérants'. Mais il est expressément marqué, qu'il étoit des enfants de Chus, fils de Cham, le seul des enfants de Noé qui ait mérité d'être maudit par son père."

Le titre de conquérant prend naissance dans cette famille et l'Écriture exprime cet événement, en disant « qu'il fut le premier puissant » sur la terre; » c'est-à-dire, qu'il fut le premier que l'amour de la puissance porta à envahir les pays voisins.

IIC PROPOSITION.

Ceux qui aiment la guerre, et la font pour contenter leur ambition, sont déclarés ennemis de Dieu.

« Je redemanderai votre sang de la main de » toutes les bêtes, et de celles de tous les hommes » qui auront répandu le sáng humain, qui est » celui de leurs frères. Qui répandra le sang >> humain, 'son sang sera répandu; parceque » l'homme est fait à l'image de Dieu 2.

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« C'est, dit-il, que l'homme est fait à l'image de » Dieu. » Cette belle ressemblance ne peut trop paroître sur la terre. Au lieu de la diminuer par les meurtres, Dieu veut au contraire que les hommes se multiplient : « Croissez, leur dit-il', » et remplissez la terre. »

Que si ravir à un seul homme le présent divin de la vie, c'est attenter contre Dieu, qui a mis sur l'homme l'empreinte de son visage; combien plus sont détestables à ses yeux ceux qui sacrifient tant de millions d'hommes et tant d'enfants innocents à leur ambition!

Ie PROPOSITION.

Caractère des conquérants ambitieux, tracé par le Saint-
Esprit.

Après que Nabuchodonosor, roi de Ninive et d'Assyrie, eut défait et subjugué Arphaxad, roi des Mèdes2, « son empire fut élevé, et son » cœur s'enfla: et il envoya à tous les peuples >> qui habitoient dans la Cilicie, à Damas, vers » le Liban et le Carmel, aux Arabes, aux Gali» léens, dans les vastes plaines d'Esdrélon, aux >> Samaritains, et aux environs du Jourdain, et » à toute la terre de Jessé jusqu'aux limites de » l'Éthiopie. Il dépêcha ses envoyés à tous ces » peuples, pour les obliger de se soumettre à sa >> puissance. Mais ces nations (jalouses de leur » liberté renvoyèrent ses ambassadeurs les >> mains vides, et sans leur rendre aucun hon»> neur. Alors le roi d'Assyrie entra en indigna» tion, et jura qu'il se défendroit contre tous » ces peuples, » ou plutôt qu'il se vengeroit de leur résistance.

Voilà le premier trait d'un conquérant injuste. Il n'a pas plus tôt subjugué un ennemi puissant, qu'il croit que tout est à lui; il n'y a peuple qu'il n'oppresse et si on refuse le joug, son orgueil s'irrite. Il ne parle point d'attaquer, il croit avoir sur tous un droit légitime. Parcequ'il est le plus fort, il ne se regarde pas comme agresseur; et il appelle défense, le dessein d'en. vahir les terres des peuples libres. Comme si c'étoit une rebellion, de conserver sa liberté contre son ambition, il ne parle plus que de vengeance; et les guerres qu'il entreprend ne lui paroissent qu'une juste punition des rebelles.

Dieu a tant d'horreur des meurtres, et de la cruelle effusion du sang humain, qu'il veut en quelque façon qu'on regarde comme coupables jusqu'aux bêtes qui le versent. Il sembleroit, à entendre ces paroles, que Dieu voudroit obliger les animaux farouches à respecter l'ancien caractère de domination qui nous avoit été donné sur eux, quoique presque effacé par le péché. Le violement en est réputé aux bêtes comme Il passe outre et non content d'envahir tant un attentat et c'est une espèce de punition de pays qui ne relèvent de lui par aucun enoù il les assujettit, de les rendre si odieuses, droit, il croit ne rien entreprendre digne de sa qu'on ne cherche qu'à les prendre et à les faire grandeur, s'il ne se rend maitre de tout l'unimourir. vers. C'est la suite du caractère de cet injuste La raison de cette défense est admirable: conquérant. « La parole fut répandue dans le

4 Gen. x. 8, 9, 40, 41. Ibid. IX. 5,6,

Gen. Ix. 7.—2 Judith. 1. 5, 6 et seq.

>> palais du roi d'Assyrie, qu'il sé défendroit ét
» se vengeroit. Et appelant ses vieux conseillers,
» ses capitaines et ses guerriers, il leur déclara,
» dans une assemblée tenue exprès en particu-
» lier avec eux, que sa volonté étoit de sou-
» mettre à son empire toute la terre habitable1. »
Ce n'étoit point un conseil qu'il demandoit à
cette grande assemblée, il n'a pour conseil que
son orgueil indomptable: et, sans consulter da-
vantage, pour en venir à l'exécution,« il donne
»ses ordres à Holoferne, chef-général de sa mi-
>> lice (grand homme de guerre): et, dit-il, né
>> pardonne à aucun royaume, ni à aucune place
» forte que vos yeux ne soient touchés d'au-
» cune pitié, et que tout fléchisse sous ma loi2. »
C'est le second trait de cet orgueilleux carac-
tère. Ce superbe roi n'a pas besoin de conseil ;
l'assemblée de ses conseillers n'est qu'une céré-
monie, pour déclarer d'une manière plus solen-
nelle ce qui est déja résolu, et pour mettre tout
cn mouvement.

Mais voici un dernier trait. C'étoit de ne respecter ni connoître ni Dieu ni homme, et de n'épargner aucun temple, pas même celui du vrai Dieu, qu'il eût voulu mettre en cendres avec tous les autres, au milieu de Jérusalem. Car il avoit commandé à Holoferne d'exter» miner tous les dieux, afin qu'il n'y eût de » Dieu que le seul Nabuchodonosor, dans tou>> tes les terres que ses armes auroient subju» guées 3. »

Cela se fait en deux manières : où en s'attribuant ouvertement les honneurs divins, ainsi qu'il est arrivé presqu'à tous les conquérants du paganisme ou par les effets, lorsqu'avec un or

Ive PROPOSITION.

Lorsque Dieu semble accorder tout à de tels conquérants, il leur prépare un châtiment rigoureux

«<-J'ai donné toutes les terres et toutes les mers » à Nabuchodonosor roi de Babylone, mon ser» viteur', » et ministre de mes justes vengeances. Ce n'est pas à dire qu'il les ait données afin qu'il en fût le légitime possesseur : c'est-àdire que, par un secret jugement, il les a abandonnées à son ambition, pour les occuper et les envahir. Rien n'échappera de ses mains: «< et » jusqu'aux oiseaux du ciel (c'est-à-dire ce qu'il » y a de plus libre), y tombera 2. »

Voilà en apparence une faveur bien déclarée : mais le retour est terrible. « Le marteau qui a >> brisé les nations de l'univers, est brisé lui» même 3. Le Seigneur a rompu la verge, dont » il a frappé le reste du monde d'une plaje irré» médiable. Je tombe sur toi, ô superbe! dit » le Seigneur des armées : ton jour est venu, et >> le temps où tu seras visité (par la justice di» vine.) Dieu renversera Babylone, comme il a >> fait Sodome et Gomorrhe, et ne lui laissera >> aucune ressource 5. Il n'y a plus de remède » à ses maux; son jugement est monté jus» qu'aux cieux, et a percé les nues 6.

ve PROPOSITION.

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Second injuste motif de la guerre : le pillage.

7

Ainsi s'armèrent les quatre rois dont on vient de parler et ils enlevèrent le riche butin, et les captifs qu'Abraham délivra.

:

Si l'on souffre de telles guerres, il n'y aura gueil outré, sans songer qu'il y ait un Dieu, on se rapporte ses victoires à soi-même, à sa force, plus de royaume ni de province tranquille. C'est et à ses conseils, et que l'on semble dire en son pourquoi Dieu oppose à ces ravisseurs la magnacœur : « Je suis un Dieu, et je me suis fait nimité d'Abraham,qui ne se réserve rien du butin qu'il avoit recous, que ce qui appartenoit à ses moi-même comme il est écrit dans le proalliés, compagnons de son entreprise. Et au surphète. Ou, pour répéter les paroles d'un autre Na-plus, il ne veut pas que personne se put vanter sur la terre d'avoir enrichi Abraham 8. » buchodonosor : « N'est-ce pas là cette grande Souvent aussi Dieu livre ceux qui pillent à » Babylone, que j'ai bâtie dans la force de ma d'autres piliards, Écoutez Isaïe. « Malheur à » puissance, et dans l'éclat de ma gloire, pour » être le siége de mon empire? » Sans songer qu'il y a un Dieu, à qui on doit tout.

Tel est le caractère des conquérants ambitieux, qui, enivrés du succès de leurs armes victorieuses, se disent les maîtres du monde, et que leur bras est leur Dieu.

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>> vous qui pillez! ne serez-vous pas pillés vous» mêmes? Et vous qui méprisez (toutes les lois » de la justice, et eroyez pouvoir tout voler im"punément), ne serez-vous pas méprisés par >> quelque autre plus puissant que vous? Oui, » quand vous aurez cessé de piller, on vous pil» lera. Et quand, las de combattre, vous cesse

Jerem. xxvii. 6. — 2Dañ. ¡1. 38. — § Terem. t. 23. - 'Isai. XIV. 5, 6. — Jerem. L. 31, 40. — ® Ibid. LI. 9. — 7 Gen. XIV. 9, 11, 12. Ci-devant, art. 4, VIIe propos. - Ibid. 23, 24. 2 Is. XXXIII, 4.

» reź de mépriser vos ennemis (au milieu des » David) et du palais; et prit des otages, et re-. » périls d'une guerre injuste), vous tomberez dans » tourna à Samarie. » Tel fut le fruit de la que» le mépris. relle fit Amasias à Joas, sans autre sujet que que celui d'une vaine gloire, et de faire paroitre ses forces, et le courage des siens.

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VIC PROPOSITION.

Troisième injuste motif : la jalousie.

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VIII PROPOSITION.

tentation en est dangereuse.

« Isaac s'enrichit, et sa puissance alloit tou- Second exemple du même motif, qui fait voir combien la jours croissant, jusqu'à ce qu'il devint très >> grand : et alors les Philistins, lui portant envie, » exercent contre lui des hostilités et des vio>>lences injustes. Et le roi du pays lui fit dire : >> Retirez-vous, parceque vous êtes devenu » beaucoup plus puissant que nous '. »

Quoique cette raison de lui nuire fût basse et injuste, il céda pour le bien de la paix, se retiránt dans le voisinage et l'affaire se termina par un traité de paix solennel, où ses ennemis reconnurent le tort qu'ils avoient, et le bon droit d'Isaac.

VII PROPOSITION.

Quatrième injuste motif : la gloire des armes, et la don

ceur de la victoire. Premier exemple.

Il n'y a rien de plus flatteur que cette gloire militaire : elle décide souvent d'un seul coup des choses humaines, et semble avoir une espèce de toute-puissance, en forçant les événements; et c'est pourquoi elle tente si fort les rois de la terre. Mais on va voir combien elle est vaine.

Néchao, roi d'Égypte, marcha en bataille » contre les Charcamites le long de l'Euphrate : » et Josias alla à sa rencontre '. Mais Néchao » lui envoya des ambassadeurs pour lui dire : » Qu'ai-je a démêler avec vous, roi de Juda? Ce » n'est pas à vous que j'en veux j'attaque un » autre pays, où Dieu m'a commandé de mar>> cher en diligence: ne combattez plus contre » Dieu qui est avec moi, de peur que je ne vous >> fasse périr. Josias ne voulut point s'en retour>>ner; mais il se mit en état de faire la guerre, » et ne voulut point écouter Néchao, qui lui » parloit de la part de Dieu. Il s'avança donc » pour combattre dans la plaine de Mageddo. » Blessé par les archers, il dit à ses serviteurs : » Retirez-moi du combat, car je suis blessé. On » l'enleva de son chariot pour le transporter » dans un autre qui le suivoit, selon la coutume » des rois, et on le ramena à Jérusalem, où il· » mourut pleuré de tout le peuple ; et principa>>lement de Jérémie, dont les lamentations se >> chantent encore aujourd'hui par tout Israël. »

Si un si bon roi se laisse tenter par le desir de la victoire, ou en tout cas par celui de faire la guerre sans raison, que ne doit-on pas craindre pour les autres !

IX PROPOSITION.

quand on fait la guerre sans sujet.

On peut remarquer, sur ces deux exemples, que c'est un désavantage de faire la guerre sans

Amasias, roi de Juda, avoit remporté des victoires signalées contre l'Idumée, et en avoit pris les forteresses les plus renommées. Enflé de ce succès, il envoya. des ambassadeurs à Joas, » roi d'Israël, pour lui dire 2: Venez, et voyons»> nous (à main armée; éprouvons nos forces). » Joas (plus modéré) lui fit répondre : Vous avez » prévalu contre les enfants d'Edom, et votre On combat toujours avec une sorte de désavantage, » cœur s'est enflé: contentez-vous de cette gloire, » et demeurez en repos. Pourquoi voulez-vous » vous attirer un grand mal, et tomber vous et » votre peuple sous ma main? Amasias n'ac» quiesca pas à ce sage conseil. Le roi d'Israël » marcha : ils se virent, comme Amasias l'avoit » proposé, à Bethsamés, ville de Juda. Ceux de » Juda furent battus, et prirent la fuite: Joas »prit Amasias, et le ramena dans Jérusalem, et >> fit démolir quatre cents coudées de murailles » de cette ville royale; et en enleva tout l'or et » tout l'argent qui s'y trouva, et tous les vais»seaux de la maison du Seigneur (de celle d'Obédédon, où l'arche avoit reposé du temps de

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raison.

Une bonne cause ajoute aux autres avantages de la guerre, le courage et la confiance. L'indignation contre l'injustice augmente la force, et fait que l'on combat d'une manière plus déterminée et plus hardie. On a même sujet de présumer qu'on a Dieu pour soi; parce qu'on y a la justice, dont il est le protecteur naturel. On perd cet avantage, quand on fait la guerre sans nécessité, et de gaité de cœur de sorte que, quel que puisse être l'événement, selon les

* II. Paral. xxxv. 20, 21 et seq.

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distribue la victoire par des ordres et par des ressorts très cachés; lorsqu'on ne met pas la justice de son côté, on peut dire, par cet endroit-là, que l'on combat toujours avec des forces inégales.

terribles et profonds jugements de Dieu, qui» Asael? Oui, répondit-il. Abner poursuivit : >> Retirez-vous d'un côté ou d'un autre, et atta>> chez-vous à qui vous voudrez parmi la jeu>> nesse fugitive, pour en avoir la dépouille. >> Asael ne cessa point de le presser: et Abner » répéta encore: Retirez-vous, je vous prie, et » cessez de me poursuivre; autrement je serai >> contraint de vous percer, et de vous laisser at» taché à la terre: et comment pourrai-je après » cela lever les yeux devant votre frère Joab? » Asaël méprisa ce discours; et Abner le frappa » dans l'aine, et le perça d'outre en outre. Il mou» rut sur-le-champ de sa blessure: et tous les » passants s'arrêtoient pour voir Asaël couché » par terre. »

C'est même déja un effet de la vengeance de Dieu, d'être livré à l'esprit de la guerre. Et il est écrit d'Amasias, dans l'occasion que nous venons de voir, que ce prince ne voulut pas écouter les sages conseils du roi d'Israël, qui le détournoit d'une guerre injustement entreprise: «< parceque c'étoit la volonté du Seigneur, qu'il » fût livré aux mains de ses ennemis, à cause >> des dieux d'Idumée qu'il avoit servis '. »

Xe PROPOSITION.

On ne pouvoit garder plus de modération, dans sa supériorité, que le faisoit Abner, un

On a sujet d'espérer qu'on met Dieu de son côté, quand des vaillants hommes de son temps, ni ménager davantage Joab et Asaël.

on y met la justice.

<< Seigneur, disoit Josaphat 2, les enfants d'Am

» mon et de Moab, et les habitants de la monta

:

Xile PROPOSITION.

» gne de Séir, ont été épargnés par nos ancê- Sanglante dérision des conquérants par le prophète Isaïe. >> tres, lorsqu'ils sortoient de l'Égypte et ils se » sont détournés à côté, pour ne passer point sur » ces terres, et n'avoir pas occasion de combat>>tre ces peuples. Et eux, au contraire, ils as» semblent une armée immense pour nous chas>> ser de la terre que vous nous avez donnée. >> Vous donc, notre Dieu, ne les jugerez-vous » pas, puisque nous n'avons point assez de force » pour nous opposer à cette prodigieuse multi>>tude qui tombe sur nous? Nous ne savons que >> faire pour leur résister, et il ne nous reste que » de lever les yeux vers vous. »

Ainsi pria Josaphat: et il reçut dans le moment des assurances de la protection de Dieu.

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« Comment êtes-vous tombé, bel astre qui >> luisiez au ciel comme l'étoile du matin; >> vous qui frappiez les nations, et disiez en votre >> cœur : Je monterai jusqu'au ciel; je m'élèverai » au-dessus des astres; je prendrai séance sur » la montagne du temple où Dieu a fixé sa de» meure à côté du nord; je volerai au-dessus » des nues, et je serai semblable au Très-haut? >> Mais je vous vois plongé dans les enfers, » dans l'abime profond du tombeau. Ceux qui » vous verront, se baisseront pour vous consi» dérer dans ce creux, et diront en vous regar» dant N'est-ce pas là celui qui troubloit la » terre, qui ébranloit les royaumes, qui a fait » du monde un désert, qui en a désolé les villes » et renfermé ses captifs dans des cachots? Les >> rois des Gentils sont morts dans la gloire, et » enterrés dans leurs sépulcres: mais vous, on » vous en a arraché, et vous êtes resté sur la » terre, comme une branche inutile et impure, » sans laisser de postérité'. »

:

Et un peu devant 2: « Quand vous êtes tombé » à terre, tout l'univers est demeuré dans l'éton>>nement et dans le silence : les pins mêmes se » sont réjouis, et ont dit que depuis votre mort » personne ne les coupe plus (pour en construire » des vaisseaux, et en faire des machines de » guerre). L'enfer a été troublé par votre arri» vée, et a envoyé au-devant devous les géants. » Les rois de la terre se sont élevés, et tous les

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Deux paroles du Fils de Dieu qui annéantissent la fausse gloire, et éteignent l'amour des conquètes.

Il n'y a rien au-dessus de ces expressions, que la simplicité de ces deux paroles du Fils de Dieu: « Que sert à l'homme de conquérir le » monde, s'il perd son ame? Et qu'est-ce qu'on >> donnera en échange pour son ame? »

Et encore, pour foudroyer d'un seul mot la fausse gloire : « Ils ont reçu leur récompense2. » Ils ont prié dans les coins des rues; ils ont jeûné; ils ont fait l'aumône. Ajoutons : ils ont exercé ces grandes vertus militaires, si laborieuses et si éclatantes, pour faire parler les hommes : « En vérité, je vous le dis; ils ont reçu leur ré>> compense. » Ils ont voulu qu'on parlat d'eux : ils sont contents; on en parle par tout l'univers, ils jouissent de ce bruit confus dont ils étoient enivrés et vains qu'ils étoient, ils ont reçu une récompense aussi vaine que leurs projets : Receperunt mercedem suam, vani vanam, comme dit saint Augustin3.

Que de sueurs, que de travaux, disoit Alexandre (mais que de sang répandu), pour faire parler

les Athéniens! Il sentoit la vanité de cette frivole récompense; et en même temps il se repaissoit de cette fumée.

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immense. Le reste des enfants d'Israël, ayant
appris qu'on érigeoit contre eux cet autel dans
la terre de Chanaan, s'assemblèrent tous en
Silo pour combattre contre eux ; et en attendant
envoyèrent un député de chaque tribu, avec
Phinéès, fils d'Éiéazar, souverain sacrificateur.
Comme ils furent arrivés dans la terre de Galaad,
où ils trouvèrent les Rubénistes, et les autres
qui élevoient cet autel, ils leur parlèrent ainsi1:
« Quelle est cette transgression de la loi de Dieu?
>> Pourquoi abandonnez-vous le Dieu d'Israël,
>> et bâtissez-vous un autel sacrilége pour vous
» éloigner de son culte? Que si vous croyez
» que la terre que vous habitez est immonde
» (faute d'être sanctifiée par un autel), venez
» plutôt avec nous dans la terre où est établi
>> le tabernacle du Seigneur, et y demeurez.
>> Nous vous prions seulement de ne pas délais-
» ser le Seigneur ni notre société, en établis-
» sant un autre autel que celui du Seigneur
>> notre Dieu; et de ne point attirer sur nous
» tous sa juste vengeance, comme fit Achab
>> par son blasphème.

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» Ceux de Ruben et les autres répondirent à » ce discours : Le Seigneur, le très puissant Dieu » sait, et tout Israël en sera témoin, que nous » n'élevons cet autel que pour être un mémorial » éternel du droit que nous avons nous et nos >> enfants sur les holocaustes; de peur qu'un » jour vous ne leur disiez Vous n'avez point » de part au culte de Dieu. Phinéès, qui étoit » le chef de la légation, ayant ouï cette réponse » prononcée par les Rubénistes et les autres, » avec exécration du sacrilége qu'on leur impu» toit, en fit rapport à tout le peuple qui en fut » content: et le nouvel autel fut appelé : Té>>moignage que le Seigneur étoit Dieu. »

On voit là que les tribus alloient armer contre leurs frères, qu'ils estimoient prévaricateurs; mais que, sans rien précipiter, on en vint à un entier éclaircissement, comme la prudence et la charité le vouloit; et la paix fut faite.

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