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révolte de Sellum, qui tua le roi, et s'empara | voix de Josué; pendant que l'ennemi étoit en du royaume '.

fuite, Dieu fit tomber du ciel de grosses pier-
res, comme une grêle ', afin que personne ne
pût échapper, et que ceux qui avoient évité l'é-
pée fussent accablés des coups d'en-haut.
Les murailles tomboient devant l'arche; les

Au contraire dans le royaume de Juda, où la succession étoit légitime, la famille de David demeura tranquille sur le trône, et il n'y eut plus de guerre civile; on aimoit le nom de David et de sa maison. Parmi tant de rois qui ré-fleuves remontoient à leur source pour lui dongnèrent sur Israël, il n'y en eut pas un seul que ner passage 2, et tout lui cédoit. Dieu approuvât: mais il sortit de David de grands et de saints rois imitateurs de sa piété. Le royaume de Juda eut le bonheur de conserver la loi de Moïse, et la religion de ses pères. Il est vrai que, pour leurs péchés, ceux de Juda furent transportés dans Babylone, et le trône de David fut renversé mais Dieu ne laissa pas sans ressource le peuple de Juda, à qui il promit son retour dans la terre de ses pères après soixante et dix ans de captivité. Mais pour le royaume d'Israël, outre qu'il tomba plus tôt, il fut dissipé sans ressource par les mains de Salmanasar roi d'Assyrie 2, et se perdit parmi les Gentils.

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Quelquefois Dieu envoyoit à leurs ennemis dans leurs songes, des pronostics affreux de leur perte. Ils voyoient l'épée de Gédéon qui les poursuivoit de si près qu'ils ne pouvoient échapper; et ils fuyoient en désordre avec de terribles hurlements, au bruit de ses trompettes et à la lumière de ses flambeaux, et tiroient l'épée l'un contre l'autre, ne sachant à qui se prendre de leur déroute 3.

Une semblable fureur saisit les Philistins, quand Jonathas les attaqua, et ils firent un carnage horrible de leurs propres troupes *.

Dieu faisoit gronder son tonnerre sur les fuyards, qui, glacés de frayeur, se laissoient tuer sans résistance.

Quelquefois on entendoit un bruit de chevaux, et de chariots armés, qui épouvantoit l'ennemi, et lui faisoit croire qu'un grand secours étoit. arrivé aux Israélites; en sorte qu'il se mit en fuite, et abandonna le camp avec tous les équipages 6.

D'autres fois, au lieu de ce bruit, Élisée faisait apparoître des chariots emflammés à son compagnon effrayé 7, qui crut voir autour d'eux une armée invisible, plus forte que celle des Syriens leurs ennemis. Le même prophète frappa les Syriens d'aveuglement, et les conduisit jusqu'au milieu de Samarie 8.

On sait le carnage que fit un ange de Dieu en une nuit, à la prière d'Ézéchias, de cent quatrevingt-cinq mille hommes de l'armée de Sennachérib, qui assiégeoit Jérusalem ".

Mais il faut finir ces récits par quelque spectacle encore plus surprenant.

Josaphat, qui ne voyoit aucune ressource contre l'armée effroyable de la ligue des Iduméens, des Moabites et des Ammonites, soutenus par les Syriens 10; après avoir imploré le secours de Dieu, et en avoir obtenu les assurances certaines par la bouche d'un saint prophète, comme il a été remarqué ailleurs, marche contre l'ennemi par le désert de Thécué, et donna ce nouvel ordre de guerre": « qu'on mît à la

Id. I et vi. — 3 Jud. VII 13 - Ibid. VII. 40. Eccli. XLVI. 8 8 Ibid. Ibid. v). 16, 17. Paralip. xx. 1, 2 et seq. ·

Jos. x 10, 11, 12, 13. -
et seq.
-I. Reg. xiv. 19, 20.
20, 21.- IV. Reg. vii. 6, 7. —
48, 49.- • Ibid. xix. 35. -- 4o II.
A Ibid. 24.

IIIC PROPOSITION.

» tête de l'armée les chantres du Seigneur, qui tous ses frères, invoqua le Dieu d'Israël, et lui » tous ensemble chantassent ce divin psaume fit un vœu qui lui attira son secours1; mais ce >> Louez le Seigneur, parcequ'il est bon, parce- fut en combattant vaillamment. Ainsi Caleb; » que ses miséricordes sont éternelles. » Ainsi ainsi Juda; ainsi les autres. Ruben et Gad conl'armée change en chœur de musique à peine quirent les Agaréens et leurs alliés, « parceeut-elle commencé ce divin chant, que les enne-» qu'ils invoquèrent le Seigneur dans le combat; mis, qui étoient en embuscade, se tournèrent » et il écouta leurs prières, à cause qu'ils eurent l'un contre l'autre, et se taillèrent eux-mêmes >> confiance en lui en combattant2. » en pièces; en sorte que ceux de Juda, arrivés à une hauteur vers la solitude, virent de loin tout le pays couvert de corps morts, sans qu'il restât un seul homme en vie parmi les ennemis; et trois jours ne suffirent pas à ramasser leurs riches dépouilles. Cette vallée s'appela la « Je ne détruirai pas entièrement les nations Vallée de Bénédiction; parceque ce fut en bénis-Dieu donc les a laissées en état, et ne les a pas » que Josué a laissées en état avant sa mort3. sant Dieu qu'ils défirent une armée qui paroissoit invincible. Josaphat retourna à Jérusalem en grand triomphe; et entrant dans la maison du Seigneur, au bruit de leurs harpes, de leurs guitares et de leurs trompettes, on continua les louanges de Dieu, qui avoit montré sa bonté dans la punition de ces injustes agres

seurs.

C'est ainsi que s'accomplissoit ce qu'avoit chanté la prophétesse Débbora' : « Le Sei» gneur a choisi une nouvelle manière de faire » la guerre on a combattu du ciel pour nous; » et les étoiles, sans quitter leur poste, ont ren» versé Sisara. » Toute la nature étoit pour nous les astres se sont déclarés; et les anges, qui y président sous l'ordre de Dieu, et à la manière qu'il sait, ont lancé d'en - haut leurs javelots.

Dieu vouloit aguerrir son peuple: et comment.

voulu exterminer tout-à-fait, ni les livrer aux mains de Josué; « afin qu'Israël fût instruit >> par leur résistance; et que tous ceux qui n'ont » pas vu les guerres de Chanaan, apprissent, » eux et leurs enfants, à combattre l'ennemi, et >> s'accoutumassent à la guerre *. »

Ive PROPOSITION.

Dieu a donné à son peuple de grands capitaines, et des princes belliqueux.

C'étoit un nouveau moyen de le former à la guerre. Et il ne faut que nommer un Josué, un Jephté, un Gédéon, un Saül et un Jonathas; un David, et sous lui un Joab, un Abisaï, un Abner et un Amasa; un Josaphat, un Ozias, un Ézéchias; un Judas le Machabée, avec ses deux frères Jonathas et Simon; un Jean Hircan, fils du dernier; et tant d'autres, dont les noms sont Celte manière extraordinaire de faire la guerre n'étoit célèbres dans les saints livres, et dans les archi→ pas perpétuelle : le peuple ordinairement combattoit à ves du peuple de Dieu : il ne faut, dis-je, que les main armée, et Dieu n'en donnoit pas moins la vic-nommer, pour voir dans ce peuple plus de grands

toire..

II PROPOSITION.

La plupart des batailles de David se donnèrent à la manière ordinaire. Il en fut de même des autres rois : et les guerres des Machabées ne se firent pas autrement. Dieu vouloit former des combattants, et que la vertu militaire éclatåt dans son peuple.

Ainsi fut conquise la Terre-Sainte par les valeureux exploits des tribus. Ils forçoient l'ennemi dans ses camps et dans ses villes, parcequ'ils étoient de vigoureux attaquants". C'étoit Dieu toujours qui donnoit aux chefs, dans les occasions, les résolutions convenables, et aux soldats l'intrépidité et l'obéissance: au lieu qu'il envoyoit au camp ennemi l'épouvante, la discorde et la confusion. Jabés, le plus brave de

Jud. v. 8, 20. - 11. Paralip. vII. 2, 4, 5 et seq.

capitaines et de princes belliqueux, de qui les Israélites ont appris la guerre, qu'on n'en connoît dans les autres nations.

On voit même, à commencer par Abraham, que ce grand homme, si renommé par sa foi, ne l'est pas moins dans les combats.

Tous les saints livres sont remplis d'entreprises militaires des plus renommées, faites non seulement en corps de nation, mais aussi par les tribus particulières, dans la conquête de la Terre-Sainte; ainsi qu'il paroît par les neuf premiers chapitres du premier livre des Paralipomènes. Si bien qu'on ne peut douter que la vertu militaire n'ait éclaté par excellence dans le peuple saint.

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Ve PROPOSITION.

Les femmes mêmes, dans le peuple saint, ont excellé en courage, et on fait des actes étonnants.

Ainsi Jahel, femme de Haber, perça de part en part les tempes de Sisara avec un clou. Ainsi, sous les ordres de Barac et de Débora la prophétesse, se donna la sanglante bataille où Sisara fut taillé en pièces '.

La prophétesse chanta sa défaite par une ode 2 dont le ton sublime surpasse celui de la lyre d'un Pindare et d'un Alcée, avec celle d'un Horace leur imitateur. Sur la fin, on y entend le discours de la mère de Sisara, qui regarde par la fenêtre, et s'étonne de ne pas entendre le bruit de son char victorieux; pendant que la plus habile de ses femmes répondoit chantant ses victoires, et se le représentoit comme un vainqueur à qui le sort destinoit, dans sa part d'un riche butin, la plus belle de toutes les femmes3, comme faisoient les peuples babares. Mais, au contraire, il étoit tombé par la main d'une femme. Ainsi périssent, Seigneur, conclut » Débora *, tous tes ennemis et que ceux qui >> t'aiment brillent comme un beau soleil dans » son orient. » Telle fut donc la victoire qui donna quarante ans de paix au peuple de Dieu. Tout le monde me prévient ici, pour y ajouter une Judith, avec la tête d'un Holoferne qu'elle avoit coupée, et par ce moyen mis en déroute l'armée des Assyriens commandée par un si grand général.

» pèrent leur capitaine : c'est Judith, fille de » Mérari, qui le captiva par ses yeux, et le fit » tomber sous sa main. Les Perses furent ef» frayés de sa constance, et les Mèdes de son » audace'. » Ainsi chantoit-elle, comme une autre Débora, la victoire du Seigneur par une femme, qui, durant tout le reste de sa vie, fit l'ornement de toutes les fêtes, et demeura à jamais célèbre 2, pour avoir su joindre la force à la

chasteté.

Les Romains vantent leur Clélie et ses com

pagnes, dont la hardiesse à traverser le fleuve étonna et intimida le camp de Porsenna. Voici, sans exagérer, quelque chose de plus. Et je n'en dis pas davantage.

VIe PROPOSITION.

Avec les conditions requises, la guerre n'est pas seulement légitime, mais encore pieuse et sainte.

<< Chacun disoit à son prochain : Allons; com>> battons pour notre peuple, pour nos saints » lieux, pour nos saintes lois, pour nos saintes » cérémonies 3. >>

C'est de telles guerres qu'il est dit véritablement: «Sanctifiez la guerre'; » au sens que Moïse disoit aux lévites : « Vous avez aujour>> d'hui consacré vos mains au Seigneur, »> quand vous les avez armées pour sa querelle.

Dieu s'appelle ordinairement lui-même le Dieu des armées, et les sanctifie en prenant ce nom.

VIIE PROPOSITION.

Ce fut en vain qu'il assembla une redoutable armée, qu'il surmonta tant de montagnes, forca Dieu néamoins, après tout, n'aime pas la guerre; et pré

tant de places, traversa de si grands fleuves, mit le feu dans tant de provinces, reçut les soumissions de tant de villes importantes, où il choisissoit ce qu'il y avoit de braves soldats pour grossir ses troupes.

fere les pacifiques aux guerriers.

« David appela son fils Salomon, et lui parla >> en cette sorte: Mon fils, je voulois bâtir une » maison au nom du Seigneur mon Dieu; mais » la parole du Seigneur me fut adressée en ces >> termes : Vous avez répandu beaucoup de sang, » et vous avez entrepris beaucoup de guerres; » vous ne pourrez édifier une maison à mon » nom. Je n'ai pas laissé de préparer pour la

Sa vigilance à mener ses troupes, à les augmenter dans sa marche, à visiter les quartiers, à reconnoître les lieux par où une place pouvoit être réduite, et à lui couper les eaux, lui fut inutile: sa tête étoit réservée à une femme,» dépense de la maison du Seigneur cent mille dont ce fier général croyoit s'être rendu le maître.

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» talents d'or, et dix millions de talents d'ar» gent, avec de l'airain et du fer sans nombre, » et des bois et des pierres pour tout l'ouvrage, » avec des ouvriers excellents pour mettre tout » cela en œuvre. Prenez donc courage, exé» cutez l'entreprise, et le Seigneur sera avec » vous". »

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Dieu ne veut point recevoir de temple d'une main sanglante. David étoit un saint roi, et le

ACTICLE V.

modèle des princes; si agréable à Dieu, qu'il Vertus, institutions, ordres et exercices mili

avoit daigné le nommer l'homme selon son cœur. Jamais il n'avoit répandu que du sang infidèle dans les guerres qu'on appeloit guerres du Seigneur et s'il avoit répandu celui des Israélites, c'étoit celui des rebelles, qu'il avoit encore épargné autant qu'il avoit pu. Mais il suffit que ce fût du sang humain, pour le faire juger indigne de présenter un temple au Seigneur, auteur et protecteur de la vie humaine.

Telle fut l'exclusion que Dieu lui donna dans la première partie du discours prophétique. Mais la seconde n'est pas moins remarquable c'est le choix de Salomon pour bâtir le temple. Le titre que Dieu lui donne est celui de Pacifique. Des mains si pures de sang, sont les seules dignes d'élever le sanctuaire. Dieu n'en demeure pas là, il donne la gloire d'affermir le trône à ce Pacifique', qu'il préfère aux guerriers par cet honneur. Bien plus, il fait, de ce Pacifique, une des plus excellentes figures de son Fils incarné.

David avoit conçu le dessein de bâtir le temple par un excellent motif; et il parla en ces termes au prophète Nathan2 : « J'habite dans >> une maison de cèdre; et l'arche de l'alliance » du Seigneur est encore sous des tentes et sous des peaux. » Le saint prophète avoit même approuvé ce grand et pieux dessein, en lui disant: «Faites ce que vous avez dans le cœur ; car le » Seigneur est avec vous3. Mais la parole de >> Dieu fut adressée à Nathan la nuit suivante

>> en ces termes : Voici ce que dit le Seigneur: » Vous ne bâtirez point de temple en mon nom. » Quand vous aurez achevé le cours de votre » vie, un des fils que je ferai naître de votre » sang, bâtira le temple, et j'affermirai son » trône à jamais. »

Dieu refuse à David son agrément, en haine du sang dont il voit ses mains toutes trempées. Tant de sainteté dans ce prince n'en avoit pu effacer la tache. Dieu aime les pacifiques; et la gloire de la paix a la préférence sur celle des armes, quoique saintes et religieuses.

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AI. Par. XXII. 9, 10. 2 II. Reg. vII. 2. I. Paralip. XVII. 4, 2. Ibid 3.- 4 Ibid. 5, 12, 13.

taires.

Ire PROPOSITION.

La gloire préférée à la vie,

Bacchides et Alcime avoient vingt mille rusalem: et Judas étoit campé auprès avec trois hommes, avec deux mille chevaux, devant Jémille hommes seulement, tirés des meilleures troupes. Comme ils virent la multitude de l'armée ennemie, ils en furent effrayés. Cette crainte dissipa l'armée, où il ne demeura que huit cents hommes'. Judas, dont l'armée s'étoit écoulée, pressé de combattre en cet état, sans avoir le temps de ramasser ses forces, eut le courage abattu. C'est le premier sentiment, qui est celui de la nature. Mais on le peut vaincre par celui de la vertu.« Judas dit à ceux qui restoient 2: Pre» nons courage; marchons à nos ennemis, et » combattons-les. Ils l'en détournoient en disant: >> Il est impossible, sauvons-nous quant à pré» sent; rejoignons nos frères, et après nous re» viendrons au combat. Nous sommes trop foi»bles, et en trop petit nombre pour résister » maintenant. Mais Judas reprit ainsi : A Dieu »> ne plaise que nous fassions une action si hon» teuse, et que nous prenions la fuite! Si notre >> heure est venue, et qu'il nous faille mourir, >> mourons courageusement en combattant pour » nos frères, et ne laissons point cette tache à »> notre gloire. A ces mots il sort du camp: l'ar» mée marche au combat en bon ordre, » L'aile droite de Bacchides étoit la plus forte Judas l'attaqua avec ses meilleurs soldats, et la mit en fuite. Ceux de l'aile gauche, voyant la déroute, prirent Judas par-derrière, pendant qu'il poursuivoit l'ennemi: le combat s'échauffa ; il y eut Judas fut tué, et le reste prit la fuite. d'abord beaucoup de blessés de part et d'autre:

rir

Il y a des occasions où la gloire de mourir courageusement vaut mieux que la victoire. La gloire soutient la guerre. Ceux qui savent couleur pays pour à une mort assurée, y laissent une réputation de valeur qui étonne l'ennemi ; et par ce moyen ils sont plus utiles à leur patrie, que s'ils demeuroient en vie.

C'est ce qu'opère l'amour de la gloire. Mais il faut toujours se souvenir, que c'est la gloire de défendre son pays et sa liberté. Les Machabées s'étoient d'abord proposé cette fin, lorsqu'ils disoient: « Mourons tous dans notre simplicité : le

1. Mach. IX. 4, 5, 6, 7. - Ibid. 8, 9. 10 et seq.

>> ciel et la terre seront témoins que vous nous » attaquez injustement .» Et après : « Nous » combattrons pour nos vies, pour nos femmes, » pour nos enfants, pour nos ames, et pour nos » lois 2. » Et encore: Ne vaut-il pas mieux mou» rir en combattant, que de voir périr devant » nos yeux notre pays, et abolir nos saintes » lois? Arrive ce que le ciel en a résolu3. » Et pour tout dire en un mot: Mourons pour nos frères, comme le dit le courageux Judas. Laissons-leur l'exemple de mourir pour nos saintes lois; et que la mémoire de notre valeur fasse trembler ceux qui voudront attaquer des gens si déterminés à la mort. Qu'il soit dit éternellement en Israël: Quelque foibles que nous soyons, qu'on ne nous attaque pas impunément.

II PROPOSITION.

La nécessité donne du courage.

» Dieu ! et que je me venge de mes ennemis
» ( qui étoient ceux du peuple de Dieu, dont il
» étoit le chef et le juge); et que par une seule
» ruine, je me venge des deux yeux qu'ils m'ont
» ôtés. » En même temps saisissant les deux co-
lonnes qui soutenoient l'édifice, l'une de sa main
droite et l'autre de sa main gauche : « Que je
» meure, dit-il', avec les Philistins. » Et ébran-
lant les colonnes, il renversa toute la maison sur
les Philistins; et en tua plus en mourant, par
ce seul coup, qu'il n'avoit fait pendant sa vie.
Les interprètes prouvent très bien, par l'Ec-
clésiastique, et par l'Épitre aux Hébreux, que
Samson étoit inspiré dans cette action. Dieu
donnoit de tels exemples d'un courage déter-
miné à la mort, pour accoutumer son peuple à
la mépriser.

On peut croire qu'une semblable inspiration poussa Éléazar, qui voyoit le peuple étonné de la prodigieuse armée d'Antiochus, et plus encore « Il n'en est pas aujourd'hui comme hier et du nombre et de la grandeur de ses éléphants, » avant-hier. Nous avons l'ennemi en face, di- d'aller droit à celui du roi, qu'on reconnoissoit à >>> soit Jonathas aux siens ; le Jourdain deçà et sa hauteur et à son armure. « Il se livra pour » delà, avec des rivages désavantageux, des ma- » son peuple, et pour s'acquérir un nom éternel. » rais, des bois, qui rompent l'armée; il n'y a » Et s'étant fait jour à droite et à gauche, au mi» pas moyen de reculer : poussons nos cris jus-» lieu des ennemis qui tomboient deçà et delà à » qu'au ciel. » En même temps on marche à l'en- » ses pieds; il se mit sous l'éléphant, lui perça nemi; Bacchides est poussé par Jonathas, qui,» le ventre, et fut écrasé par sa chute 2.» le voyant ébranlé, passe le Jourdain à la nage pour le poursuivre, et lui tue mille hommes.

III PROPOSITION.

On court à la mort certaine.

Ces actions d'une valeur étonnante faisoient voir que tout est possible à qui sait mépriser sa vie; et remplissoient à la fois, et le citoyen de courage, et l'ennemi de terreur.

IVE PROPOSITION.
Modération dans la victoire.

Les exemples en sont infinis. Celui de Gédéon est remarquable.

Samson en avoit donné l'exemple. Après lui avoir crevé les yeux, les Philistins assemblés louoient leur dieu Dagon, qui leur avoit donné la victoire sur un ennemi si redoutable. Ils le faisoient venir dans leurs assemblées et dans leur banquet, pour s'en divertir; et le mirent au milieu de la salle, entre deux piliers qui soute-lées, vint lui dire en corps : « Soyez notre sei

noient l'édifice".

Samson, qui sentoit avec la renaissance de ses cheveux le retour de sa force, « dit au jeune >> homme qui le menoit: Laisse-moi reposer un » moment sur ces piliers. » Toute la maison étoit pleine d'hommes et de femmes et tous les princes des Philistins y étoient, au nombre d'environ trois mille, qui étoient venus pour voir Samson, dont ils se jouoient. Alors il invoqua Dieu en cette sorte: « Seigneur, souvenez-vous » de moi: rendez-moi ma première force, ô mon

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Le peuple, affranchi par ses victoires signa

» gneur souverain, vous, et vos enfants, et les >> enfants de vos enfants; parceque nous vous >> devons notre liberté 3. » Mais Gédéon, sans

s'enorgueillir et sans vouloir changer le gouvernement, répondit : « Je ne serai point votre sei» gneur, ni mon fils, ni notre postérité; et le » Seigneur demeurera le seul souverain. »

Dès l'origine de la nation, Abraham, après avoir repris tout le bien des rois ses amis, que l'ennemi avoit enlevé, paie la dime au grand pontife du Seigneur, conserve à ses alliés leur part du butin; et du reste, sans se réserver « un

· Jud. XVI. 30.2 I. Mach. VI. 43, 44, 45, 46.- Jud. vii. 22, 23.

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