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Mais verfant à fes yeux le fang qui m'a trahi ; Déchiré devant elle, & ma main dégoutante Confondroit dans fon fang le fang de fon amang

te.

Excufe les transports de ce cœur offense;
Il est né violent, il aime, il eft bleffé.
Je.connois mes fureurs, & je crains ma foiblef
fe,

'A des troubles honteux je fens que je m'abaiffe.
Non, c'est trop fur Zaïre arrêter un soupçon;
Non, fon cœur n'est point fait
pour une trahi-

fon;

Mais ne crois pas non plus que le mien s'aviliffe,

A fouffrir des rigueurs, à gémir d'un caprice, A me plaindre, à reprendre, à redonner ma foi;

Les éclairciffemens font indignes de moi. Il vaut mieux fur mes fens reprendre un jufte empire,

Il vaut mieux oublier jufqu'au nom de Zaïre. Corafmin, que ces murs foient fermés pour ja

mais;

Fais veiller la terreur aux portes du Palais.
Que tout fubiffe ici le frein de l'efclavage,
Des loix de l'Orient suivons l'auftere usage.
On peut fans s'avilir, abaiffant fa fierté,
Jetter fur fon Efclave un regard de bonté ;

?

Mais il eft trop honteux de craindre une maî

treffe,

Aux mœurs de l'Occident laiffons cette foi

bleffe.

Ce fexe dangereux qui veut tout affervir,
S'il régne dans l'Europe, ici doit obéir.

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L

CHAPITRE IX.

Du Genre Tempéré.

E Genre tempéré tient le milieu entre le fimple & le fublime. Il eft fufceptible de fleurs & d'ornemens. Ces ornemens font certains tours qui contribuent à rendre le difcours plus agréable. Or de même que le Genre fublime peut être comparé à ces édifices magnifiques dont l'Architecture eft d'un deffein grand & majeftueux, & qui font confacrés au culte Divin, ou deffinés pour être la demeure des Rois; on peut dire auffi que le Genre tempéré doit être comparé aux bâtimens qui font habités par les particuliers, mais où l'art, l'élégance, la richeffe même brillent de toutes parts, & qui ont quelque chofe de fin & d'un goût exquis. Dans le Genre dont il s'agit, la beauté de l'imagination régne ordinairement, les, pensées en font nobles & délicates, les images en font gracieuses & brillantes fans phoebus ni clinquant, & les expreffions élégantes & choifies. Mais lorfque ce

on

Genre eft employé dans la Poëfie, peut dire que l'harmonie en rehauffe le prix, & qu'elle en augmente le charme par cet heureux mêlange d'expreffions fonores & mélodieufes, dont l'affortiment fait une impreffion très-agréable fur l'oreille.

On l'employe ordinairement dans tous les fujets qui ne font point du reffort du fublime ni du haut dramatique, & qui font capables d'amufer agréablement les hommes. C'eft dans ce Genre que l'on traite les Églogues, les Satires, les Épitres, les defcriptions champêtres, les relations familieres, tels que font les contes, les faits particuliers qui ne tiennent à rien d'héroïque ni de merveilleux. Enfin c'eft le Genre avec lequel on dépeint tout ce qu'il y a de riant & de gracieux dans la nature; on s'en fert même pour critiquer ingénieufement les mœurs & les ouvrages, en un mot pour ductions de l'efprit qui contribuent à l'a

musement de la fociété.

切魚

toutes les

pro

CRITIQUE BADINE

DU MONDE

Eloge de la folitude....

Un Poëte follicité par un ami de quitter la folitude & de venir dans le monde

y

faire connoître fes talens, vante le bonheur du loifir littéraire dont il jouit, & prend de là occafion de faire une critique fine & ingénieufe des divers défagrémens que l'on a à effuyer dans le monde & de tout ce qui peut choquer un homme de goût.

Heureux qui dans la paix fecrette
D'une libre & belle retraite,
Vit ignoré, content de peu,
Et qui ne fe voit point fans ceffe
Jouet de l'aveugle Déeffe,

Ou dupe de l'aveugle Dieu

Là dans la liberté fuprême.
Semant de fleurs tous

tous les inftans,

Dans l'empire de l'hyyer même
On trouve les jours du printems.
Calme heureux, loifir folitaire !

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