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De par celle qui ne sçait comme se nommer, ne pouvant estre amye, et doutant de la parenté, jusqu'au temps de la repentance et penitence, qui vous sera cousine et amye,

JEANNE.

Extrait de l'Histoire de Foy, etc., par Olhagaray, p. 5344, 545, 546, 547, 548, 549, 550 et 551.7

No 67.

LETTRE DE CALVIN A LA DUCHESSE DE FERRARE.

Madame,

J'ay entendu par vostre dernière lettre que quand vous aviez mandé a Messire Francisco qu'il serait bon que j'exhortasse a charité ceux qui font profession d'estre chrestiens, cela se rapportoit a quelques ministres lesquels vous avez trouvé peu charitables a vostre jugement. Cependant je puis recueillir que c'est au regard de feu M. le duc de Guise, en tant qu'ils ont été trop aspres a le condamner. Or Madame, devant qu'entrer plus avant en matiere, je vous prie, au nom de Dieu, de bien penser aussi que de vostre costé il est requis de tenir mesure.... C'est que sus ce que je vous avois allegué que David nous instruit par son exemple de haïr les ennemys de Dieu, vous respondez que c'estoit pour ce tems-la duquel soubs la loy de rigueur il estoit permis de haïr les ennemys. Or, madame, ceste glose seroit pour renverser toute l'Escripture..... Mais en disant qu'il a eu en haine mortelle les reprouvés, il n'y a doubte qu'il ne se glorifie d'un zele droict et pur et bien reiglé: auquel il y a trois choses requises, c'est que nous n'ayons point esgard a nous ny a nostre particulier: et puis que nous ayons prudence et discretion pour ne point juger a la volée : finalement que nous tenions bonne mesure sans oultre passer les bornes de nostre vocation. Ce que vous verrez plus a plain, Madame, en plusieurs passages de mes Commentaires sur les Psaulmes, quand il vous plaira prendre la peine d'y regarder. Tant y a que le Saint-Esprit nous

a donné David pour patron, affin que nous en suivions son exemple en cest endroict. Et de faict il nous est dict qu'en cest ardeur il a este figure de nostre Seigneur Jesus-Christ. Or si nous pretendons de surmonter en doulceur et humanité celuy qui est la fontaine de pitié et misericorde, malheur sur nous. Et pour couper broche a toutes disputes, contentons-nous que saint Paul applique a tous les fideles ce passage que le zele de la maison de Dieu les doit engloutir..... Mesme Saint-Jehan, duquel vous n'avez retenu que le mot de charité, monstre bien que nous ne debvons pas soubs ombre de l'amour des hommes nous refroidir quant au debvoir que nous avons a l'honneur de Dieu et la conservation de son Eglise. C'est quand il nous defend mesme de saluer ceux qui nous destournent en tant qu'en eux sera de la pure doctrine..... Vous n'avez pas esté seule a sentir beaucoup d'angoisses et amertumes en ces horribles troubles qui sont advenus. Vray est que le mal vous pouvoit picquer plus asprement voyant la couronne de laquelle vous estes issue en telle confusion. Si est ce que vostre tristessè a esté commune a tous enfans de Dieu. Et combien que nous ayons peu dire tous, malheur sur celui par lequel ce scandalle est advenu : toutefois il y a eu matiere de gemir et pleurer, attendu qu'une bonne cause a esté fort mal menée. Or si le mal faschoit à toutes gens de bien, M. de Guise, qui avoit allumé le feu, ne pouvoit pas estre espargné. Et de moy, combien que j'aye tousiours prié Dieu de lui faire mercy, si est ce que j'ay souvent desiré que Dieu mit la main sur luy pour en delivrer son Eglise, s'il ne le vouloit convertir. Tant y a que je puis protester qu'il n'a tenu qu'a moy que devant la guerre gens de faict et d'execution ne se soyent efforcés de l'exterminer du monde, lesquels ont esté retenus par ma seule exhortation. Cependant, de le damner c'est aller trop avant sinon qu'on eut certaine marque et infaillible de sa repro`bation : en quoy il se fault bien garder de presomption et temerité. Car il n'y a qu'un juge devant le siege duquel nous aurons tous a rendre compte. Le second point me semble encore plus exhorbitant de mettre le roy de Navarre en paradis et M. de

Guise en enfer. Car si on faict comparaison de l'un a l'autre : le premier a esté apostat; le second a tousiours esté ennemy ouvert de la vérité de l'Evangile. Je requerrois donc en cest endroict plus grande moderation et sobrieté. Cependant j'ay a vous prier, Madame, de ne vous pas trop aigrir sur ce mot de ne point prier pour un homme, sans avoir bien distingué de la forme et qualité dont il est question..... Sur quoy, Madame, je vous feray un recit de la reyne de Navarre. bien pertinemment. Quand le Roy son mary se fut revolté, le ministre qu'elle avoit, cessa de faire mention de luy aux prieres publiques. Elle faschée luy remonstra que mesme pour le regard des subjects il ne s'en debvoit point deporter. Luy s'excusant declaira, que ce qu'il s'en taisoit du tout estoit pour couvrir le deshonneur et honte du Roy son mary: d'aultant qu'il ne pouvoit prier Dieu pour luy en verité qu'en requerrant qu'il le convertit, ce qui estoit descouvrir sa cheute. S'il demandoit que Dieu le maintint en prosperité, ce seroit se mocquer profanant l'oraison. Elle ayant ouy ceste responce demeura quoye, jusqu'a ce qu'elle en eut demandé conseil d'aultres. Et les trouvant d'accord acquiesça tout doulcement. Madame, comme je sçay que ceste bonne princesse vouldroit apprendre de vous selon que l'usage le porte et vos vertus le meritent aussi je vous prie n'avoir point honte de vous conformer a elle en cest endroict. Son mary luy estoit plus prochain que vostre gendre ne vous a esté. Neantmoins elle a vaincu son affection, affin de n'estre point cause que le nom de Dieu fut profane. Ce qui seroit quand nos prieres seront feinctes ou bien repugnantes au repos de l'Eglise. Et pour conclurre ce propos par charité: jugez, Madame, je vous prie, si c'est raison qu'a l'appetit d'un seul homme nous ne tenions compte de cent mille: que la charité soit tellement restraincte a celuy qui a tasche de mettre tout en confusion que les enfants de Dieu soient mis en arriere. Or le remede est de haïr le mal sans nous attacher aux personnes; mais laisser chacun devant son juge..... Et la responce aussi et refus de M. Coulonge sent plus son ambition et vanité mondaine que la

:

modestie d'un homme de nostre estat, dont je suis bien marry..... Ainsi haine et chrestienté sont choses incompatibles. J'entens haine contre les personnes.

1er Avril 1564.

Lettres de Calvin. Manuscrits de la Bibliothèque de Genève. Ruchat, VII, p. 408

No 68.

LETTRE DE CALVIN A LA DUCHESSE DE FERRARE.

Madame,

Je vous prieray de me pardonner si je vous escris par la main de mon frere a cause de la foiblesse en laquelle je suis et les douleurs que je souffre de diverses maladies, deffault d'aleine, la pierre, la goutte et une ulcere aux vaines esmoroïcques qui m'empesche de prendre aulcun exercice ce qu'il seroit toute esperance d'allegement (sic). . . . . Vous avez pris le propos tout au rebours (quant a Guise et a Coulonges). Voila pourquoy je me deporte de vous en dire plus ne bien ne mal.

Genève, ce 4 avril 1564.

Lettre de Calvin; manuscrits de la Bibliothèque de Genève, n° 108. Ruchat, tom. VII, p. 442.

No 69.

LETTRE DU MINISTRE DE BONVOULOIR A COLLADON, PASTEUR A GENÈVE.

Monsieur et tres-honoré frere, non-seulement l'ancienne cognoissance et amitié, la patrie : l'union de l'office auquel il a pleu a Dieu nous appeler me donnent occasion de vous

escrire: mais principalement les exhortations et consolations saintes que je reçoy par les responses qu'il vous plaist faire a mes lettres; je vous ai donc voulu saluer par la presente pour vous advertir de l'estat de ceste eglise et autres circonvoisines. Elles se portent assez bien selon le temps, la grace au Seigneur. Il n'y a que ceux qui devoient donner exemple aux plus petits qui ne daignent venir ouir la parolle de Dieu, pour ce que nous preschons aussi loing de ceste ville, comme de Lancy a Bernay, et y a beau chemin pour y aller, mais tels penseront avoir fait grand courvée. Je crois qu'ils sont aveuglez en leurs biens et grandeurs, et se persuadent qu'ils les perdroient s'ils se trouvoyent aux sermons, pour ce que les edits du Roy ne le permettent, disent-ils, assez apertement, mais, comme vous sçavez, sont les petits et non les sages de ce monde que Christ appele à la communication de ses tresors celestes. Cependant il y en a quelques-uns riches et d'authorité qui suyvent nostre eglise : et qui se comportent chrestiennement en icelle. Je vous supplie de prier nostre pere celeste pour la prosperité de nostre dite eglise, et pour toutes celles de par-deça. Au reste, si commodité se presente a vous de m'escrire, je vous prie me mander si quelques cantons suisses ont receu l'evangile depuis peu de temps, comme on dit de par deça, si l'empereur s'est declaré de la religion etc., car nous desirons sçavoir telles bonnes nouvelles, non pour le support que nous en pourrions avoir (car Jeremie nous a appris de ne nous fier en l'homme, et de ne prendre la chair pour nostre bras) mais pour ce qu'elles concernent l'avancement de la gloire de Dieu et du regne de son fils eternel, nostre Seigneur Jesus-Christ, ce que sur toutes eglises nous souhaittons. Quant a nostre disposition moi et toute ma famille nous portons bien, graces a Dieu, lequel nous prions estre ainsi de vous et de toute la vostre. J'espere en l'aide du Seigneur accroistre la mienne de mon pierre ce mois de janvier prochain, car je pretens le faire venir de par deça par quelques-uns de ceste ville qui lors deliberent aller de par dela. Vray est que j'eusse esté joyeux de le pouvoir entre

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