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tenir en ce bon college de Genève pour son instruction; mais puisque Dieu ne m'en donne la puissance pour ceste heure, il me faut faire de mieux que je pourray. Sur ce, Monsieur et tres-honoré frere, je me recommande humblement a vos bonnes graces et prieres, de Madame, semblablement et de toute votre famille : puis, quand tous en aurez autant pris de la part de ma femme, je prie Dieu vous tenir tousiours en sa garde et en santé donner longue et heureuse vie.

Je vous prie bien fort presenter mes humbles recommandations aux bonnes graces et prieres de messieurs vos freres et coadjuteurs en l'oeuvre du Seigneur.

De Saint-Maixent, ce 30 novembre 1564.

Vostre frere obeissant et ami

serviable, DELAUNAY, dict de BONVOULOIR.

Cette lettre se trouve dans le n° 197 des manuscrits de la Bibliothèque de Genève, qui a pour titre: Lettres diverses à Colladon. Lettres divers à divers.

No 70.

LETTRE DU MINISTRE CLAUDE DE LA BOISSIÈRE
A THÉODORE DE BÈZE.

Salut en nostre Seigneur.

Monsieur, je loue Dieu et vous remercie du bien que par ci-devant il vous a pleu de me faire, tant pour l'advertissement que vous m'avez envoié touchant la modestie requise au service de Dieu, au tems ou nous sommes; comme aussi pour l'adresse qu'il vous a pleu donner au jeune escollier dict Tezac lequel de votre grace avez mis cheux Monsieur Baduel. Je ferois difficulté de vous prier encores de mesme chose, n'estoit que je sçay, que le desir et plaisir qu'avez a l'advancement

de la jeunesse n'amoindrit point en vous, et surpasse beaucoup l'ennui que prennez de y vous employer; pourquoy je prendray l'hardiesse de vous presenter encores le present porteur et son frère, enfans d'une bonne et chrestienne veuve, laquelle ne veult rien epargner pour les bien louger en lieu qu'ils puissent acquerir ensemble sçavoir et bonnes mœurs. Il est vray qu'elle auroit grand desir, s'il ne vous estoit trop ennuyeux (comme je sçay aussi la difficulté qu'il y a que vous puissiez satisfaire a chose de plus grande importance) de les recueillir auprès de vostre personne, par ainsi il vous plaira les avoir pour recommander, et si vos negoces ne peuvent permectre un tel bien, pour eux comme la mere leur souhaite, il vous plaira les dresser en quelque aultre lieu vertueux, comme par vostre bon advis cognoistrés plus expedient, esperant que la mere ne sera ingrate envers ceulx qui en auront besoin. Le Roy a esté en ceste ville et par ce pais, et a veu par experience partie des fruicts qu'aporte la parolle de Dieu. Car en tout son royaume, il n'a point trouvé une plus grande tranquillité, qui a causé qu'il a ampliffié sa façon d'esdict, donnant l'exercice de la Religion ou bien liberté d'iceluy en trois lieux, oultre celuy qui estoit contenu par son edict. Quant est de nostre lieu, nous sommes tousiours en mesme peine que par le passé, mais (comme nous sommes faicts si non pour servir a Dieu, on bien estre retirés à luy), je ne me puis persuader que ce corps d'eglise, ce corps de notre Seigneur, lequel par si longtemps il a basti et dressé en ce lieu, doive estre deschiré et confus par la privation de son service, et quand ainsi seroit nous ne sommes poinct envoyés aux lieux pour seulement conserver ceux là qui sont venus en l'Eglise, car s'il en y a peult estre de meilleurs qui sont encore enveloppés et errants hors l'Eglise a raison desquels nous sommes destinés a nostre vocation, a plus forte raison sommesnous obligés à n'intermettre le service de Dieu aux lieux où nous sommes appellés. Dieu par sa grace nous y sera secourable. Je vous prieray aussi, monsieur, qu'il vous plaise nous faire ce bien, si possible est, que nous puissions encores estre pourveux

de deux ou trois pasteurs pour ceste province, comme le frere qui en a charge vous exposera la necessité que nous en avons, et d'autant qu'il vous pourra reciter plus au long toutes nouvelles de par deça, faisant fin à la presente, je supplieray Dieu, monsieur, qu'il luy plaise de toujours faire prosperer son œuvre entre vos mains, et vous conserver avec nos bons freres qui sont avec vous pour les siens a sa gloire eternellement.

De Xaintes, ce 17 de septembre 1565.

Vostre tres humble et entier frere,

BOISSIÈRE.

Cette lettre se trouve dans le n° 118 des manuscrits de la Bibliothèque de Genève, qui a pour titre : Lettres diverses de Bèze,

No 71.

LETTRE DE THÉODORE DE BÈZE A LA REINE DE NAVARRE.

Madame,

L'infirmité de ce pauvre monde est telle, comme je sais que vous avez appris, et par écrit et par expérience, que nul n'a plus besoin de serviteurs que ceux qui sont elevés en plus haut degré; de ma part ayant receu ce bien d'estre du nombre de ceux auxquels je m'assure que n'auriez de plaisir de commander, et n'ayant toutesfois aucun moyen de vous faire service, comme je desirerois s'il plaisoit a Dieu, j'ai delibéré, a faute de pouvoir m'employer moi-même, au moins chercher tant que je pourrai le moyen de vous en addresser qui le puissent et veuilent faire, a l'honneur de Dieu et a l'acquit de votre conscience.

Madame, je vous prie vous souvenir d'un personnage nommé Laurent de Normandie, qui vous fut recommandé par feu mon bon père, monsieur Calvin, lorsque vous estiez à Saint-Germain, avant ces derniers troubles, pource qu'il avoit besoin

des lettres du roi, afin de rentrer en ses biens, desquels il avoit esté spolié pour s'estre retiré par deça. Outre ce qu'il estoit longtemps un serviteur du feu roi votre père, en état de maistre des requestes, auquel état mesme il a esté continué par le feu roi vostre mari, et par vous aussi, madame, je sais que, estant lieutenant de Noyon, il a tousiours manié grands affaires concernant le feu roi en Picardie, et depuis, estant par deça par l'espace de seize ans, il s'est tellement gouverné que je ne ferai jamais difficulté de repondre de sa prudhomie, experience et diligence. Et pource que maintenant ayant obtenu telles lettres qu'il demandoit de rétablissement, il est pour faire un voyage en Picardie, je n'ai voulu faillir, madame, de vous en avertir, et en escrire un mot a M. de Passy, qui le connoist comme moimême, pour l'assurance que j'ai qu'il est pour vous y faire bon service, selon l'occasion qui s'offrira, à la gloire de Dieu et a vostre contentement.

Madame, je prie nostre bon Dieu et pere que, vous multipliant toutes ses grâces de plus en plus, il vous maintienne et conserve en sa sainte protection.

De Genève, ce dernier de juin,

Vostre très humble et obeissant serviteur,

TH. DE BESZE.

Cette lettre se trouve imprimée dans les généalogies genevoises de M. Galiffe.

No 72.

LETTRE DU PRINCE DE NAVARRE AUX SYNDICS ET CONSEIL DE GENÈVE, POUR DEMANDER THÉODORE DE BÈZE.

Messieurs,

Par ce présent porteur, que vous envoyons exprès vous entendrez bien au long l'estat des affaires qui touchent les

Eglises de ce royaume, l'ayant chargé vous en discourir et apporter fidellement aucunes particularités. Aussi, pour vous faire une requête de nostre part, qui concerne mons. de Bèze. Vous priant donc, messieurs, ouyr et entendre tout ce que cedit porteur vous dira et requerra, de tellement priser et considerer les justes occasions de nostre requeste que, en la nous octroyant comme nous vous asseurons que vous ferez, nous en puissions recevoir le fruict que nous en esperons et attendons, et sur ce, nous ne vous ferons plus longue lettre, priant Dieu, messieurs. qu'il vous ayt en sa tres saincte et digne garde.

De La Rochelle, ce onzième jour de janvier 1570.

A magnifiques Seigneurs

Vostre bien bon amy,
HENRY.

Les sindics et conseil de la ville de Genève.

Lettres du prince de Navarre

Touschant mons. de Bèze; venue le 27 février 1571.

Cette lettre se trouve dans les archives de l'hôtel-de-ville de Genève.

No 73.

DÉLIBÉRATION DE LA VÉNÉRABLE COMPAGNIE DES PASTEURS DE L'ÉGLISE DE GENÈVE, SUR LA DEMANDE QUI LUI AVAIT ÉTÉ FAITE DE LAISSER ALLER THÉODORE DE BÈZE AU SYNOde de LA ROCHELLE.

1571.

En mars vint ung secretaire de monsieur l'admiral pour convier Mons. de Besze à La Rochelle, où se debvoit tenir ung synode. Le mercredy prochain, M. de Besze manda a Colladon après le premier coup sonné pour le presche, qu'un seigneur syndique vouloit parler a lui apres qu'il avoit presché, lequel

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