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hard le petit discours sur la prise de Saint-Gilles, qui fait l'objet de ma seconde communication ?

Quoiqu'il en soit, l'auteur anonyme nous retrace le vrai tableau du siège de Saint-Gilles par les catholiques en 1622, que Ménard passe sous silence et que Dom Vaissette, dans son histoire générale du Languedoc, tome onzième, nouvelle édition, page 973, paragraphe LXXIV, raconte ainsi : « Le roi étant dans le dessein d'entreprendre le siège de Montpellier, fit descendre par le Rhône un train d'artillerie, trois cents Lansquenets et cinq cents volontaires, qui étant partis de Lyon, le 2 juillet 1622, sous les ordres du duc d'Halwin, s'emparèrent de la ville de Saint-Gilles, à leur arrivée dans le Bas-Languedoc. Bertichères, l'un des chefs des religionnaires, s'était assuré de cette ville et avait détruit l'église de l'abbaye, une des plus magnifiques du royaume. »>

Mais ce que Dom Vaissette ne nous dit pas, l'auteur anonyme nous l'apprend, à savoir, la défaite des sept cents rebelles dont la plupart furent tués, désarmés ou faits prisonniers et qu'on dirigea sur Beaucaire; la fuite de la garnison protestante qui se sauva la nuit, à la faveur de l'obscurité, dans les olivettes, après avoir appris la défaite des sept cents hommes, qui étaient venus de Montpellier pour combattre les Lanskenets occupés à forcer la place de Saint-Gilles.

L'auteur anonyme connaissait très bien Saint-Gilles, puisqu'il mentionne son grand prieuré de Malte qui rapporte 2.000 livres de rente au commandeur et sa grande abbaye qui était d'un grand revenu.

Mais ce qu'il ignorait complètement c'est le lieu où le maréchal de Lesdiguiéres abjura le protestantisme. En effet, à la page 12 de la plaquette, l'auteur nous affirme que « la conversion de Monsieur le maréchal de Lesdiguières fut faicte dans Avignon, le vendredi, quinziesme juillet, le matin, et l'après-dinée il receut le brevet de connétable...». Or ceci est en contradiction avec tous les historiens qui ont parlé de Lesdiguiéres, comme Bouillet et Grégoire dans leur dictionnaire, Vedel, son biographe, Adolphe Rochas dans sa bio

graphie du Dauphiné, Dom Vaissette, dans son histoire du Languedoc et enfin J. Roman dans la correspondance de Lesdiguiéres.

Tous ces auteurs affirment que c'est dans l'église de SaintAndré de Grenoble que Lesdiguières fit son abjuration. Pour corroborer notre assertion nous allons citer Dom Vaissette et Rochas.

Voici d'abord ce que nous lisons dans l'auteur de l'histoire générale du Languedoc, tome onzième, page 970, « Le roi étant parti de Castelnaudary, le 13 juillet 1622, alla coucher à Alzonne où le duc de Montmorency le joignit avec son corps d'armée. Il déclara alors la conversion du maréchal de Lesdiguières, à qui il donna l'épée de connétable et qu'il fit chevalier de ses ordres dans un chapitre qu'il tint exprès à Carcassonne, le lendemain 14 juillet. (1) »

A la page 975 du tome onzième, Dom Vaissette nous dit encore: « Le roi partit de Lunel quatre jours après, alla coucher à Mauguio et le lendemain à la Verune (commune du 3e canton de Montpellier), où il demeura le 29 août 1622, et il remit l'épée de connétable au maréchal de Lesdiguières, qui l'y était venu joindre et qui renoua les négociations pour la paix avec les religionnaires. »

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Dans le tome II, page 60, de la biographie du Dauphiné, par Adolphe Rochas, avocat. Paris, 1870-1877, voici ce que nous lisons « La Cour comprenant combien Lesdiguières pouvait lui donner d'embarras résolut de se l'attacher de la manière la plus étroite, en lui faisant abjurer sa religion et en lui donnant en échange l'épée de connétable. Ce fut l'une des plus grosses aflaires du règne de Louis XIII. Après divers pourparlers, ce marché, qu'il n'est pas possible de

(1) Le roi créa Lesdiguières connétable par lettres du 6 juillet écrites de Castelnaudary; il le dispensa du serment accoutumé à cause des évènements qui le forçaient à rester en Dauphiné, par d'autres lettres du 14 juillet écrites de Carcassonne. (Correspondance de Lesdiguières, tome 3. page 416 et suivantes.) [J. Roman].

T. VI, n° 36.

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mettre en doute, fut conclu à Valence dans la maison du Président Frère vers le commencement de l'an 1621 et fut tenu secret. La mort de Luynes, le 15 décembre 1621, lui donna cette dignité de connétable. Le 25 juillet 1622, au grand scandale de ses coreligionnaires, il alla en grande pompe à la messe dans l'église de Saint-André-de-Grenoble et fit abjuration entre les mains de Guillaume d'Hugues, archevêque d'Embrun. Suit l'acte officiel. Après la cérémonie, Créqui, son gendre, lui remit les lettres du roi qui le nommèrent connétable. Le lendemain il entendit une seconde messe dans le couvent des Capucins qui firent les empressés auprès de lui pour se l'accaparer, sous prétexte qu'il portait le nom de leur séraphique fondateur. Les deux jours suivants, il assista à de nouvelles messes dans l'une il reçut l'ordre du SaintEsprit; dans l'autre il communia (avec une profonde humilité), dit Vedel, son biographe. Après toutes ces capucinades, comme disaient dédaigneusement les ministres, il alla joindre le Roi au siège de Montpellier et décida Rohan à accepter la paix. ›

D'après tous ces textes il est impossible de mettre en doute que l'abjuration du maréchal de Lesdiguières ait eu lieu à Grenoble et que la reprise de Saint-Gilles par les catholiques ait été faite en 1622, peu avant le siège de Montpellier par Louis XIII.

Saint-Gilles, le 27 avril 1895.

C. NICOLAS,

curé-doyen, chanoine honoraire.

LE FRÈRE JEAN-LOUIS DE GOUDARGUES

CAPUCIN, MARTYR

A M. l'abbé Goiffon, vicaire-général, président du COMITÉ DE L'ART CHRÉTIEN, à Nimes

MONSIEUR LE VICAIRE-GÉNÉral,

J'ai la confiance d'offrir à votre patriotisme religieux une satisfaction sensible en lui présentant un compatriote martyr de la seconde persécution révolutionnaire, inconnu jusqu'ici, et découvert après toute une série d'aventures dans les recherches qui m'ont fait parvenir jusqu'à lui.

Dans mes Etudes Franciscaines sur la Révolution dans le Gard, accueillies par vous avec tant de bienveillance, et insérées dans votre Bulletin, il y a quatre ans, j'avais signalé, parmi nos religieux capucins du couvent de Pont-SaintEsprit (page 68) :

« 6. Le P. JEAN-LOUIS de Saint-Étienne, âgé de 41 ans, profès du 8 mai 1765, qui, le 30 août 1790, déclara par une lettre qu'il entendait opter pour la vie commune,» Après quoi tout renseignement sur son compte faisait défaut.

La pièce des Archives du Gard qui me l'avait révélé ajoutait qu'il se trouvait, en cette année 1790, en un fort royal. Ceci m'avait trompé en me donnant lieu de supposer qu'il était aumônier, et par conséquent prêtre vous verrez, par ce qui suivra, qu'il n'était ni l'un ni l'autre ; que son état était celui de frère clerc, et que des vertus peu communes, suivies d'une mort généreuse, le rendent souverainement recommandable à la mémoire de ses compatriotes.

Je me reposais depuis bien longtemps sur l'erreur dont je viens de faire la confession, lorsque, un jour, obligé de parcourir à nouveau la liste des émigrés, j'observai cet article, sur lequel j'avais passé d'autres fois sans m'y arrêter, dans le sixième supplément :

«

SAINT-ETIENNE, Joseph, capucin'de Marseille, résident à Doudart (sic), canton de Cornillon (Gard). Néant pour ses biens. Condamné par la commission militaire séant à Metz, 17 prairial an VI. »

Evidemment, le mot Doudart était une erreur des auteurs de la liste, et il ne pouvait correspondre qu'à Goudargues. A la suite de quelques informations, je pris la liberté de consulter le vénérable chanoine Roman sur mon personnage. Il me répondit charitablement par l'envoi de son opuscule sur Goudargues, en me faisant observer que le nom de SaintEtienne s'y trouvait deux fois, mais pour indiquer des personnes qui avaient vécu un siècle plus tôt. Quant au capucin, il lui était inconnu.

J'eus alors la pensée de m'adresser à M. Victor Pierre, auteur très remarqué de deux ouvrages sur l'histoire de la seconde persécution. Son obligeance fut des plus empressées; mais, encore à lui, notre capucin était inconnu. Toutefois, ce digne savant eut la pensée d'aller chercher aux Archives Nationales. Il y trouva (F. 7,51062) les deux pétitions et la réponse ministérielle qui suivent, et me les transmit en exprimant l'opinion que lesdites pétitions ne devaient pas être de l'écriture du solliciteur. Je ne change rien à leur orthographe:

«< 3e Bureau REYNAUD

9 fl" an IV

LAGARDE Renvoyé au ministre de la police secrétaire général. générale le 3 germinal an IV

CITOYEN REPRÉSENTANT,

Le citoyen Joseph Saint-Etienne, ci-devant capucin cler, a l'honneur de vous représenter qu'il a regidé et regide sans

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