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s'y prononce fortement, & que l'e doit avoir un Accent Grave.

Et enfin après l'u dans aiguë, ambiguë, cigué, &c. pour faire connoître qu'on doit prononcer ces mots autrement que ceux-ci fatigue, langue, laïque, & femblables.

A l'égad des mots rue, connue, menue & tous les autres qui finiffent par ue précédés d'une autre confonne que g, il n'y faut point de Trema, parce qu'on ne peut confondre la terminaifon de ces mots avec aucune autre.

L'i Trema fe place après l'a, l'o, l'u.

Après l'a dans hair, Adélaïde, Danaïde, Thebaïde, & femblables, pour empêcher qu'on ne prononce l'a & l'i comme dans les mots, air, chair, chaîne, &c. où ils forment la diphtongue ai. Par la même raifon il faut écrire aïeul faïance, caier ou cahier, glaïeul, Paien, camaïeu, caïeu gaiac, jaïet, judaïque, judaïfer, Judaïfme, laïque, naïf naïvete, Nicolaïtes, profaïque, fpondaïque, & autres femblables.

L'i étant après un é fermé, & devant faire la fyllabe féparée, les deux points y font abfolument inutiles, & il fuffit de l'Accent Aigu fur l'e, pour diftinguer la prononciation de l'e & de l'i. Ainfi il faut fimplement écrire, Eneide, obéie, Déité, réimpofition, réimpreffion, reimprimer, reinfeeter, réintégrer, réintégrande, réitération, réitérer, fideicommis, Néréide, Plébéien, Pléiades, & femblables, pour marquer que l'e & l'i n'y forment pas la diphtongue ei, comme en ceux-ci, frein, deffein, plein, &c.

L'i Trema fe met après l'o dans Stoïcien, froïque, stoïquement, héroïque, fimois, & femblables, parce que l'o & Pi n'y forment pas la diphtongue oi, comme en ceux-ci, oifeau, moitié, emploi, &c.

Enfin il y en a qui placent l'i Trema, après l'u en ces mots Louife, bruïne, nous concluions, Druïde, jouiffance, ébloui, oui, auditus, & femblables, pour faire connoître que ces trois voyelles o, u, & i, ne forment pas dans ces mots, la diphtongue oui, ni ui, comme en ceux-ci, qui, ita, (qui quelquefois eft de deux fyllabes chez les Poëtes, auquel cas il faudroit écrire oui, patrouille, rouille, bouillon grenouille, ruiffeau, &c.

On pourroit cependant encore fe paffer de mettre l'i Tre

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ma après u & ou dont le fan ne change pas, foit qu'ils for ment une ou deux fyllabes avec l'i. C'est l'ufage qui apprend quand ui & oui doivent être d'une ou de deux fyllabes. Ils font presque toujours d'une feule dans la conversation & l'on ne doit faire fentir quand ils font de deux ;, que dans le difcours foutenu & dans la Poéfie. Ainfi dès que le fon n'en eft pas différent dans ces deux manieres de les prononcer, l' Trema y eft inutile.

Il n'y a pas plus de raifon de mettre les deux points fur l'i des diphtongues ui & oui, qu'il n'y en auroit de les mettre fur l'une des deux voyelles ia, ie, io, &c. qui se prononcent tantôt en une, tantôt en deux fyllabes. Cependant on ne les diftingue jamais par les deux points quand elles forment deux fyllabes: il doit en être de même à l'égard des voyelles ui & oui.

L'ü Trema fe place après les voyelles a &o.

Après l'a, dans ces mots Archelaus, Emaüs, Efaü, Saül & femblables pour marquer qu'elle n'y eft pas diphtongue comme en ceux-ci Laudes, Saumon, Paul, &c.

Après l'o, en ces mots Pirithous, Bagoüs, & femblables, pour faire voir que la derniere fyllabe de ces mots ne fonne pas comme la diphtongue ou qui fe trouve en ceux-ci tous, goût, jour, &c. dont la prononciation eft bien différente. Pour en avoir une preuve inconteftable, il ne faut que comparer ces deux noms Saül, Roi des Ifraëlites, & Saul, Apôtre. L'Orthographe de ces deux mots est semblable, ce font les mêmes lettres : cependant la prononciation en est bien différente, car le premier eft de deux fyllabes qu'on prononce féparément, Sa-ül: au contraire le fecond n'eft que d'une, puifqu'on prononce Saul comme Paul: ainfi il faut avouer qu'il n'y a que le Trema, ou les deux points qui fe trouvent fur l'u qui en font la différence : d'où il faut conclure qu'il ne doit être employé que dans ces fortes d'occafions; c'eftà-dire, pour diftinguer d'une diphtongue les voyelles qui n'en forment pas, & qui doivent être prononcées féparément. Par les mêmes raifons qui viennent d'être expliquées à l'égard de l'é fermé après o & a, & avanti, il n'eft pas néceffaire de mettre deux points fur l'u quand il eft après un é fermé, pour empêcher qu'on ne prononce ces deux voyelles comme la diphtongue eu, & l'Accent Aigu fur l'é fuffira pour

les faire prononcer féparément avec le fon qui leur eft propre. Ainfi on écrira réunion, réuffir, &c. & non reunion, reüffir, &c.

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Malgré ces regles inconteftables, les Imprimeurs ne laiffent pas d'employer le Trema dans un très-grand nombre d'autres mots. Ils s'imaginent fauffement qu'un ï revêtu de deux points en tête, a la même force & vertu que l'y, au lieu duquel ils l'emploient dans les mots Roïaume, nettoïer, aïant, & cent autres où il ne doit pas avoir d'entrée, l'y ayant droit d'y être placé par préférence comme on le verra ci-après, Ils écrivent auffi avec un ü Trema les mots loüer, jouer, Louis, boüillon, grenouille, joüir, & plufieurs autres femblables, & cela, ditent-ils, pour empêcher qu'on. ne prononce lover, jover, Lovis, bovillon, grenoville, jovir, & ainfi les autres. Cette raifon eft frivole & mal imaginée; parce que la figure de l'u voyelle & de l'v confonne étant auffi différente à la vue, que le fon l'eft à l'oreille, il n'y a que les gens qui ne favent pas lire, qui puiffent tomber dans des fautes auffi groffieres.

DE L'APOSTROPH E.

L'Apoftrophe a été inventée pour marquer l'élifion ou fuppreffion d'une voyelle finale, & aider à la prononciation. Elle fe doit mettre après ces monofyllabes, je, te, fe, la, le, de, ce, me, que, ne, lorfque la finale eft mangée par le mot fuivant qui commence par une voyelle, comme en ces exemples: j'aime, il t'aime, il s'aime, l'ambition, l'honneur, c'eft, d'avoir, il m'aime, il n'a, qu'il, & femblables, pour faire voir qu'on ne doit pas prononcer, il fe aime, la ambition, le honneur, il ne a, & ainfi des autres.

Elle fe met encore après ces mots entre & jufque, lorfqu'ils font fuivis de ceux-ci autres, eux, elles, à, au, aux, ici. Exemples entr'eux, entr'elles, entr'autres, jufqu'à, jufqu'au, jufqu'aux, jufqu'ici, & femblables, pour marquer que la finale du premier mot eft mangée par le fuivant.

L'ufage veut auffi qu'on la mette dans les mots aujourd'hui, cejourd'hui, d'hui en un an, d'abord.

On s'en fert encore quelquefois pour fupprimer l'e final du mot grande, quand il eft joint à ceux-ci, grand' Meffe,

grand' peur grand'chambre, grand' falle, grand chere grand' pitié, grand'chofe, mais cette regle n'eft générale & toujours ufitée que dans le mot grand mere.

Enfin quand la particule fi fe rencontre devant les pronoms il & ils, l'ufage général veut qu'on faffe une élifion, & qu'on écrive s'il, s'ils avec une Apostrophe.

DE LA DIVISION.

Cette figure d'Orthographe devroit être appellée Trait d'u nion, puifqu'elle n'a été introduite que pour marquer que divers mots joints ensemble n'en font, pour ainfi dire, qu'un, comme on le peut voir par ceux-ci: c'est-à-dire, vis-à-vis, avant-coureur, avant-garde, l'arriere-ban, franc-fief, portemanteau, & quantité d'autres qu'on trouvera par ordre alphabétique dans ce Traité.

Elle fert auffià couper les mots, qui ne pouvant être mis tous entiers dans une ligne où ils entrent en partie, font achevés au commencement de la fuivante: ce qu'on doit abfolument éviter dans les titres, & autant qu'il eft poffible dans les placards, les in folio, & même dans les in 4°. où elle ne doit être admife que très-rarement. Dans les in 8°. in 12. & in 16. elle eft plus fupportable: mais elle eft fi fréquente dans les petits Livres, tels que font les in 12. à deux colonnes, les in 18. les in 24. in 32. & les autres encore plus petits, auffi-bien que dans les additions ou notes marginales, qu'on ne fauroit y observer exactement les regles fuivant es.

La Divifion ne doit être placée qu'entre deux fyllabes; & il faut que celle qui la précede foit au moins de deux lettres, comme an-née: car elle auroit très-mauvaise grace après une feule voyelle, comme en ces mots, a-vec, a-voir é-vénement, o-blation, i-vrogne, & femblables, à moins qu'il n'y ait devant cette premiere fyllabe une élifion, comme d' l', n', ce qui rend la Divifion tolérable, quand d'ailleurs on eft gêné. Exemple, d'a-mour, l'événement, n'a-voit, &c. Ainfi au lieu de mettre à la fin d'une ligne a- & au commencement de la fuivante vec, il faut mettre le mot entier dans la ligne fuivante.

On ne doit jamais la placer au milieu d'une diphtongue

ni au milieu de plufieurs voyelles qui peuvent former une ou deux diphtongues: en voici des exemples qui m'ont choqué la vue plufieurs fois, ca-ur, ay-ant, Roy-aume, A-oût, recueillir, ex-cmpts, & plufieurs autres femblables qu'il faut abfolument éviter.

La Divifion a encore lieu entre les verbes & leurs nominatifs, quand ils font tranfposés ; ce qui arrive quand il y a une interrogation après ces mots, je, tu, il, elle ; nous, vous, ils, elles, & on. Exemples, dis-je, vois-tu, croit-il, eft-elle, allons-nous, irez-vous, y feront-ils, viendront-elles, croit-on, &c. Mais quand les verbes fe terminent par un e muet ou par un a, on ajoute unt en faveur de la prononciation, lorfque ces verbes font fuivis des pronoms il, elle, & on ; & ce i fe met entre deux Divifions. Exemple penfet-il, parle-t-elle dira-t-on ? Autrefois on mettoit une Apoftrophe après le t au lieu de la Divifion; mais ce n'est plus l'ufage.

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Elle fe place encore fort bien après les pronoms moi, toi, foi, lui, elle, nous, vous, eux & elles, lorfqu'ils font fuivis du mot même relatif. Exemples, moi-même, toi-même, foi-même, lui-même, elle-même, nous-mêmes, vous-mêmes, eux-mêmes, elles-mêmes.

On l'admet auffi entre le mot très & l'adjectif qui le fuit immédiatement. Exemp. Très-beau, très-humble, &c. & enfin après ce mot jufques, & plufieurs autres lorfqu'ils font fuivis de la particule démonftrative là. Exemples, jusques-là, celui-là, celle-là, &c.

Les confonnes qui fe peuvent joindre enfemble au commencement d'un mot, fe doivent auffi joindre au milieu fans les séparer. C'est le fentiment de MM. de Port-Royal; & Ramus prétend que de faire autrement c'est commettre un barbarifme. Suivant cette regle, on doit divifer Dodeur, fcri-pfi, Pa-fleur, pro-fpérer, &c. parce qu'il y a des mots qui commencent par les mêmes confonnes divisées, tels que Ctesiphon, Pfittacus, fto, Spes, &c.

Il ne me refte plus à faire fur la Divifion, qu'une feule obfervation qui ne regarde que les Imprimeurs, qui divifent quelquefois deux lettres d'un mot qui finit une ligne, pour les porter au commencement d'une autre. Exemp. Témerisé, cel-le, & femblables, ce qu'on doit éviter par deux rai

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