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noncer Thomas, foit que l'on écrive avec une hou fans h? Peut-on prononcer autrement que Philofophe, foit qu'on le life avec deux ff ou avec deux pp & deux hh? Non fans doute: ainfi toute la difficulté ne roule que fur le chi, comme en convient M. de Vaugelas dans fes Remarques fur la Langue Françoife, pages 205. 206. 207. & 208. c'est ce qu'il faut examiner.

Les Novateurs n'écrivent, difent-ils, les mots Caldée au lieu de Chaldée ; Anacorete pout Anachorete, & Catécumene pour Catéchumene, & plufieurs autres femblables, que pour empêcher qu'on ne prononce dans ces mots les fyllabes cha cho & chu comme en ceux-ci chagrin, chofe, chûte. Cette raifon eft fpécieuse: voyons fi elle eft auffi bonne qu'ils le prétendent. On trouve dans Richelet Chirographaire, Chiromancie, Choriste & Chorographie, tels qu'ils font écrits ici. Or il eft certain que la premiere fyllabe de ces mots fe doit prononcer en ceux-ci comme dans les autres. Par conféquent il eft blâmable d'avoir laiffé la lettre h dans ces derniers, fi elle y occafionne une faute; ou il a tort de la retrancher des premiers, fi elle n'y en occafionne pas. Quelle autorité peut donc avoir le fentiment d'un homme, qui non-feulement refufe de s'accorder avec les Grecs, les Latins & tous les Savants du Royaume, mais qui ne s'accorde pas avec lui-même ?

Outre cela, quels font les hommes capables de commet→ tre ces fortes de fautes ? Les Etrangers, les enfants & les ignorants. A l'égard des premiers, ce n'eft pas à nous à étudier leur maniere de prononcer, c'est à eux à s'inftruire des caracteres de notre Langue. Ils ont des mots auffi bien que nous, qu'ils prononcent autrement qu'ils ne les écrivent; & je n'ai pas encore oui dire qu'en faveur des François ils aient changé leur Orthographe. Pourquoi donc aurions-nous plus déférence pour eux qu'ils n'en ont pour nous? Quant aux enfants & aux ignorants, ilfaut néceffairement qu'ils acquierent la science par l'étude, puifqu'elle ne leur eft point infule. Tous nos bons Maîtres d'écoles enfeignent à prononcer caritas, Kelydrus, Kirurgus, corus, Catecumenus, &c. quoique dans les Livres Latins ontrouve charitas, Chelydrus, Chirurgus, chorus, Catechumenus, &c. Pourquoi ne veut-on pas qu'ils puiffent enfeigner à lire & à prononcer le François qui eft leur Langue naturelle.

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puifqu'ils enfeignent la maniere de prononcer une Langue qu'ils n'entendent pas généralement parlant ? Il eft vrai qu'il y a des mots dont l'ufage depuis long-temps a retranché la lettre h: on écrit caractere, colere, corde & trône, quoique ces mots foient dérivés des Latins character cholera, chorda, thronus; mais ces mots doivent-ils fervir de regle pour tous les autres ? c'eft une exception qui ne doit pas porter préjudice au refte. De plus au refte. De plus, il n'y a aucun bon Dictionnaire, qui n'avertiffe de la prononciation de ce caratere dans les mots dérivés du Grec & du Latin: on peut donc aifément éclaircir fes doutes.

Outre ces remarques, il faut encore obferver que lorfque la lettre h n'eft point afpirée au commencement d'un mor, elle mange l'a ou le muet qui la précéde; & qu'on doit par conféquent écrire l'homme, non pas le homme; l'habitude, non pas la habitude. Il s'agit préfentement de favoir dans quels mots elle eft afpirée, & dans quels mots elle ne l'eft pas. L'h n'eft point afpirée dans les mots François qui dérivent des Langues Grecque & Latine, & qui commencent par une h dans ces trois Langues, comme heure, hora; homme, homo, & femblables. De cette regle générale, il n'en faut excepter que trois; favoir héros, harpie, hennir, dans lefquels l'h eft afpirée comme en ceux-ci, habler, hacher, haie, haillon, hair haire, halle halle, hallebarde, hameau, hanche, hanneton, hanter, hareng, haras, harceler, hardes, hardi, haricot, harpe, hate, haut, hafard, heraut d'armes, herifler, hêtre, heurter, hibou, hideux, hola', Hollande, Hongrie, Hongrie, & plufieurs autres qu'on trouvera dans leur ordre alphabétique, marqués de deux virgules que les Imprimeurs nomment guillemet. Il faut oblerver que quoique l'h foit afpirée dans le mot héros, elle ne l'eft pas dans fes dérivés & qu'on écrit l'Héroïne Moufquetaire, l'Héroïque valeur, quoiqu'on écrive & qu'on prononce le héros, non pas T'heros. Il y a auffi quelques phrafes dans lefquelles on n'afpire pas l'h des mots Hollande & Hongrie; car on dit fort bien du fromage d'Hollande, du vin d'Hongrie, quoiqu'on prononce la Hollande, la Hongrie.

Il faut encore avoir égard aux mots qui nous viennent du Grec, & qui dans cette Langue originale font marqués d'un efprit rude: on n'en doit pas retrancher la lettre h, quoiqu'elle

n'y fonne pas ainfi il faut écrire Rhodest, Rhétorique 5 arrhes rhinocéros, rhume, & femblables: c'est le fentiment de M. de Vaugelas.

DE LA LETTRE 1.

Je n'ai rien à dire ici de cette lettre, en ayant fuffisamment parlé ci-deffus à l'article des Accents. Voyez outre cela la Remarque de la lettre G, & ci-après celle de la lettre Y.

DE LA LETTRE L.

Quoique cette lettre ne fe prononce pas à la fin des mots util, fufil, gentil, foul, &c. on doit cependant l'y admettre: c'eft l'ufage de tous les Savants.

On ne doit pas non plus la retrancher des mots appeller. fyllabe, Sibylle, imbecillite, inalliable, inftaller, intervalle, mejalliance, & femblables, dans lefquels elle doit doubler; parce qu'ils tirent leur étymologie des mots appellare, fyllaba, Sibylla, imbécillitas, alligare, inftallare, intervallum, &c. qui fe trouvent écrits avec deux ll chez les Auteurs Latins que nous devons imiter dans leur Orthographe, puifque nous faifons paffer leurs mots dans notre Langue.

Outre ces exemples, il y en a d'autres où l' ne double que pour favorifer la prononciation, & dans lefquels elle eft autorisée par l'ufage, comme on peut le voir en ceuxci: Chancellerie, chandelle, Châtellenie, fidelle, & femblables, quoiqu'il n'y ait qu'une feule 1 dans le fimple d'où dérivent ces compofés, comme Chancelier, chandelier, Châtelain fidélité, &c.

Il y en a d'autres au contraire dont l'ufage l'a retranchée, quoiqu'elle y fût admife autrefois, & mème autorisée par l'étymologie, comme en ces mots: aune, faucon, paume, paumier, poumon, pupitre, faumon, taupe, fouffre, & femblables.

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A l'égard des noms propres qui ont été compofés de quelques-uns de ces derniers mots il faut obferver qu'on doit les écrire felon l'ancienne Orthographe; parce qu'en la quittant, il arriveroit que la fignature du fils ne feroit pas conforme à celle du pere: ce qui feroit ridicule & blâmable.

Il faut encore remarquer que dans les mots compofés de la prépofition à dont le fimple commence par une l, on doit doubler cette lettre initiale. Ainfi l'ufage veut qu'on écrive allier, alléger, allouer, allumer, parce que ces mots font compofés de la prépofition à & des mots lier, léger louer, & lumiere. Par la même raifon l'on devroit écrire alliter, alligner & allaiter, avec deux ll, comme les écrit le P. Joubert, puifqu'ils font compofés de la prépofition à & des mots lit, ligne & lait.

DE LA LETTRE M.

Quoique la lettre m emprunte à la fin de plufieurs mots le fon de la lettre n, comme on peut le voir en ceux-ci dam, daim, faim, nom, pronom, renom, furnom , parfum, &c. cependant on doit l'y admettre, & ne pas la changer en n; ce feroit une faute groffiere contre l'étymologie & l'ufage.

Elle emprunte páreillement le fon de la lettre n devant une autre m, unb & un p, comme on le voit en ces mots évidemment, membre, jambe, timbre, combler, humble, &c. camper, Temple, grimper, rompre, & femblables. Ainfi il ne faut pas imiter Richelet qui de fon autorité privée écrit confidenment, éléganment, éloquenment, éminenment enmaillotter, excellenment, fervenment incidenment cenment, independanment, indiferenment, indulgenment, innocenment puiffanment, récenment, &c. Ce font des innovations qu'il faut éviter en fe conformant à l'ufage, qui veut qu'on écrive avec deux mm, confidemment, élégamment, & ainfi les autres.

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inde

La lettre m prend encore le fon de la lettre n dans les mots folemnel, condamner, damnation, damner: mais il ne faut pas pour cela écrire avec deux nn, folennel, condanner, dannation, danner. Ce font des fautes où Richelet eft tombé le premier dans lesquelles il a été fuivi par quelques-uns dont le fentiment ne fauroit faire loi. Voyez les Remarques particulieres fur chacun de ces mots dans leur ordre alphabétique,

Devant le telle emprunte auffi quelquefois le fon de la lettre, principalement dans Comte, Comteffe, comté; &

qui écriroit en François, Conte pour Comte faute.

feroit une

Outre ces Remarques, il faut auffi obferver que la lettre m doit doubler dans les mots où l'étymologie le requiert, quoiqu'on n'y en prononce qu'une, comme en ceux-ci Commende, anagramme, Grammaire , commun, flamme & femblables, parce que ces mots tirent leur origine des Larins Commenda, anagramma, Grammatice, communis, flamma, & femblables qu'on trouve écrits avec deux mm "chez tous les bons Auteurs.

DE LA LETTRE N.

Quoique la lettre n ne fe prononce point dans le pluriel des verbes, il faut cependant l'y placer, parce que c'eft. un usage général comme on en doit juger par ces mots ils penfent, elles difent, &c.

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Il faut remarquer qu'on double cette lettre dans plufieurs mots François, où fuivant l'étymologie elle devroit être fimple comme en ceux-ci, perfonne couronne, qui font imités des Latins, perfona, corona, &c. La railon de ces doubles nn, eft que ces pénultiemes fyllabes font breves en François. Les exemples de cet abrégement de fyllabe font très-fréquents.

Au contraire on retranche l'n de quantité de mots où elle doit doubler fuivant l'ufage, & dans lefquels les Partifans de la nouveauté n'en veulent qu'une. Voyez à ce fujet mes remarques fur les terminaifons ci-après, aux adjectifs & aux adverbes.

DE LA LETTRE Q.

Voyez les remarques fur cette lettre Accents.

DE LA LETTRE P.

ci- deffus aux

Nous avons plufieurs mots dont on a retranché cette lettre, fans aucune autre raifon que parce qu'elle n'y fonne pas. J'ai fait voir en plufieurs endroits que ce prétexte

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