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il eft certain que le pluriel fe forme en ajoutant une s après la finale du fingulier. Ainfi les mots jyllabe, complice, garde, année, Pontife, gage, & femblables, font au pluriel,fyllabes, complices, gardes, années, Pontifes, gages, &c. cela eft fans controverfe, mais on n'eft pas bien d'accord fur le pluriel des mots terminés par un éclair, autrement dit é Aigu. Quelques Auteurs veulent au pluriel, qualitez, alliez, Abbez, tuez, & généralement tous les mots qui ont leur terterminailon en é Aigu au fingulier, ce qui eft une faute que l'Auteur de l'Officina Latinitatis, & plufieurs autres Savants ont remarquée, & dans laquelle on ne tomberoit pas, fi l'on faifoit la réflexion fuivante.

Les féminins des adjectifs mafculins teminés par un é clair, fe forment en ajoutant un e fimple après la finale du mafculin. Exemple, embourbé, fait embourbée au féminin; enfoncé, enfoncée, lardé, lardée, & ainfi les autres. Or il eft certain que tous ces féminins prennent une s au pluriel pour finale; par conféquent le mafculin pluriel en doit prendre auffi une, non-feulement pour conferver le rapport qui doit fe trouver entre le mafculin & le féminin, mais encore pour fatisfaire à la regle générale, qui veut que le pluriel foit formé fur le fingulier en y ajoutant une s finale, comme on le verra ci-après. En effet il n'y a prefque que les mots terminés par une diphtongue qui prennent un x au pluriel, encore y en a-t-il qui veulent une s.

Les terminés en i & en u, & ceux qui le font par les confonnes b, c, d, f, g, h, m, n, p, q, &r, prennent une s au pluriel. En voici des exemples: Fleuri, fait fleuris; vertu, vertus; plomb, plombs; fac, facs; lourd, lourds, clef, clefs; long, longs; almanach, almanachs; parfum, parfums; examen, examens; loup, loups; cocq, cocqs; & dur, durs ;

Ceux qui font terminés en prennent pareillement une s au pluriel, comme cruel, cruels; pareil, pareils; fubtil, fubtils, &c. On doit cependant excepter Ciel & œil, qui veu lent au pluriel Cieux, yeux, quoiqu'on dife ails de bœuf, ciels de lit. L'Académie & le P. Buffier écrivent arc-en-ciels, mais il me femble qu'on devroit plutôt écrire arcs-en-ciel, parce qu'on y peut voir plufieurs arcs, quoiqu'il n'y ait qu'un feul Ciel vifible.

Pour ce qui eft des mots terminés en s & en x, ils ne changent rien au pluriel mafculin, comme on en peut juger

par ceux-ci, épars & curieux, bois & voix, divers, gros, gras, roux, & femblables, qu'on écrit au pluriel comme au fingulier.

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A l'égard de ceux qui font terminés en t ils méritent une attention plus particuliere, pour connoître le caprice de de l'ufage & l'irrégularité des Ecrivains.

Il y a des mots terminés en at, et, it, ot & ut, comme plat, fujet, maudit, dévot, attribut, & femblables, dont le pluriel fe forme, en ajoutant une s après la finale du fingulier. Tous les Auteurs en conviennent. Il y en a d'autres qui font terminés en c, comme respect, fufpect, &c. d'autres en pt, comme prompt, &c. d'autres en rt, comme part, ouvert, fort, &c. dont le pluriel fe forme pareillement en ajoutant une s après la finale du fingulier: cela eft encore général & fans difficulté.

Enfin il y a des mots terminés en ant, ent, int, ont &unt, comme enfant, content, faint, pont, defunt, & mille autres femblables. Il eft indubitable que les mots terminés en int ont & unt doivent prendre une s au pluriel après la finale du fingulier; & par conféquent qu'on doit écrire, faints ponts, defunts, & ainfi leurs femblables. Toute la difficulté roule donc fur les mots en ant & en ent.

Danet dans fon Dictionnaire François, dit que les mots qui finiffent en ant ou en ent, au fingulier, prennent au pluriel une s au lieu du final,. & qu'ainfi fentiment fait fen-. timens au pluriel.

Il faut convenir que cette Orthographe eft très-ancienne comme on le voit par une Grammaire Françoife imprimée à Orléans en 1618, & donnée par Charles Maupas Bloifien. J'ai cependant remarqué qu'on trouve dans tous les meilleurs Livres les mots dents, lents, vents, & quelques autres avec un t & une s au pluriel. MM. de l'Académie dans les premieres Editions de leur Dictionnaire confervoient le t dans plufieurs mots. C'eft fur ce modele que les Ecrivains de la Chancellerie & les Imprimeurs du Louvre fe reglent dans l'Orthographe des Edits, Déclarations & Arrets du Confeil. J'ole cependant leur reprocher aux uns comme aux autres, de n'être pas réguliers; car ils admettent le dans plufieurs mots au pluriel, & le retranchent de quantité d'autres de la même terminaifon: irrégularité dans laquelle ils ne tomberoient pas, s'ils faifoient attention à ce que dit l'Au

teur de l'Officina Latinitatis dans fon petit Traité de l'Orthographe, où il foutient que le pluriel fe fait du fingulier en y ajoutant une s: ce qui eft très-véritable & conforme au fentiment de M. Reftaut.

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On m'objectera fans doute que l'ufage veut qu'on écrive aujourd'hui de la forte, & que cet ulage eft fondé fur ce que le t ne fe prononce point dans ces mots. Examinons ces. deux raifons.

A l'égard de l'ufage, j'ai dit en plufieurs endroits, qu'on doit le refpecter quand il eft général, mais ne l'étant pas à cet égard, comme je viens de le prouver, on ne doit pas lui obéir aveuglément.

Pour ce qui eft de l'autre raifon, je conviens que le t ne fe prononce point au pluriel des mots terminés en ant & ent; mais cela n'en autorile pas la fuppreffion. I ne fe prononce pas davantage dans les mots deferts, parts, forts, Jaints, points, ponts, attributs, attraits & mille autres ? où tous les Savants l'admettent. Par conféquent il faut convenir qu'on doit le placer dans les uns comme dans les autres, ou qu'on doit le retrancher de tous également: Abfurdum confequens, ergo & Antecedens.

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On prétend que les mots en ant & ent ne doivent conferver le t au pluriel que quand ils font d'une feule fyllabe, comme dans gants, cents, dents, lents, vents. Mais on n'apperçoit rien de folide dans cette raifon qui ne tend qu'à introduire une nouvelle bigarrure, dans l'Orthographe. Un mot ne doit pas être écrit différemment d'un autre qui a la même terminaifon, parce qu'il a plus ou moins de fyllabes. Cette variété eft trop contraire aux principes de l'analogie.

Il feroit bien plus fimple & plus raifonnable de ramener tous les pluriels à une loi uniforme, en les formant par la feule addition d'unes, & par conféquent en confervant let dans les pluriels de tous les noms en ant & ent. M. Reftaut en a donné de bonnes raifons, & il y a conformé fon Orthographe dans fa Grammaire. M. l'Abbé Girard a penfé comme lui dans fes vrais principes de la Langue Francoife; mais il a refpecté un ufage qu'il regardoit comme le plus général, & il n'a ofé s'en écarter. Cependant il y a encore plufieurs bons Ecrivains, & entr'autres le favant & pieux Auteur de l'orégé de l'Hiftoire de l'Ancien Teftament, qui

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ne fe font pas laiffé entraîner au torrent de cet ufage, & qui continuent de laiffer le t avec l's des pluriels des noms en ant & ent. C'eft ainfi que l'Académie les écrivoit dans les précédentes Editions de fon Dictionnaire, mais elle retranché le dans la nouvelle. Cependant nous ne changerons point notre Orthographe, & nous continuerons à écrire les pluriels de tous les noms en ant & ent avec unt & une s dans cette Edition.

Les mots Latins qui ont été Francifés comme Opéra, impromptu, Trema, recipifce, Factum, & femblables, n'ont point encore de pluriel certain, les uns les écrivant avec unes, les autres fans s. Ainfi j'attends qu'il plaise à l'usage de ftatuer fur ce qu'on doit fuivre.

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Les noms de nombres font indéclinables & de tout genre, excepté le premier, car on dit un, une, les uns, les unes. Il y en a cependant qui écrivent cens au pluriel. Pour moi je crois qu'on ne doit écrire cens avec une s fans que dans la fignification du mot Latin cenfus. Lorfqu'il ne s'agit que d'une centaine, il me femble que l'on doit écrire cent, mais quand il s'agit de plufieurs centaines, il faut écrire cents: Exemp. cent hommes, cent piftoles; deux cents hommes, trois cents écus: La prononciation en devient plus douce & plus agréable à l'oreille, quand ce nom de nombre fe rencontre immédiatement devant une voyelle ou une h fans afpiration. J'ajouterai même que les regles fondamentales de l'Orthographe l'exigent, puifque ce mot étant multiplié par lui-même, il convient de l'écrire avec la lettre caractéristique du pluriel, ainfi que tous les autres noms. Mais je foutiens avec Danet, M. Reftaut & plufieurs autres Savants, qu'en fait de date cent eft indéclinable.

Pour ce qui eft du mot mille il eft conftant qu'il eft pareillement indéclinable, & qu'on doit écrire deux mille hommes, trois mille livres, à quatre mille lieues, cinq mille ans, & femblables. La raifon ne s'oppoferoit pas à ce que mille s'écrivit avec une s en certains cas, auffi-bien que cent; mais l'ufage naturel ne le permet pas. Quelle bizarrie! A l'égard des dates, on doit écrire mil avec trois lettres & cent fans s. Exemple, l'an mil fept cnt, en mil fix

cent, au mois de Mai mil quatre cent, & ainfi des autres dates. M. Restaut écrit avec l'Académie foixante & dix, & en quelques occafions quatre vingts. Voyez ma remarque fur le mot vingt.

DES MOTS TERMINE'S EN ion.

Les mots en tion & fion ont un fon fi uniforme qu'il faut néceffairement avoir recours aux Latins dont ils font dérivés, pour ne pas écrire avec une s ceux qui doivent l'être avec un t. Ainfi pour bien écrire extenfion, & femblables, il est néceffaire de favoir que ce mot vient du fupin extenfum; & qu'au contraire intention doit être écrit avec un t parce que ce mot vient d'intentum. Il en eft de même des mots terminés en dion & en xion, dans l'Orthographe de quels on pourroit fe tromper, fi l'on n'avoit pas recours aux Latins dont ils tirent leur origine. C'eft pourquoi il faut favoir que diction vient de dictum, & reflexion de reflexum, pour ne pas confondre le a avec l'x.

DES ADJECTIFS.

C. Les mots terminés au mafculin par un c, forment leur féminin en ajoutant he après cette finale. Exemp.franc, blanc, font franche, blanche. Il ne faut excepter de cette regle que public, Turc, caduc, qui veulent au féminin, publique, Turque, caduque. Dans les précédentes Editions de cet Ouvrage, nous avions auffi excepté Grec, & nous écrivions au féminin Greque; mais l'Académie Françoife, le Dictionnaire de Trevoux, MM. de Port-Royal, & tous les bons Auteurs écrivent au féminin Grecque, & non pas Greque.

D. Ceux qui font terminés en d, prennent un e après cette finale. Exemp. Grand, froid, laid, fecond, profond, lourd, fourd, gaillard, &c. au féminin font, grande, froide, laide, féconde, profonde, lourde, fourde, gaillarde, & ainfi les autres. On ne doit excepter que ces deux mots nud & crud, qui au féminin font nue & crue.

E. Les terminés en é Aigu, prennent au féminin un e fimple après la finale du mafculin. Exemp. courbé, effacé, garde, créé, étouffé, changé, bouché, roulé, aimé, ne, frappé, ciré, aife, vante, trouvé, annexé, & généralement tous les participes paffifs des verbes de la premiere conjugaison ajoutent

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