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DILLENS.

La scène de carnaval, n° 584, que nous présente M. Dillens, est, pour la composition et le dessin, un des plus jolis tableaux de genre que possède le Salon. Avec un peu plus d'effet d'ensemble, il aurait réuni tous les suffrages. Tel qu'il est, on lui trouve du mouvement, du naturel, de l'esprit, toutes qualités qui assurent à l'auteur de beaux succès, s'il s'étudie à donner plus de vigueur à son coloris. Ce coloris, un peu pâle, nuit à l'effet du tableau : les figures sont trop éparpillées dans ce cadre; l'œil n'y trouve pas de repos. En passant d'un personnage à l'autre, on se plaît à reconnaître toutes les qualités du pinceau et du dessin du jeune artiste; on y trouve finesse, correction, sentiment; mais tout cela est prodigué sans

ménagement, sans gradation; tous les coins du tableau présentent le même degré et le même genre d'intérêt.

Nous signalons ici avec plaisir une circonstance bien rare chez les peintres de genre, c'est que les chevaux de cette mascarade sont extrêmement bien peints et bien dessinés.

M. Dillens a encore pour lui cet avantage qu'il est original et qu'il n'imite ni les maîtres morts ni les vivans, il s'en tient à la nature, ce maître-là ne lui fera jamais défaut et ne l'égarera point dans une fausse voie.

VIEILLEVOYE.

Cet artiste, qui brillait au salon de Liége, où il occupait la première place, ne nous a pas traités aussi bien que ses compatriotes liégeois. Un portrait et une étude de vieillard, voilà tout ce qu'il nous a envoyé. Il est vrai que le peintre avait plus d'intérêt à établir solidement sa réputation dans la ville dont il dirige l'académie, que de l'étendre au loin. Sans cette considération, peut-être aurait-il réservé pour le mois de septembre les travaux plus importans qu'il a exhibés au mois de mai.

.....

Le portrait du général M............. est très-ressemblant; il est peint avec conscience, mais non avec charme. La fraîcheur de la carnation y produit un effet dur et donne de la sécheresse au dessin qui manque de fondu. C'est donc à la manière dont M. Vieillevoye a éclairé sa figure que nous adresserons nos reproches. Il est fâcheux qu'un

tableau, exécuté avec autant de soin, pèche par le soin même que l'on a mis à le rendre parfait. C'est qu'il faut savoir sacrifier des détails à l'ensemble, les exécuter ensuite dans la demi-teinte ou dans l'ombre, afin que l'œil puisse les y retrouver s'il les y cherche. Mais il ne faut pas que toutes les parties se disputent la prééminence de l'effet. De même qu'un critique trouvait des longueurs dans un distique, nous trouvons du papillotage dans cette figure, dont toutes les parties attirent également notre attention et visent à l'effet. On ne saurait trop louer la manière exacte dont le peintre a rendu tous les détails de l'uniforme, c'est à s'y méprendre, à s'approcher pour s'assurer que les décorations sont bien de la peinture. Encore une fois, c'est là du faire et de la main, ce n'est pas de l'art.

M. Vieillevoye a surtout réussi dans les tableaux de genre. Le peuple liégeois lui a fourni des scènes et des types originaux, que nous lui conseillons de continuer à exploiter; il peut se faire un genre dans lequel il n'aupas de rivaux.

rait

Nous l'engageons aussi à s'occuper sérieusement du coloris : le sien n'a pas encore le fondu et l'harmonie qui font le charme des ouvrages des grands maîtres. Sa tête de vieillard, no 364, est une étude admirable, qui fait désirer un tableau.

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