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J. PAELINCK.

M. Paelinck est un des artistes belges qui ont le plus contribué à relever l'école flamande, dans le pays et à l'étranger. Plusieurs de ses ouvrages lui ont valu une célébrité bien acquise, et assurent à son nom une belle place dans nos annales.

Le tableau de l'Invention de la Vraie Croix, qui se trouve dans une église de Gand, est encore aujourd'hui un des meilleurs ouvrages que le pinceau flamand ait produits depuis vingt ans; c'est ce que nous appelons un tableau capital.

le

Les Disciples d'Émaüs, le Calvaire peint pour village d'Ostaeker, lieu de naissance de l'artiste, sont de ces toiles qu'une nation peut montrer avec orgueil;

et la Toilette de Psyché, que possède le musée royal de La Haye, suffirait, dans tous les pays, pour établir solidement une réputation.

Le talent de M. Paelinck n'est donc pas un point susceptible de contestation; mais l'appréciation du mérite relatif de ses différentes productions peut faire l'objet de discussions plus fondées.

Les qualités de la peinture de M. Paelinck sont précisément celles qui manquaient aux peintres qui l'ont précédé immédiatement, et aux contemporains de sa jeunesse : son école a rendu, sous ce rapport, d'immenses services à l'art belge. C'est une observation qu'il ne faut pas perdre de vue. A la peinture molle et sans nerf de Lens, continuée par François, il a fait succéder une certaine vigueur de coloris dont depuis longtemps nous n'avions plus d'exemples.

L'académique et le nu ont peut-être un peu trop dominé cette école, c'était l'influence de David, à laquelle il n'était point aisé de se soustraire. Mais on peut voir, en comparant M. Paelinck à feu M. Odevaere, combien le premier est resté plus original, plus Flamand, à une époque où le type du beau en peinture était l'Enlèvement des Sabines, et le Léonidas.

Nous sommes loin de vouloir altérer en rien la réputation de David; quoique fassent certains critiques pour

le ravaler au niveau des barbouilleurs, il est et restera une illustration dans les arts. Tout en reconnaissant ce qui manquait à ce grand artiste pour qu'on puisse lui donner le titre de peintre complet, nous apprécions ce qu'il lui a fallu de génie pour ramener l'art à ses véritables principes.

En vain chercherait-on à rabaisser ce mérite, aujour

d'hui

que de nouveaux progrès font pâlir ceux de la fin de l'autre siècle : il est plus difficile, à notre avis, de remettre dans la bonne voie un char fourvoyé, que de le faire voler rapidement, quand une fois il est placé

sur une route fermement assise et nettement tracée.

Formé à l'école de David et par l'étude des modèles de l'Italie, M. Paelinck n'a cependant pas oublié son origine. Admirateur passionné de Rubens et de Van Dyck, s'il n'a point adopté complétement leur manière, il s'en est rapproché beaucoup plus qu'aucun de ceux de son temps. Dans ses bons tableaux, il est coloriste et dessinateur, quoique en général il tienne à l'académique et à l'imitation de l'antique.

Aux yeux de plus d'un juge, ce ne sera pas un sujet de reproche. Lorsque nous voyons aujourd'hui avec quel entraînement les jeunes artistes se précipitent sur la trace et dans l'ornière de celui qui leur paraît tenir la place la plus élevée, se font les serviles imitateurs de ses

défauts, ne pouvant atteindre à ses beautés, nous comprenons l'influence de David sur son temps, influence à laquelle il était bien difficile de se soustraire, influence qui a perdu plus d'un jeune homme, mais aussi qui a préparé les triomphes de plus d'un grand peintre.

Depuis assez longtemps, M. Paelinck a été occupé de tableaux commandés, tristes sujets, malheureusement choisis, la plupart du temps, par des amateurs peu éclairés. Ces productions, il faut en convenir, ont donné à ses rivaux l'occasion d'exercer leur malveillance avec une certaine apparence d'équité. Les ouvrages qu'il produit aujourd'hui ne sont pas de ces météores éblouissans qui foudroient les critiques; ce sont simplement de jolis tableaux qui témoignent surtout du savoir et de l'habileté du peintre.

Abdication de Charles-Quint, en l'année 1556.

(N° 888 '.)

L'abdication de Charles-Quint est un des faits les plus importans d'un siècle bien riche en événemens

1 Hauteur, mètre 1,46; largeur, mètre 1,07.

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