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on choisit le beau et le grand dans la nature, pour acquérir un style élevé, pour apprendre à peindre dignement les passions, sans disloquer les membres, sans faire grimacer les figures. Lorsque l'on parle de l'antique à la plupart de nos jeunes artistes, on excite en eux un sentiment qui n'est guère éloigné de la pitié et du dédain. La réaction contre les abus du genre classique a été si violente que l'on a exclu le bon en même temps que le mauvais. Parlez d'Athènes et du siècle de Périclès, on vous rira au nez. Citez la moindre production de l'art du moyen âge, toutes les attentions sont excitées, tous les crayons, tous les burins sont prêts à reproduire le chef-d'œuvre, tous les artistes l'imiteront. On a chassé

l'art

grec pour le remplacer par l'art gothique. Imitation pour imitation, et l'on n'a pas gagné au change. Déjà le moyen âge fatigue autant et plus aujourd'hui que les Grecs et les Romains, il y a vingt ans, après l'empire. Il est temps de revenir, non à l'imitation, mais à l'étude raisonnée des anciens. Ce qu'il nous reste des chefs-d'œuvre de l'antiquité, prouve assez que ce qu'ils avaient appelé le beau n'était pas un beau de convention, mais un beau de choix; que la nature seule a servi de base à leurs immortelles productions; que leurs institutions sociales, mille fois plus favorables que les nôtres à la culture des arts, leur facilitaient singulièrement

l'étude du corps humain dans tous ses plus beaux, ses plus gracieux, comme ses plus énergiques développe

mens.

Où trouver aujourd'hui des modèles comme ces athlètes et ces pentathlètes que les peuples de la Grèce couronnaient aux jeux olympiques, auxquels ils faisaient ériger des statues, lorsqu'ils réunissaient tous les caractères de beauté qui les rendaient propres aux cinq exercices? Vous ne les trouverez, jeunes artistes, que dans les précieux restes arrachés à la faux du temps, et qui ont fait l'objet des études et de l'admiration constantes des plus grands génies des derniers siècles. Ces monumens d'une si grande importance pour votre avenir, vous les trouverez réunis dans les académies.

Celle de Bruxelles en possède une collection, aussi complète que celle de Paris, et c'est aux soins de M. Navez, son digne directeur, et à la bienveillance du gouvernement français, que nous sommes redevables de la plus grande partie de ces plâtres si précieux.

Cette digression, dont M. Leys nous a fourni l'occasion, ne s'adresse pas à lui seul. La plupart de nos jeunes artistes auraient pu la motiver tout aussi bien que lui.

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L. P. VERWÉE.

Élève et imitateur de Verboeckhoven, ce peintre manque d'originalité; il a acquis une grande habitude de peindre dans la manière de son maître. Un jour peutêtre, quand l'un et l'autre n'y seront plus, des amateurs peu attentifs confondront-ils quelques-uns de leurs ouvrages. Il y a même déjà des marchands qui se sont permis de petites supercheries, fondées sur cette ressemblance et sur l'ignorance des acheteurs. Ce procédé est condamnable, à tous égards, surtout du vivant d'un peintre. C'est du reste à l'insu de M. Verwée qu'un marchand de Paris a apposé dernièrement la signature du maître sur un des tableaux de l'élève.

Huit tableaux ont été exposés par M. Verwée au Salon

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