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de cette année. Le no 556, Ancienne ferme du Châtelet, à Marbais, est animé par la rentrée d'un troupeau de vaches et de moutons dans la basse-cour, peuplée de canards, de poules, d'oies et d'autres animaux domestiques. Les bâtimens sont disposés de manière à ne laisser apercevoir l'extérieur que par la grande porte, ouverte dans le fond, où l'on découvre un lointain d'un joli aspect. Sur la droite se trouve une grosse tour, ruinée en partie, et à laquelle sont adossés les bâtimens de la ferme.

Le n° 560 est une vue arrangée, où l'artiste a placé la même tour avec les arcades ruinées de vieilles voûtes en briques, et des eaux d'une transparence assez belle, où nagent des cygnes; le lointain en est agréable.

Le n° 561, désigné au Catalogue sous cette dénomination: Bergère et son troupeau, est un paysage d'un fort bel effet, bien composé, donnant une idée juste des contrées montagneuses de la Belgique. Les premiers plans sont pleins de vigueur; les plans secondaires offrent une belle dégradation de tons, jusqu'au lointain vaporeux qui s'harmonise avec un ciel chaud. La chaîne de montagnes est fort bien éclairée, les arbres sont d'une bonne facture, leur feuillé, le terrain, les eaux, prouvent une grande habileté. C'est surtout les qualités du paysagiste et du coloriste que M. Verwée a montrées

dans ce tableau ; quant aux animaux, ils rappellent trop ceux de Verboeckhoven, et n'ont pas la perfection de dessin et de modelé qui distingue ce maître : le dessin en est sec d'extrémités et de contours. Le taureau noir cependant est d'une exécution fort remarquable, il a bien le mouvement et la pose majestueuse de ce noble animal. La bergère et les moutons ne sont pas aussi dignes d'éloges.

Hiver, intérieur de bois.

(N° 557 '.)

Ce n'est pas tout à fait l'hiver que représente ce tableau, ce n'est pas non plus le printemps; mais c'est une époque intermédiaire. La neige a disparu, les arbres ont secoué au vent le givre qui glaçait leurs branches. La terre s'amollit et prépare ses germes, la séve va commencer à fermenter, l'extrémité des rameaux se colore et donne à l'ensemble des forêts, vues d'un peu loin, une teinte violâtre qui s'unit harmonieusement avec les vapeurs qui voilent presque constamment l'horizon.

1 Hauteur, mètre, 0,82; largeur, mètre, 1,06.

Nous ne nous rappelons pas qu'aucun peintre ait représenté les forêts sous cet aspect. Aussi, la première fois que nous vîmes l'étude faite d'après nature par Eugène Verboeckhoven, pour son grand tableau, nous restâmes frappé de l'originalité de ce paysage. Le public a éprouvé la même impression à la vue de l'ouvrage de M. Verwée, exécuté d'après des études qu'il avait prises lui-même en même temps que son maître.

Le tableau no 557 est heureusement arrangé, gracieux, plein de vérité, et consciencieux d'études; les arbres sans feuilles sont habilement faits, ceux du fond ont conservé quelques feuilles sèches, ceux des premiers plans en sont tout à fait dépouillés. Plusieurs ont fait à l'artiste un reproche de cette différence, qui nous paraît, à nous, mériter des éloges. En effet, le bois du fond présente un taillis fourré dont tous les arbres se protégent mutuellement contre la fureur des vents; ceux du devant sont isolés, et ont dû être, pendant plusieurs mois, violemment secoués par les ouragans. Cette ob

servation des moindres circonstances est très-louable dans un artiste qui cherche maintenant à imiter la nature

avant tout.

Les eaux, le terrain, le lointain, le ciel, tout concourt pour faire de ce tableau une charmante production.

M. Verboeckhoven, toujours si obligeant pour ses

confrères, a placé dans le paysage de son élève un voyageur sur un cheval gris-blanc, gravissant le chemin qui entre dans la forêt ; il y a joint trois chiens courans.

Cette circonstance double encore le prix du joli tableau de M. Verwée; car son maître s'est montré, dans ce charmantaccessoire, aussi fin, aussi délicat de touche qu'il l'est ordinairement dans ses délicieux petits pan

neaux.

Les deux pendans, no 559 et 562, Un âne et des chèvres, dans le premier, Chèvre et moutons, dans l'autre, sont encore de fort jolis tableaux et montrent que M. Verwée est capable de marcher seul maintenant. Nous l'engageons fortement à suivre désormais une route qui lui appartienne.

JOYANT

M. Joyant nous a envoyé de Paris trois vues de Venise; elles sont remarquables par une grande facilité d'exécution et une touche spirituelle. Celle du Pont du Rialto est surtout séduisante; mais nous croyons devoir faire à cet artiste le reproche de ne pas être lui-même de marcher derrière Canaletti et Bonington. Les œuvres de ces deux maîtres sont sans doute admirables: faut-il pour cela les copier ? Il faut tâcher de les égaler, et ce n'est pas en leur prenant leurs procédés qu'on y parviendra. Y réussit-on d'ailleurs, on ne ferait toujours que de la copie. C'est parce que nous nous sommes formé une haute opinion de la capacité de M. Joyant, que nous nous permettons de lui adresser le conseil de jeter ses lisières.

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