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GUIAUD.

La vue d'Anvers, de M. Guiaud, à part quelques infidélités que nous y avons remarquées, est un fort bon ouvrage. Nous avons été très-satisfait de la manière dont il a rendu les maisons, si originales et si jolies, qui cachent la cathédrale d'Anvers, dont il a habilement exécuté la haute flèche, quoique nous la trouvions un peu sombre. Ce tableau est d'un agréable dessin, mais il nous a paru froid de couleur. Les ombres y sont d'un noir excessif, qui ne produit pas, à notre avis, l'effet que l'auteur nous semble en avoir attendu. Un peu moins de noir et un peu plus de chaleur, eût donné au tableau plus d'harmonie, plus de force, et nous pensons qu'il aurait produit un meilleur effet. La vue de Baden-Baden est placée un peu haut; elle nous a paru devoir reproduire le site avec vérité; mais c'est le site qui ne nous plaît pas. Du reste M. Guiaud est dans une bonne voie, il a une touche ferme et large, unie à un dessin correct.

SCHELFOUT.

Les deux tableaux que cet artiste nous a envoyés de La Haye, sont de ces délicieuses productions qui ne trouvent leur pendant que chez les anciens Hollandais ou dans les petits cadres de notre Eugène Verboeckhoven. C'est une perfection, un fini de détails incroyables; c'est une réduction si bien sentie de la nature, que l'on n'y trouve aucun des défauts de la miniature, tandis qu'on Ꭹ admire toutes les qualités de la peinture en grand. Ciels profonds et sensiblement arrondis en voûte, air rendu visible, vigueur et dégradation des plans, horizon vaporeux et riche; tout se réunit pour faire de ces étroits panneaux des chefs-d'œuvre inappréciables.

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Une plage, N° 419.- Un hiver, No 420 '.

Il semble que la Commission Directrice, en plaçant ces deux tableaux l'un auprès de l'autre, ait voulu rendre plus embarrassant le choix de l'amateur. En effet l'hiver est si vrai, si froid, si brumeux; sa glace est si naturelle, si transparente, si bien rayée par le fer des patineurs ; son petit ciel si fin! mais la petite marine est si séduisante! comme sa mer est mobile, comme la vague déferle avec grâce sur ce sable où vient de s'étendre en cercle la vague ascendante! comme son ciel est orageux et triste! le temps se gâte, il fait bien du vent sur cette plage; mais on y reste charmé.

Les tableaux de M. Schelfout sont du très-petit nombre de ceux que les artistes ont empreints d'un sentiment. L'exécution sans doute est pour beaucoup dans le succès de ces ouvrages; mais sans la pensée, vraie aussi, que le peintre a mise dans sa composition, toutes ces vérités de détails, qui nous frappent dans cet ensemble, ne produiraient qu'un effet médiocre. La marine de M. Schelfout fait réfléchir, elle émeut; elle prouvera, nous l'espérons, à ceux de nos paysagistes qui ne s'at

1 Hauteur, mètre, 0,55; largeur, mètre, 0,45.

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