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tachent qu'à des effets bizarres, que les moyens simples, habilement employés, sont les plus sûrs pour produire une sensation durable; que l'éxécution délicate des détails ne gâte point un tableau, quand d'ailleurs il est conçu avec ensemble et harmonie.

Nous ne placerons pas l'ombre d'une critique auprès de l'éloge que nous venons de faire : nous ne pensons pas qu'un seul reproche puisse être adressé à ces deux tableaux, qui nous ont montré le peintre hollandais dans tout l'éclat de la belle réputation si justement acquise, depuis longtemps, à son talent.

Dans les éloges qui précèdent, nous n'avons été que l'écho de tout le public; nous avons dit ce que tout le monde a dit en voyant ces deux chefs-d'œuvre. Nous les avons jugés comme s'ils étaient les seuls que nous eussions vus du maître. Eh bien! ces peintures si fines, si vraies, si parfaites en tout point, ne vous paraîtraient plus que des esquisses, si vous aviez vu l'Hiver que possède le cabinet de M. le comte de Jonghe. A côté de celui-ci, les autres pâliraient. Aussi terminerons-nous cet article en disant, que, dans ce genre, M. Schelfout n'est vaincu que par lui-même.

ISABEY.

Nous regrettons que cet artiste, dont la réputation est si étendue, n'ait pas jugé à propos de nous envoyer quelque chose de plus important que sa Vue d'une ville normande, no 274. En vérité, ce petit tableau ne nous permet pas d'apprécier le talent de M. Isabey, comme nous avons pu faire de celui de M. Gudin, par les morceaux dont ce dernier a orné notre Salon. Oserons-nous dire que l'effet qu'a produit sur nous cette Vue est fort au-dessous de ce que nous attendions? Oui, sans doute, et même nous nous croyons en droit de reprocher au peintre d'avoir traité nos artistes un peu trop sans façon. La même chose est arrivée en 1833 à M. Devéria, qui avait pensé que son fond d'atelier, ou de magasin, serait toujours assez bon pour Bruxelles. Il s'est trompé ; et

Bruxelles n'a pas du tout admiré ses petits tablotins.

Dans un pays qui possède autant de peintres d'un talent incontestable que le nôtre, un artiste étranger de mérite doit, nous semble-t-il, n'envoyer que des ouvrages dignes de sa réputation. Le public de Bruxelles sera encore, probablement pendant quelque temps, réduit à croire à celle de M. Isabey sur ouï dire.

Cependant nous ne pouvons refuser à cette Vue de Normandie le mérite d'une touche fine et délicate, d'une admirable adresse, mais il nous est désagréable d'être obligé d'ajouter que la vue nous semble manquer de vérité, que la manière en a pris la place, et que le tableau est généralement trop noir, que le ciel ressemble à des morceaux de lapis lazuli incrustés. Parler ainsi d'un artiste distingué, qui expose chez nous pour la première fois, est un devoir bien pénible pour nous; mais nous avons bien soin d'ajouter que notre intention est d'empêcher ceux qui n'auraient pas encore vu de bons ouvrages de ce maître, de se faire une idée du talent de M. Isabey par le tableau qu'il nous a envoyé, sans doute dans un moment de préoccupation.

Nous attendrons, pour apprécier le grand artiste français, c'est-à-dire pour en faire l'éloge, qu'il ait fourni au public belge l'occasion de l'admirer dans une œuvre où il soit lui-même.

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