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BELLANGE.

Tout ce qui sort des mains de cet artiste porte un cachet original et plaît à tout le monde. Le naturel, l'esprit, le sentiment se montrent dans chacun des ouvrages de M. Bellangé. Il a surtout étudié les mœurs militaires, qu'il représente presque exclusivement, et qu'il met souvent en rapport avec le peuple des campagnes. Nous nous rappelons le délicieux tableau de l'Entrée des Polonais proscrits dans le premier village français. Nous avons admiré cette charmante toile, dont les moins connaisseurs appréciaient le mérite. Nous pu penser que l'auteur de cette peinture ne parviendrait plus une autre fois à réunir autant d'intérêt dans un cadre aussi étroit. Le sujet se prêtait si bien au

avions

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développement de pensées à la fois simples et géné

reuses.

Aujourd'hui, nous revoyons M. Bellangé dans tout son beau; il nous traite vraiment comme de bonnes connaissancés, et comme des gens qui avons su l'apprécier. Aussi ses tableaux sont-ils toujours entourés par la foule qu'ils passionnent.

Le peintre se fait aimer de tous ceux qui voient ses productions. On se forme une idée charmante du caractère et du bon cœur que doit avoir celui qui choisit ainsi ses sujets. Ce doit être une de ces excellentes âmes, un de ces esprits pleins de finesse, comme le bonhomme Jean, comme l'illustre chansonnier dont le nom ainsi que le talent ont tant de rapport avec celui de M. Bellangé.

Avant de nous livrer à l'analyse des tableaux de l'artiste, disons quelques mots sur la portée morale des sujets qu'il choisit. Le militaire et le paysan sont presque toujours en scène dans ses ouvrages. Le peintre s'attache à nous montrer ces deux classes de citoyens dans des rapports continuels, et toujours c'est leur sympathie mutuelle qu'il fait éclater. Bien que ces deux conditions soient très-différentes, il nous fait remarquer sans cesse comme elles se rapprochent par les sentimens. Ces soldats, exposant leur vie à chaque instant, toujours prêts

à donner la mort ou à la recevoir sur le champ de bataille, s'ils arrivent au milieu d'un village de leur pays, aussitôt tous les enfans les entourent; s'ils s'arrêtent, les voilà qui se font enfans pour participer à leurs jeux ; ces hommes, sevrés des plaisirs de la famille, saisissent la moindre occasion qui se présente de les goûter. La vue de ces scènes, souvent reproduites, resserre les liens de sympathie qui existent entre les membres d'une même nation destinés à des travaux différens, mais les uns comme les autres indispensables à l'existence de la société.

Trois tableaux de M. Bellangé ont enrichi notre Salon, ce sont: No 10, Halte militaire; n° 11, Soldat allumant sa pipe à la porte d'une auberge; no 12, Soldat jouant avec une petite fille. Essayons-en la description.

Halte militaire.

(N° 10 '.)

Cabaret de village sur le bord de la route, une belle chaumière couronnée d'un bouquet de verdure. Des

'Hauteur, mètre 0,97; largeur, mètre 1,50.

militaires de différens corps s'y arrêtent un moment pour boire et se reposer. Quatre cavaliers et trois fantassins sont devant la porte; un cuirassier est descendu de sa monture, que tient par la bride le paysan debout sur le seuil; un hussard vient d'allumer sa pipe, et deux chasseurs sont, comme lui, restés en selle. Un grenadier de la vieille garde, grognard richement chevronné, à la moustache martiale, est assis sur le bord du chemin : son excellente mine a attiré autour de lui la plus grande partie des enfans de la chaumière. Un tout jeune bambin en chemise joue à ses pieds avec son bonnet à poil; un autre, d'un an ou deux plus âgé, a grimpé derrière lui sur son sac et joue avec la queue de l'ancien, qui, ayant tiré un moment son brûlegueule, donne la main à une petite fille de 10 à 12 ans, debout devant lui, et à qui sans doute il propose un bon gros baiser paternel, car il ne peut pas y avoir d'autres sentimens entre ces deux personnages-là. La petite fille se tient droite comme un piquet, et considère le troupier avec une confiante assurance, qui caractérise bien l'innocence de son âge; auprès d'elle, un chien assis regarde aussi le militaire. A gauche, deux gamins se disputent le fusil du grenadier : l'un d'eux s'en est emparé, et s'y attache de ses deux bras; l'autre s'apprête à le lui faire lâcher, au moyen d'une rude taloche

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