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JACQUES VAN GINGELEN.

M. Van Gingelen est une des innombrables nacelles accrochées, en France et en Belgique, aux remorqueurs d'Isabey et de Gudin, et qui ont vingt fois pensé chavirer, en voulant suivre ces fins voiliers. On a souvent signalé au jeune peintre le danger auquel il s'exposait par cette imitation servile. Il ne paraît pas que ces avertissemens aient eu une grande influence sur la direction qu'il a continué à donner à son talent. Cependant nous aimons à reconnaître que l'un des quatre tableaux qu'il a exposés cette année, mérite de faire l'objet d'une honorable exception.

Nous offrons à nos lecteurs la lithographie du paysage, no 508, parce que c'est un morceau qui constatera

l'entrée de M. Van Gingelen dans une voie meilleure. Nous espérons que le jeune artiste y reconnaîtra l'intention que nous avions de profiter de la première occasion qui se présenterait de l'encourager.

Vue prise dans les Ardennes.

(N° 508 1.)

A gauche, des rochers à pic, rappelant les falaises du Calvados, et couronnés de verdure. Quelques chaumières sont adossées à ces rochers; une rivière, serpentant dans la plaine, en vient, par intervalle, baigner le pied; deux bateaux, placés côte à côte, semblent manquer d'eau et attendre la crue de la rivière pour reprendre leur route. Toute cette partie opposée aux rochers offre l'aspect d'un pays plat et se termine par un lointain fuyant à perte de vue.

On y voit quelques figures sur le devant; une femme montée sur un âne et en conduisant un autre chargé de paniers, d'où sortent des têtes d'agneaux que l'on mène apparemment à la boucherie. Elle semble venir de la ferme dont la porte est ouverte. Une sorte de valet

1 Hauteur, mètre 0,59; largeur, mètre 0,85.

portant un seau de lait, se retourne pour adresser quelques mots à la fermière, avant de rentrer. La partie de gauche, ornée de jolis bouquets d'arbres, parmi lesquels on distingue quelques sapins, est d'un fort agréable aspect; le ciel et le lointain sont aussi délicatement traités. Les figures et les premiers plans ont plus de vigueur et montrent plus d'études que l'on n'en rencontre ordinairement chez M. Van Gingelen. Nous ne le donnons cependant pas encore comme très-achevé.

Le no 511, Côtes d'Angleterre, est d'un effet assez piquant; mais il est peint avec une grande négligence; les roches sont d'une couleur jaune bien uniforme. L'on ne sait si ce que l'on aperçoit à l'horizon figure les voiles d'une flotte, ou si ce sont les tours d'une ville. Les marins et les bâtimens sont à peine ébauchés. Le soleil est voisin de l'horizon. Est-ce un couchant, est-ce un levant? Le ciel nous a paru trop froid et trop peu coloré pour l'un comme pour l'autre de ces momens.

Les deux autres marines, no 509 et 510, sont des erreurs qui feraient beaucoup de tort à l'artiste si elles se reproduisaient souvent.

Nous désirons que M. Van Gingelen apprécie l'intention de notre critique, et qu'il n'y voie aucune malveillance; s'il n'avait pas fait le n° 508, nous l'aurions passé sous silence.

TH. FOURMOIS.

Avant de s'essayer dans la peinture à l'huile, M. Fourmois s'était fait avantageusement connaître par de jolies aquarelles et par des lithographies.

Le Site pris dans les Ardennes, qu'il a exposé cette année, répond bien à l'attente qu'on avait pu concevoir de ses heureuses dispositions. Ce tableau se distingue par une grande vigueur de coloris et de faire. Il s'y trouve peut-être des tons un peu outrés et durs, le feuillé peut en paraître lourd et opaque, par l'abus de l'empâtement de la couleur; mais il y a là une grande puissance de lumière. Les premiers plans offrent de jolis détails, la fabrique et le moulin à eau sont d'un agréable aspect, l'ensemble du sujet est bien disposé.

M. Fourmois a beaucoup de dispositions naturelles; l'étude les fera fructifier: nous ne doutons pas de ses succès futurs.

FRANCIA.

Ce peintre nous a présenté quatre tableaux à l'huile et cinq aquarelles, tous sujets de marines. Quoique les premiers ne soient pas sans mérite, nous préférons les dernières, elles témoignent de plus d'habitude.

Nous avons toutefois des éloges à donner au no 186, Naufrage sur la côte de Boulogne. Un brick, qui a déjà perdu son grand mât, est jeté à la côte par une forte lame qui le soulève et le découvre jusqu'à la quille. Une partie de l'équipage se sauve dans la chaloupe, quelques matelots à la nage s'accrochent au mât flottant sur les vagues avec ses huniers. Il y a peut-être un peu d'exagération dans l'effet lumineux jeté au milieu du tableau. Les bâtimens et les figures sont d'un bon dessin et d'une touche ferme.

Le no 188, Bateaux pécheurs à Dieppe, est moins

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