regardez avec attention : le terrain se développe devant vos pas, vous n'avez qu'à y mettre les pieds, l'horizon s'étend, les arbres s'éloignent et se placent à leurs plans, pour vous laisser pénétrer sous leur ombre, où l'air circule, où quelque rayon de soleil perce et vient se jouer dans la vapeur. De tous les tableaux du Salon, celui dont nous nous occupons est sans contredit le plus vrai; la nature y est saisie avec un bonheur unique, et exprimée avec un sentiment profond.

Après vous être laissé impressionner par l'effet d'ensemble de ce tableau, venez-en aux détails de l'exécution. Quelle étude consciencieuse dans chaque partie du tableau! Avec quelle habileté sont modelés les arbres du premier plan! Comme, sans papillotage, l'artiste en a varié et détaillé le feuillé.

Voyez avec quel soin il a rendu les plantes qui croissent à la surface de la terre, comme elles sont gracieusement arrangées, et comme elles restent naturelles. Peut-on mettre à la fois plus de fini et de vigueur dans des troncs d'arbres? L'air, le soleil, le brouillard, se partageant l'espace, y ont bien chacun leur caractère propre. On sent leur influence, comme s'ils vous enveloppaient réellement. Jamais, pensons-nous, le talent de M. Dejonghe ne s'est montré à cette hauteur, quoiqu'il jouisse d'une réputation bien méritée.

Le gouvernement s'est empressé d'acheter ce tableau pour le Musée national : c'est savoir profiter de l'occasion; M. Dejonghe pourra faire encore aussi bien, il est peu probable qu'il fasse jamais mieux.

M. Eugène Verboeckhoven, l'ami de M. Dejonghe, va placer quelques figures dans le tableau dont nous venons de parler; la lithographie que nous en donnons contient déjà ces additions que le crayon habile de notre peintre d'animaux a bien voulu y dessiner.

OTTEVAERE.

Approche d'un orage.-Animaux.

(N° 591 1.)

Cet artiste belge s'est, depuis plusieurs années, fait remarquer à Paris, où il est actuellement fixé. Nous avons été plusieurs fois à même d'apprécier son talent. Élève, comme M. Werwée, de Verboeckhoven, il a pris une manière originale qui s'éloigne de celle de son maître, aussi bien pour la composition que pour l'exécution. Leurs procédés ne se ressemblent nullement leurs qualités ne sont pas de même nature. Le seul paysage que M. Ottevaere nous ait montré cette année se distingue par un faire habile et nerveux, une couleur riche autant que puissante. Le ciel est superbe d'orage

Hauteur, mètre 0,80; largeur, mètre 1,17.