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délicats et dont le mérite réside dans l'harmonie des

nuances.

Sur les pas de Mlle Évrard, se montre Mlle Mercier. Cette jeune personne a déjà fait d'immenses progrès. Elle a beaucoup de vigueur dans le faire, sa couleur est brillante. Son Gibier mort, no 348, est le meilleur tableau de ce genre que possède le Salon. Les fruits qui l'accompagnent sont bien peints aussi. Sa Corbeille de fleurs, no 349, est d'un bel effet, la composition en est gracieuse.

MMmes Chatillon, Morren-Delvaux et Vervloet, ont droit aux éloges, pour les jolis ouvrages qu'elles ont produits cette année.

Les deux tableaux de M. Eliaerts sont fort remarquables. Les fleurs en sont d'un excellent choix, parfaitement dessinées et peintes avec une grande habileté. Les roses jaunes du Bouquet, no 169, les auricules et les capucines sont à la fois vraies et délicatement rendues. La composition est élégante, le vase est de très-bon goût. Nous voudrions un peu moins de sécheresse dans les contours, et un effet moins éparpillé.

M. Scaron ne nous a pas paru, cette année, à la hauteur de son propre talent; nous n'avons pas retrouvé dans son Bouquet, no 415, les qualités que nous avions admirées dans d'autres productions du même artiste. Il

est sec de contours, et manque de moelleux. Toutefois l'exécution partielle de ses fleurs est extrêmement remarquable.

M. Charette a mis beaucoup d'habileté dans son grand Bouquet peint à l'aquarelle, sur fond blanc. Tout l'effet qu'il aurait dû retirer de sa touche délicate est détruit par le manque d'harmonie. Un aussi grand bouquet ne pouvait en avoir en se découpant ainsi sur un fond blanc.

MINIATURES.

Ce genre est peu cultivé chez nous, eu égard aux progrès que fait la peinture à l'huile. La miniature est extrêmement restreinte dans ses moyens la finesse d'exécution qu'elle exige suppose un travail matériel minutieux qui semble exclure l'imagination. Il est rare qu'un peintre en miniature songe à donner à son ouvrage un effet autre que celui qui résulte du fini des détails. C'est surtout ce qui a jeté de la défaveur sur ce genre, auquel les Isabey, les Augustin, les Autissier et Mme de Mirbel ont cependant donné un certain lustre dans ces derniers temps.

Cette peinture convient encore beaucoup aux dames, à cause de la dimension des ouvrages et de la propreté des objets qu'on y emploie.

La plupart des peintres en miniature ont une manière toute conventionnelle de copier leur modèle. Il en est dont tous les portraits se ressemblent, à qui l'on pourrait se borner de dire : « Faites-moi une jeune blonde ou une jeune brune ; » les tons des chairs sont toujours les mêmes et presque toujours aussi peu naturels dans l'un que dans l'autre portrait. En général, les personnes qui se font peindre ainsi ne sont pas fâchées d'être flattées; on fait faire son portrait pour le donner comme souvenir ; dès qu'il y a quelque ressemblance, tous les petits mensonges accessoires sont très-bien venus. C'est pour cette raison que ce genre est resté faux presque partout.

Parmi les artistes qui ont exposé des miniatures, il en est plusieurs qui y ont réussi sous plus d'un rapport. Mile Amélie Van Assche se distingue par des couleurs fraîches et un grand fini d'exécution. Elle a exposé un eadre renfermant des portraits dont quelques-uns offrent une grande ressemblance, et dont, à la première nous avons reconnu les originaux. Cette dame se distingue encore par le bon goût des ajustemens et des fonds.

vue,

MM. Johns et Ducaju soutiennent leur réputation.

M. Van Acker, de Bruges, s'en fait ici une belle. Cet artiste, très-connu dans les Flandres, a été chargé de peindre les portraits du prince de Portugal et

du duc Ferdinand de Saxe-Cobourg, ouvrages qui lui ont valu des éloges mérités. Ce qu'il a exposé au Salon fait infiniment d'honneur à son talent.

Mais celui de tous qui nous paraît être dans la meilleure voie, c'est le jeune Édouard de Latour. Cet artiste cherche à se rapprocher de la nature et à ôter à son genre ce qu'il a ordinairement de faux. Nous citerons particulièrement son Jeune musicien, petit tableau où il y a un joli effet, et son propre Portrait, grande miniature très-finie, et pourtant d'une touche large et ferme. Ce dernier morceau présente des détails de modelé fort remarquables et d'une couleur très-vraie. Sa Jeune Chinoise est encore d'un fort agréable travail.

Les portraits à la mine de plomb et à l'aquarelle, du même, ne nous plaisent pas autant; ils sont trop symétriquement dessinés, on n'y trouve pas assez de fermeté et de premier jet : cela tient sans doute aux habitudes de son genre. Nous conseillons à M. de Latour de s'étudier à donner de l'effet à ses portraits, c'est là particulièrement ce qui leur manque. Quand nous parlons d'effet, nous n'entendons toutefois des effets simples

et naturels.

que

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