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Celui qui sait copier avec cette intelligence et ce sentiment est capable de faire par lui-même de fort bons ouvrages. M. Lauters a prouvé déjà l'habileté de son crayon comme lithographe, et de son pinceau comme aquarelliste.

La copie d'après Rubens, dont nous venons de parler, est une des réductions exécutées pour le grand ouvrage de lithographie que se propose de publier M. DewasmePletinckx, sous le titre de OEUVRE DE RUBENS.

On a pu voir à l'Exposition une planche, no 589 du Catalogue, dessinée sur pierre par M. Lauters d'après son aquarelle, et qui fera partie de l'ouvrage.

Nous devons toutefois faire remarquer aux connaisseurs que le désir d'en voir figurer une épreuve au Salon a fait mettre un peu de précipitation dans ce premier tirage. Certaines parties faibles prendront de la vigueur, et celles que l'on peut encore trouver opaques gagneront de la transparence, par le fait seul de l'impression confiée à d'habiles ouvriers.

BAUGNIET.

Ce jeune artiste est en possession de lithographier le portrait. Il a déjà acquis dans ce genre une habileté remarquable. Sa manière est originale. Il rend les physionomies avec vérité, et saisit parfaitement le caractère saillant de chacun. Les nombreux portraits exposés dans les deux cadres, no 8 et 9, ont fourni à chacun l'occasion de juger du mérite du dessinateur; dans ce nombre, il en est toujours un ou deux dont on connaît l'original. M. Baugniet a reproduit les traits de tous les hommes un peu en évidence en Belgique. Indépendamment de sa Collection des portraits des membres de la chambre des Représentans, collection déjà fort avancée, il a dessiné les principaux artistes, les peintres, les musiciens,

les hommes de lettres de notre pays, et toutes ces figures sont à la fois ressemblantes et artistement posées.

M. Baugniet a une belle carrière devant lui, surtout s'il continue à traiter l'art en artiste plutôt qu'en marchand. L'Exposition était fermée lorsque parurent les beaux portraits de MM. Dekeyser et Gallait, dessinés par M. Baugniet. Ce sont bien, à notre avis, les meilleurs ouvrages de l'artiste ; ils sont faits avec sentiment, et joignent à une ressemblance frappante un mérite de composition extrêmement remarquable.

GUSTAVE SIMONEAU.

Ce jeune dessinateur s'entend admirablement à rendre, avec le crayon lithographique, l'architecture des anciennes cathédrales du moyen âge. Celle de Reims a été exécutée par lui avec autant de délicatesse que de vigueur. M. Simoneau a bien compris cette architecture, les effets de ses masses, les effets de ses détails, aussi les reproduit-il avec leur caractère de grandeur et d'élégance, de sentiment et de majesté. Il a l'art de distribuer ses ombres et sa lumière sur toutes ces surfaces, sur ces profils si pittoresques. Dans ce genre, il ne nous paraît pas avoir de rival chez nous.

Ce qui, dans M. Simoneau, mérite les plus grands éloges, c'est sa constance, sa persévérance d'artiste; il

ne se laisse arrêter par aucun obstacle. Il a le triple courage et le triple mérite de dessiner d'après nature, de transporter ses dessins sur la pierre avec le crayon lithographique, et enfin de les imprimer lui-même.

Son caractère personnel est digne en tout point de son beau talent : il joint à sa supériorité incontestable une modestie peu commune.

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