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J. FORSTER.

Parmi les gravures exposées au Salon, nous n'avons trouvé de vraiment remarquable que La Vierge au bas-relief, de Léonard de Vinci, gravée par M. J. Forster, de Paris. Cette production serait de nature à faire revenir de l'opinion, si générale, que la lithographie a rendu impossible les grands succès en gravure. Certes, le nombre des graveurs a diminué, mais les amateurs savent toujours distinguer le vrai mérite. Et l'homme qui possède un talent réel est sûr de rendre la place qui lui appartient au genre qu'il cultive. La lithographie ne doit point détrôner la gravure; ces deux arts doivent se partager l'empire: il reste à chacun d'eux une assez belle part. Quel amateur, en voyant l'ouvrage de M. For

ster, regrettera le temps, les veilles consumées pour atteindre à cette perfection? Quel amateur, en voyant les scènes que M. Madou dessine si spirituellement sur la pierre, pourra regretter qu'il n'ait pas employé le cuivre et le burin? Désormais la lithographie a acquis son droit de cité dans le domaine des arts; mais elle n'y a pris la place d'aucun autre. Le champ de l'imagination est assez vaste, il y a place pour tous les genres. La discussion ne peut s'établir qu'à l'égard des productions médiocres de l'un ou l'autre procédé. Ainsi l'on pourra dire, j'aime mieux tel tableau lithographié que tel autre gravé, ou l'inverse; mais ces jugemens ne décident

deux arts.

pas entre les

gravure

Malgré l'introduction de la lithographie, la est et sera toujours utile, ne fût-ce que pour l'industrie, qui doit avoir si souvent recours à elle. Bien plus, il est certains ouvrages pour lesquels la lithographie ne remplacera jamais la gravure. Laissons-les donc se partager l'empire et marcher à de nouveaux progrès, en se prêtant un mutuel appui.

Et commençons par admirer le beau travail de M. Forster. Toute la grâce, toute la suavité, toute la noblesse qu'il fallait pour traduire dignement Léonard de Vinci, le plus gracieux et le plus suave des peintres de cette Italie, si renommée pour ces qualités, le graveur a

prouvé qu'il les possédait. Son dessin, la base de cet art, est correct; son burin est ferme, varié et soutenu : il circule mollement sur toutes les surfaces, dont il accuse le modelé sans effort et sans afféterie. La vigueur se joint ici au fini pour produire l'effet le plus flatteur.

GRAVURE SUR BOIS ET A L'AQUATINTE.

La gravure sur bois, qui a été remise en honneur dans ces derniers temps, et qui fait, en France et en Angleterre, de si rapides progrès, reprendra bientôt, nous n'en doutons pas, son rang parmi les arts cultivés en Belgique. L'Exposition n'offrait, dans ce genre, que les productions de deux artistes dont on puisse parler avec avantage. M. Elwall, et M. Bougon, professeur à l'École royale de gravure de Bruxelles.

Nous attendons avec confiance les résultats de cette utile institution. Créée à peine depuis trois mois, elle a déjà exécuté les planches de ce Compte-Rendu. Que ne fera-t-elle pas avec la salutaire impulsion qu'elle reçoit, quand le temps aura développé les germes de talent qu'elle renferme?

Une gravure à l'aquatinte, exécutée par M. Lhérie, d'après le Bourgmestre de Leyde de M. Wappers, est le seul ouvrage remarquable dans ce genre que possède le Salon. Elle a déjà figuré cette année à l'Exposition de Liége et à celle de Paris, pensons-nous. M. Lhérie a bien rendu l'effet général du tableau.

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