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Derrière le comte, le geôlier, qui vient d'ouvrir la porte, et deux gardes, qui se montrent dans un corridor éclairé d'une large fenêtre, contemplent attentivement cette scène muette.

Il y a, dans ce tableau, assez de qualités solides, pour que nous ne nous arrêtions pas à quelques critiques de détails, que réclameraient certaines parties de l'exécution.

Les têtes sont bien peintes et expriment avec justesse le sentiment de la situation; l'évêque est posé avec aisance. Il est fâcheux que ce ne soit point le portrait historique de Rithoff, lequel a été conservé. Il y a dans ses yeux baissés et dans sa tête penchée une onction et une compassion vraies, mêlées à une résignation qui tient du ciel.

Les trois personnages du fond ont bien aussi le caractère qui leur convient.

En résumé, ce tableau est un de ceux qui font concevoir le plus d'espérances. Il est d'une bonne école pour le dessin et pour le coloris. L'auteur est jeune ; nous comptons sur ses succès futurs.

Les Wappers, les Dekeyser, les Gallait auront en lui un digne émule.

Nous l'attendons à la prochaine Exposition.

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PH. KREMER.

Lumey, comte de la Marck, chez le vieux seigneur Landas, procureur du comte d'Egmont, assiste à l'exécution de cette noble victime et jure de venger sa mort sur les Espagnols. No 288 '.

Tel est le sujet choisi par M. Kremer, sujet national aussi. Admettons sa donnée et ne lui demandons pas pourquoi il n'en a pas choisi une autre. Voyons s'il a rempli la tâche qu'il s'est proposée.

La scène se passe dans une maison dont la fenêtre ouvre sur la Grand'Place de Bruxelles, où l'exécution a lieu. Toute la famille du seigneur Landas est réunie.

C'est d'abord le vieillard enveloppé d'un grand manteau rouge, assis dans un fauteuil où se réfugie un jeune enfant, effrayé de ce qu'il vient de voir. Une femme âgée est à genoux devant un crucifix, près duquel brûle une

1 Hauteur, mètre 1,70, largeur 2,10.

lampe; une jeune fille tombe à la renverse auprès de son vieux père qui cherche à la soutenir; devant la croisée, un personnage, à genoux et appuyé sur le balcon, regarde le bourreau qui tient et montre au peuple la tête sanglante; près de lui, une jeune femme, qui n'a pu soutenir cette vue, est tombée évanouie sur le carreau ; un autre personnage ferme la fenêtre et tire un rideau pour cacherce hideux spectacle. Enfin, au fond de la chambre, un vieux seigneur voile le buste du comte d'Egmont. Tels sont les accessoires. Lumey, comte de la Marck, est debout, tournant le dos à la fenêtre, mais regardant vers l'échafaud, au moment où il profère son serment.

Si le dessin de ce tableau laisse souvent à désirer, particulièrement dans le bras de la jeune fille, évidemment trop court, et dans le personnage qui regarde par la fenêtre, — figure dont la taille serait énorme, si elle se levait sur ses pieds, il est composé avec sentiment, disposé avec entente, le coloris en est sage et harmonieux, les détails en sont extrêmement soignés.

Le vieillard, dans le fauteuil, est d'une grande vérité de pose et d'expression; la jeune fille qui se renverse, montre le profil le plus délicat. La vieille femme agenouillée est parfaite. Celui qui voile le buste du comte d'Egmont est une de ces belles têtes comme en présentent les portraits de Van Dyck. Toutefois, nous ne pen

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