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Sculpté par Jehotte

École Royale de Gravure, à Bruxelles

Grave par Billon

L. JEHOTTE.

Pendant qu'il se contentait d'exposer quelques bustes au Salon, M. Jehotte ouvrait au public son atelier où des ouvrages plus importans étaient étalés: nous ne pouvons, dans notre Compte-rendu, séparer ces deux exhibitions; elles se lient si intimement par la nature des objets qu'elles contiennent, qu'en parlant de l'une, nous serons amené à parler de l'autre.

Les ouvrages de M. Jehotte, que les amateurs ont pu voir cette année sont : une partie du monument de feu l'archevêque de Malines, le prince de Méan; le modèle en plâtre d'une madone, grandeur naturelle ; un modèle en plâtre aussi de grandeur naturelle, représentant une baigneuse ; ces objets sont restés dans l'atelier du sculp

teur. Au Salon, nous avons vu le buste en marbre du général Desprez, un buste d'enfant et un buste de madone, étude pour servir à l'exécution de la Vierge en pied dont nous allons parler.

Le monument de l'archevêque de Malines est composé de deux figures. Le prélat, en habits pontificaux, à genoux, est en prière. Le génie de la vie éternelle vient lui annoncer l'ordre du Très-Haut qui l'appelle. Ces mots de l'oraison dominicale: FIAT VOLUNTAS TUA, gravés sur le marbre au-dessus des figures, expliquent le sentiment que le sculpteur a d'ailleurs fort bien exprimé dans les traits de l'archevêque.

Quoique cet ouvrage se recommande, dès à présent, par des qualités solides, nous remettons notre jugement au moment où il aura été placé dans la cathédrale de Malines, et où nous pourrons en apprécier l'ensemble.

La madone.

L'épopée homérique ou payenne, exploitée avec tant de supériorité dans les beaux temps de la Grèce et de Rome, par les arts et par les lettres, fit encore, à l'époque de la renaissance, une belle part à quelques génies privilégiés qui trouvèrent à glaner dans ce vaste

champ. La veine est-elle épuisée? faut-il en chercher une autre? l'épopée biblique et chrétienne doit-elle, comme au moyen âge, inspirer exclusivement tous les arts? doit-elle, à elle seule, fournir des sujets à la poésie, à la peinture, à la statuaire? Est-ce d'une grande synthèse humanitaire que doivent découler, comme d'une source féconde, les prodiges que certaines doctrines entrevoient dans l'avenir? Toutes ces questions ont fourni de brillans développemens à des écrivains qui se sont donné la mission de relier tous les arts par une pensée commune: grande et féconde entreprise qui ne nous paraît présenter qu'une difficulté sérieuse, celle d'être impraticable de nos jours. Malgré les nombreuses tentatives qui ont été faites pour changer la direction des idées, il est évident que notre siècle est encore une époque d'analyse. Il n'appartient pas aux arts de changer un ordre social: c'est à eux au contraire de recevoir l'impulsion des mœurs et de la civilisation générale dont ils sont comme le miroir. Ils peuvent bien les modifier accidentellement; mais ils sont impuissans à opérer une révolution. Que les arts donc continuent à être l'expression de la civilisation actuelle ; c'est-à-dire, qu'ils soient comme nos mœurs, un mélange de tous les temps et de toutes les localités. Aujourd'hui que rien n'est admis, que rien n'est rejeté d'une manière absolue,

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