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sons pas que l'idée de voiler cette tête de marbre, au moment même où celle du comte vient de tomber, soit bien convenable. Nous la trouvons plus théâtrale que naturelle.

Le comte de la Marck, le personnage principal de cette scène, est dessiné avec talent, son costume est d'une rigoureuse exactitude, sa figure et son geste sont d'une grande énergie. La femme évanouie est bien jetée sur le sol: comme la pâleur a décoloré ses joues et ses lèvres! Tous les accessoires de meubles et d'ornemens sont peints avec goût et savoir.

On regrette seulement que l'auteur, qui a fait de l'exécution du comte une circonstance du sujet et non le sujet lui-même, ait montré ce supplice aussi entièrement. Cette vaste fenêtre, ouverte sur la place, laisse trop voir ce qui ne devrait se signaler que d'une manière fortuite, pour ne pas absorber toute l'attention. Il est certain que l'esprit, sollicité à la fois par la scène qui se passe sur la place et par celle qui a lieu dans la chambre, se tournera naturellement vers la plus terrible et la plus intéressante, surtout si elle est rendue avec autant de détails. Nous ne pensons pas d'ailleurs que les règles d'une sévère perspective justifiassent le dessin de M. Kremer, en ce qui concerne la vue que l'on aperçoit par la fenêtre.

Quoi qu'il en soit de cette observation, le tableau de M. Kremer est le meilleur que nous ayons vu de lui. Il atteste un progrès très-sensible. Peu de nos peintres ont une touche aussi délicate, une couleur aussi solide, aussi transparente. Il n'en est pas qui traitassent mieux les détails d'ameublement et les étoffes.

Le principal mérite de ce tableau réside dans la vigueur et la solidité du coloris, dans la sagesse et la sobriété d'effet. M. Kremer ne cherche point les oppositions forcées, il n'abuse point des reflets, qu'il ménage, pour ne les employer qu'à propos. Il rend ses ombres transparentes, et distribue heureusement sa lumière. Il possède enfin, à notre avis, le plus beau pinceau de toute l'école anversois eactuelle.

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M. GÉNISSON.

La Belgique est une des contrées de l'Europe qui offre le plus de variété à l'œil de l'observateur attentif; longtemps nous n'avons pas paru nous douter de tant de richesses répandues sur notre sol. Aujourd'hui nous reconnaissons, comme les étrangers eux-mêmes, que les environs de Liége, le cours de la Meuse, de la Sambre, entre leurs belles chaînes de montagnes, que les bords de l'Ourthe, de la Veșdre, de l'Amblève, ont une nature à part, riante et originale; que la sauvage Ardenne

a plus d'un site pittoresque dont l'art pourrait faire son profit. Les imposantes ruines des abbayes de Villers et d'Aulne, les masses orgueilleuses et féodales du château de Gaesbeek, les profondes et mystérieuses galeries des grottes du Han, de Freyr et de Rémouchamps, méritent d'être chantées sur la lyre et reproduites sur la

toile.

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