sieurs des ouvrages du grand statuaire. Il a un ciseau délicat,

Sa jeune fille, et le Ganimède de son maître, qu'il a réduit, sont arrivés vers la fin de l'Exposition et n'ont été vus par le public que pendant quelques jours.

VAN GHEEL.

La statue colossale du prince Charles de Lorraine, placée au bas de l'escalier du Musée, contre l'Hercule de Delvaux, faisait de cette dernière une statue lilliputienne, bien qu'elle soit plus grande que nature. Mais si la première a de l'avantage sur l'autre, ce n'est que celuides dimensions.

Nous commencerons par reconnaître que l'artiste a été chargé d'une pénible mission. Une statue en bronze du prince Charles existait, avant la révolution brabanconne, sur la Place Royale de Bruxelles, cette statue était d'un travail au-dessous du médiocre ; renversée de son piédestal à l'entrée des Français, en 1794, on eut, en

1834, l'idée de la relever. Le prince, dont un de nos écrivains nationaux a consacré le souvenir par ces vers:

Sous ce Lorrain surtout, peu cité dans l'histoire,
Mais dont Bruxelle encor conserve la mémoire,
Du peuple industrieux la libre activité
Se déployait au sein de la prospérité.

Conņu par ses bienfaits plus que par sa puissance,
Charles semblait offrir à leur reconnaissance
Un père qui, pressé par ses enfans nombreux,
Préside à leurs travaux, ou sourit à leurs jeux.
Mais il mourut. De pleurs ils baignèrent sa cendre;
Hélas! c'étaient les seuls qu'il leur eût fait répandre :
Pleurs éloquens, l'honneur des vertus au cercueil,
Et que ne valent pas les pompes de l'orgueil '.

Ce prince méritait sans doute qu'on lui rendit le monument que l'amour des Belges lui avait élevé.

La statue que l'on voulait rétablir, il convenait de la reproduire absolument telle qu'elle avait existé. Ou, si l'on tombait d'accord sur ses nombreuses défectuosités, il fallait ne plus s'occuper de l'ancienne, et en créer une nouvelle, d'après les inspirations d'un habile artiste. La commission chargée de l'examen de cette question en a décidé autrement. Cette commission était cependant composée d'hommes à l'érudition, au goût et aux vastes connaissances de la plupart desquels nous nous empressons de rendre hommage, ce qui ne nous empêchera d'être d'un avis contraire au sien.

pas

1 Philippe Lesbroussart, Les Belges, poëme.

On a beaucoup discuté sur la question de savoir si la statuaire doit reproduire les costumes des époques auxquelles appartiennent les personnages qu'elle est appelée à représenter, ou si l'on doit s'en tenir à un costume de convention, applicable à tous les héros, et ne présentant réellement qu'une compilation, plus ou moins heureuse, du style des Grecs et des Romains.

Quoi qu'on ait pu dire de sensé contre le système de vérité absolue, les exemples qu'on lui oppose ne nous paraissent pas concluans, par la raison que ces exemples sont choisis parmi les médiocrités, qui n'auraient certaicessé de l'être, eussent-elles été exécutées

nement pas

dans le système opposé.

Si l'on voulait de grandes et belles draperies, que ne choisissait-on le costume des chevaliers de la Toisond'Or, ordre dont le prince était décoré.

Nous ignorons si l'intention du gouvernement est de faire couler en bronze la statue exposée par M. Van Gheel; mais nous pouvons prédire que, dans ce cas, ce monument érigé sur la Place Royale, ce premier monument national, ne donnerait pas aux étrangers une haute idée de l'état de la statuaire chez nous.

L'importance de la question générale nous a forcé, dans cet article, à sortir du système de modération que nous nous sommes imposé. L'artiste ne doit point ac

cepter la totalité de nos reproches; nous comprenons toutes les difficultés de sa position, et nous pensons qu'aucun autre n'eût pu s'en tirer plus heureusement qu'il ne l'a fait. Les parties du travail du statuaire qu'il a pu traiter à sa guise, sont d'une exécution fort remarquable, qui justifie la confiance que l'on a placée dans son talent. On a surtout admiré la tête, extrêmement bien modelée, et marquée d'un caractère de grangrandeur et de dignité tout à fait sculptural.