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CHARLES GEERTS.

M. Geerts a exposé un fort beau buste, en marbre, de monseigneur l'archevêque de Malines, et la statue, en plâtre, d'un de nos peintres flamands, Quinten Mesius'.

Le célèbre forgeron d'Anvers, en costume de son temps, est assis sur son enclume: il tient en main un portefeuille sur lequel il va dessiner l'objet qu'il paraît considérer avec attention. Ses jambes, que l'on a trouvées un peu maigres, sont serrées dans un pantalon collant, son bras droit est nu presque jusqu'à la saignée, une manche de chemise couvre le reste; une draperie habilement placée entoure son cou et tombe de son épaule gauche. Il est coiffé d'une barrette, et ses longs

1 Grandeur naturelle.

Sculpté par Ch Geerts

Ecole Royale de Gravure, à Bruxelles

Grave par Vanderhart

cheveux encadrent une figure douce et mélancolique, qui rend fidèlement les traits du peintre.

Quelques reproches que l'on puisse adresser à cet ouvrage, ils ne doivent pas porter sur le système que le sculpteur a choisi. Il a eu raison de tenir à la vérité locale et historique. Le costume qu'il a suivi est certes aussi gracieux que tout costume antique ; il présentait de jolis détails de draperies, et fournissait le moyen de dessiner les formes du corps. Si le statuaire n'a pas encore tiré tout le parti que l'on pouvait attendre de son sujet, il a du moins montré que le sujet ne pourrait que perdre à être traité dans un système différent.

Nous pensons qu'avec de légères modifications, surtout aux jambes réellement un peu trop maigres, M. Geerts fera de sa statue un fort bon ouvrage, digne de figurer dans une galerie, où l'on voudrait placer l'effigie de nos meilleurs artistes anciens.

On pourrait, sans une très-grande dépense, couler cette pièce en fer; ce serait surtout convenable, lorsqu'il s'agit d'un peintre qui d'abord fut forgeron, comme nous l'apprend le vers latin gravé sous son portrait, au portail de Notre-Dame d'Anvers, vis-à-vis de la garniture de puits en fer battu, que le marteau de Mesius exécuta :

Connubialis amor de mulcibre fecit Apellem.

FRANCK.

La sainte Cécile de M. Franck, n'est certainement pas sans mérite, elle se recommande surtout par de la correction de dessin. C'est de la sculpture qui parle peu à l'âme, les draperies sont maniérées, elles manquent de grandeur; elles ont cependant une sorte de grâce mignarde qui choquerait bien moins dans la peinture. Mais c'est toujours la sévérité du genre que les artistes oublient. O sculpteurs! c'est à vous qu'est remise la garde du bon goût; c'est à vous de le conserver intact et pur, à travers les exagérations de la mode; pénétrez-vous bien de la noblesse et de la haute mission de votre art, et n'entreprenez pas à la légère des ouvrages fondés sur des idées éphémères; songez que vous travaillez pour les siècles!

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